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Économie Publié le jeudi 17 novembre 2011 | Nord-Sud

Passerelle Williamsville-Adjamé, route 7ème et 8ème tranche à Cocody, …Routes d’Abidjan : ces projets hors délai

© Nord-Sud Par Emma
Infrastructures: le Président Alassane Ouattara lance les travaux de construction du 3e pont d`Abidjan, le Pont Henri Konan Bedié
Mercredi 7 septembre 2011. Abidjan, Riviera Golf. Le chef de l`Etat, SEM Alassane Ouattara donne le premier coup de pioche du Pont Henri Konan Bedié, en présence du premier ministre Guillaume Soo, de son gouvernement et des représentants du corps diplomatique et des bailleurs de fonds. Photo: le ministre Patrick Achi (G)
A côté des nouveaux projets de voiries, initiés par les autorités, d’anciens chantiers tels que la passerelle Williamsville-Adjamé Bracodi ont du mal à s’achever pour de multiples raisons.


C’est indéniable. La ville d’Abidjan est en pleine métamorphose au niveau de la voirie. La capitale économique est devenue un chantier ouvert comme l’avait promis le chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Terrassement et nivellement de voies, tracé de caniveaux, installation d’ouvrage et pose d’enrobés bitumineux, en lambeaux depuis plusieurs années par un défaut d’en­tre­tien, les routes abidjanaises retrouvent une belle carapace pour le grand bonheur des usagers. Si l’ensemble de ces travaux initiés par les autorités fait partie de nouveaux projets dont un vaste programme de colmatage de nids de poule, malheureusement, des chantiers ayant démarré bien avant ont du mal à s’achever. Parmi ces ouvrages en latence, l’on peut citer la passerelle Willimasville-Adjamé Bracodi. Ce samedi 12 novembre, quelques ouvriers sont visibles de part et d’autre du gros-œuvre dont les travaux ont commencé en novembre 2009.

Des problèmes techniques

Aujourd’hui, il a largement dépassé son délai d’exécution prévu pour un an. Du côté d’Adjamé, la première moitié de la passerelle a pris forme avec la construction des escaliers soutenus par des poutres. L’échafaudage de la fortification qui doit surplomber la voie est à l’étape de coