Dans le souci de faire du tourisme un moteur de développement économique et social de la Côte d'ivoire, le ministre du Tourisme Charles Aké Atchimon, a initié une tournée du 27 au 31 octobre 2011. Cette visite de terrain qui s'est déroulée en compagnie de notre équipe de reportage nous a conduit ensemble à Daloa, Séguéla et Daoukro en vue d'évaluer l’offre touristique de ces localités de manière à épouser «la vision 2015» du gouvernement qui est d'attirer 500.000 touristes en Côte d'Ivoire.
Partis d’Abidjan le 27 octobre à 9 heures, le ministre et sa suite sont arrivés dans la capitale de la région du Haut Sassandra à 15 heures. Après une pause à l’Hôtel la Grâce où un déjeuner est servi, madame le directeur régional Koné Pélaouotéri présente les potentialités touristiques de Daloa. Il s’agit notamment du centre artisanal, des singes sacrés de Gbétitapéa ; une localité située à 11 Km de Daloa. Des singes sacrés dans une forêt primaire qui incarnent les ancêtres. Selon la légende, ces singes font partie intégrante de la vie du village. Ensuite, les grottes mystiques de Zébra, la résidence Béhi et surtout la roche éléphant du village de Brizéboua qui est situé à 8 Km sur l’axe Daloa – Vavoua. ‘’Il s’agit d’un éléphant abattu par un chasseur. Par la suite, le pachyderme s’est transformé en roche au moment où le chasseur était allé chercher du renfort pour l’aider à dépecer son gibier. Si ce site est une offre touristique, il faut dire qu’il ne peut être visité par les étrangers et les femmes ; pour la simple raison que les dépositaires de la tradition demandent à la direction régionale du Tourisme, des sacrifices à faire. Un poulet, un mouton, 7 bouteilles de vin rouge…afin de lever les interdits’’, rappelle madame Pélaouotéri, qui fait l’état des lieux dans sa sphère d’influence. A l’en croire, la crise a eu beaucoup d’impact sur l’activité touristique dans sa région. Car, beaucoup de sites ont été pillés. A Bouaflé, selon elle, le parc national de la Marahoué est en souffrance. A Issia, deux établissements sont actuellement occupés par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI). Idem à Gagnoa où certains sites ont été occupés suite à l'offensive des FRCI, avant d’être libérés, selon elle, sur intervention des autorités compétentes. Dans le département de Daloa, tout a été libéré mais il reste des séquelles. ‘’L’hôtel les Ambassadeurs a été occupé par des miliciens qui l’ont pillé’’, confié-t-elle. Une visite guidée des lieux permet à notre équipe de reportage de mesurer l’ampleur des dégâts. Avalée par la broussaille, la piscine est devenue l’habitat des batraciens qui y règnent en monarques incontestés. En témoigne le concert de croassements qui accueille le visiteur. La vitrerie du bâtiment a volé en éclats quand les sanitaires, le mobilier et autres objets d’art ont été emportés. ''J'ai pu récupérer quelques objets d'art abandonnés qui n'ont pas subi de grand dommage'', témoigne madame le directeur régional du Tourisme.
Les ex-Sietho bientôt repris
Bref, pour le président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière, section du Haut Sassandra, M. Kokora, depuis l'éclatement de la crise armée en septembre 2002, cette région est devenue une zone à risque à cause de sa position de ligne de front. Résultat, le secteur du tourisme est sinistré. C’est pourquoi les professionnels du secteur hôtelier ont plaidé non seulement pour la réhabilitation de l’hôtel «les Ambassadeurs» (ex-Sietho), mais aussi ont milité pour la suppression de certaines taxes, pour bénéficier de stages de perfectionnement, pour être pris en compte dans le Fonds de développement du tourisme etc. En réaction, le ministre Aké Atchimon indique qu’il entend faire de la cité des Antilopes (Daloa), un pôle touristique de haut niveau. Dans cette perspective, il a en projet la réhabilitation de certains sites. ‘’Je viens d’avoir un promoteur qui veut reprendre tous les hôtels ex-Sietho ; et l’hôtel les Ambassadeurs fait partie de ceux-là’’, a-t-il promis. Après Daloa, notre équipe de reportage s’engage vers 22 heures, aux côtés du cortège du ministre, pour Séguéla situé à 120 Km. Quand nous parvenons dans cette ville au prix de mille efforts compte tenu de la dégradation du tronçon, il est environ 1 heure 30 du matin. Après un petit sommeil réparateur dans nos différents hôtels, notre périple reprend dans la matinée du vendredi 28 octobre 2011. La première étape est marquée par le message du gouvernement lu par le ministre du Tourisme (dans les locaux de l'hôtel «Le Carrefour» qui ouvrait officiellement ses portes), à l'occasion de la journée mondiale du Tourisme. L'après-midi, la délégation rallie le village de Siana, situé à 22 Km de son chef-lieu de département, Séguéla, capitale de la région du Worodougou. Après une demi-dizaine de Km de voie bitumée, notre équipe de reportage engage sur une piste villageoise fortement dégradée. Les pluies ayant creusé des ornières infranchissables, seul les véhicules de type 4X4 peuvent poursuivre la route.
La forêt hantée de Siana
Une fois parvenue à ce village avec tant de peine, notre équipe de reportage visite les fileuses de cotons, les potières et surtout la forêt hantée et la mosquée, véritables attraits touristiques. ‘’Cette mosquée a été construite vers la fin du 18ème siècle par les Bakayokyo de Séguéla et le village de Sylla-Nan (Village de Sylla en langue locale ; Ndlr), ou Siana. Aujourd’hui, elle est une curiosité touristique’’, confie Mory Dosso notre guide du village, avant de nous conduire dans la forêt hantée se trouvant à quelques encablures du village. ‘’Cette forêt hantée existe depuis la nuit des temps. La légende dit que deux frères vivaient dans une coexistence pacifique dans le village de Siana quand le benjamin a excisé ses filles. L’ainé n’ayant pas apprécié cette pratique bien répandue dans la région de Séguéla, a piqué une colère noire. La suite, c’est que toutes les filles excisées dans cette forêt sont mortes et enterrées en ce lieu. Si vous ne le savez pas et que vous y pénétrez, vous les découvrez momifiées’’, poursuit notre guide du jour, avant de faire des doléances au nom de la communauté villageoise. Il s'agit notamment de l’érection de Siana en village touristique. Selon notre guide, une requête a été formulée aux autorités compétentes depuis des années, mais elle a été classée sans suite. Pour le ministre Aké Atchimon, Siana peut développer des produits d'appel. ''Le tourisme est un sujet de curiosité. Le fait que la forêt soit hantée, peut susciter la curiosité des touristes'', s'est-il convaincu, avant de rassurer que ce village a besoin d'être aidé par le gouvernement. Après 72 heures passées dans la capitale du Worodougou (Séguéla), la délégation ministérielle a regagné Daoukro dans la soirée du dimanche 30 octobre 2011. Tôt le lendemain matin, le ministre du Tourisme a visité, en compagnie de notre équipe de reportage, l’hôtel de la Paix et le Centre d’application des métiers du tourisme et de l’hôtellerie de Daoukro. Sur place, le ministre fait l'état des lieux de l'Hôtel de la paix, un joyau architectural qui a été mis en lambeaux pendant les crises successives qu'a connues la Côte d'Ivoire. Singulièrement le palais des congrès aujourd'hui en ruine et qui doit mobiliser la somme de 2 milliards de fcfa pour sa réhabilitation. Tout en promettant au terme de ce périple de 5 jours que les différentes doléances posées seront examinées au cours des prochaines semaines par les services techniques de son ministère, le premier responsable du Tourisme en Côte d'Ivoire, Charles Aké Atchimon, a fait connaître les ambitions du gouvernement pour la promotion du tourisme en Côte d’Ivoire. A savoir, la construction de 10 à 15 hôtels de standing international et un pari ambitieux de 500.000 touristes à l’horizon 2015. ‘’Il nous faut faire de notre pays une destination attractive’’, a-t-il indiqué, non sans inviter les populations à prendre le tourisme comme un instrument de cohésion sociale.
G. DE GNAMIEN
(Envoyé spécial à Daloa, Séguéla et Daoukro)
Partis d’Abidjan le 27 octobre à 9 heures, le ministre et sa suite sont arrivés dans la capitale de la région du Haut Sassandra à 15 heures. Après une pause à l’Hôtel la Grâce où un déjeuner est servi, madame le directeur régional Koné Pélaouotéri présente les potentialités touristiques de Daloa. Il s’agit notamment du centre artisanal, des singes sacrés de Gbétitapéa ; une localité située à 11 Km de Daloa. Des singes sacrés dans une forêt primaire qui incarnent les ancêtres. Selon la légende, ces singes font partie intégrante de la vie du village. Ensuite, les grottes mystiques de Zébra, la résidence Béhi et surtout la roche éléphant du village de Brizéboua qui est situé à 8 Km sur l’axe Daloa – Vavoua. ‘’Il s’agit d’un éléphant abattu par un chasseur. Par la suite, le pachyderme s’est transformé en roche au moment où le chasseur était allé chercher du renfort pour l’aider à dépecer son gibier. Si ce site est une offre touristique, il faut dire qu’il ne peut être visité par les étrangers et les femmes ; pour la simple raison que les dépositaires de la tradition demandent à la direction régionale du Tourisme, des sacrifices à faire. Un poulet, un mouton, 7 bouteilles de vin rouge…afin de lever les interdits’’, rappelle madame Pélaouotéri, qui fait l’état des lieux dans sa sphère d’influence. A l’en croire, la crise a eu beaucoup d’impact sur l’activité touristique dans sa région. Car, beaucoup de sites ont été pillés. A Bouaflé, selon elle, le parc national de la Marahoué est en souffrance. A Issia, deux établissements sont actuellement occupés par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI). Idem à Gagnoa où certains sites ont été occupés suite à l'offensive des FRCI, avant d’être libérés, selon elle, sur intervention des autorités compétentes. Dans le département de Daloa, tout a été libéré mais il reste des séquelles. ‘’L’hôtel les Ambassadeurs a été occupé par des miliciens qui l’ont pillé’’, confié-t-elle. Une visite guidée des lieux permet à notre équipe de reportage de mesurer l’ampleur des dégâts. Avalée par la broussaille, la piscine est devenue l’habitat des batraciens qui y règnent en monarques incontestés. En témoigne le concert de croassements qui accueille le visiteur. La vitrerie du bâtiment a volé en éclats quand les sanitaires, le mobilier et autres objets d’art ont été emportés. ''J'ai pu récupérer quelques objets d'art abandonnés qui n'ont pas subi de grand dommage'', témoigne madame le directeur régional du Tourisme.
Les ex-Sietho bientôt repris
Bref, pour le président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière, section du Haut Sassandra, M. Kokora, depuis l'éclatement de la crise armée en septembre 2002, cette région est devenue une zone à risque à cause de sa position de ligne de front. Résultat, le secteur du tourisme est sinistré. C’est pourquoi les professionnels du secteur hôtelier ont plaidé non seulement pour la réhabilitation de l’hôtel «les Ambassadeurs» (ex-Sietho), mais aussi ont milité pour la suppression de certaines taxes, pour bénéficier de stages de perfectionnement, pour être pris en compte dans le Fonds de développement du tourisme etc. En réaction, le ministre Aké Atchimon indique qu’il entend faire de la cité des Antilopes (Daloa), un pôle touristique de haut niveau. Dans cette perspective, il a en projet la réhabilitation de certains sites. ‘’Je viens d’avoir un promoteur qui veut reprendre tous les hôtels ex-Sietho ; et l’hôtel les Ambassadeurs fait partie de ceux-là’’, a-t-il promis. Après Daloa, notre équipe de reportage s’engage vers 22 heures, aux côtés du cortège du ministre, pour Séguéla situé à 120 Km. Quand nous parvenons dans cette ville au prix de mille efforts compte tenu de la dégradation du tronçon, il est environ 1 heure 30 du matin. Après un petit sommeil réparateur dans nos différents hôtels, notre périple reprend dans la matinée du vendredi 28 octobre 2011. La première étape est marquée par le message du gouvernement lu par le ministre du Tourisme (dans les locaux de l'hôtel «Le Carrefour» qui ouvrait officiellement ses portes), à l'occasion de la journée mondiale du Tourisme. L'après-midi, la délégation rallie le village de Siana, situé à 22 Km de son chef-lieu de département, Séguéla, capitale de la région du Worodougou. Après une demi-dizaine de Km de voie bitumée, notre équipe de reportage engage sur une piste villageoise fortement dégradée. Les pluies ayant creusé des ornières infranchissables, seul les véhicules de type 4X4 peuvent poursuivre la route.
La forêt hantée de Siana
Une fois parvenue à ce village avec tant de peine, notre équipe de reportage visite les fileuses de cotons, les potières et surtout la forêt hantée et la mosquée, véritables attraits touristiques. ‘’Cette mosquée a été construite vers la fin du 18ème siècle par les Bakayokyo de Séguéla et le village de Sylla-Nan (Village de Sylla en langue locale ; Ndlr), ou Siana. Aujourd’hui, elle est une curiosité touristique’’, confie Mory Dosso notre guide du village, avant de nous conduire dans la forêt hantée se trouvant à quelques encablures du village. ‘’Cette forêt hantée existe depuis la nuit des temps. La légende dit que deux frères vivaient dans une coexistence pacifique dans le village de Siana quand le benjamin a excisé ses filles. L’ainé n’ayant pas apprécié cette pratique bien répandue dans la région de Séguéla, a piqué une colère noire. La suite, c’est que toutes les filles excisées dans cette forêt sont mortes et enterrées en ce lieu. Si vous ne le savez pas et que vous y pénétrez, vous les découvrez momifiées’’, poursuit notre guide du jour, avant de faire des doléances au nom de la communauté villageoise. Il s'agit notamment de l’érection de Siana en village touristique. Selon notre guide, une requête a été formulée aux autorités compétentes depuis des années, mais elle a été classée sans suite. Pour le ministre Aké Atchimon, Siana peut développer des produits d'appel. ''Le tourisme est un sujet de curiosité. Le fait que la forêt soit hantée, peut susciter la curiosité des touristes'', s'est-il convaincu, avant de rassurer que ce village a besoin d'être aidé par le gouvernement. Après 72 heures passées dans la capitale du Worodougou (Séguéla), la délégation ministérielle a regagné Daoukro dans la soirée du dimanche 30 octobre 2011. Tôt le lendemain matin, le ministre du Tourisme a visité, en compagnie de notre équipe de reportage, l’hôtel de la Paix et le Centre d’application des métiers du tourisme et de l’hôtellerie de Daoukro. Sur place, le ministre fait l'état des lieux de l'Hôtel de la paix, un joyau architectural qui a été mis en lambeaux pendant les crises successives qu'a connues la Côte d'Ivoire. Singulièrement le palais des congrès aujourd'hui en ruine et qui doit mobiliser la somme de 2 milliards de fcfa pour sa réhabilitation. Tout en promettant au terme de ce périple de 5 jours que les différentes doléances posées seront examinées au cours des prochaines semaines par les services techniques de son ministère, le premier responsable du Tourisme en Côte d'Ivoire, Charles Aké Atchimon, a fait connaître les ambitions du gouvernement pour la promotion du tourisme en Côte d’Ivoire. A savoir, la construction de 10 à 15 hôtels de standing international et un pari ambitieux de 500.000 touristes à l’horizon 2015. ‘’Il nous faut faire de notre pays une destination attractive’’, a-t-il indiqué, non sans inviter les populations à prendre le tourisme comme un instrument de cohésion sociale.
G. DE GNAMIEN
(Envoyé spécial à Daloa, Séguéla et Daoukro)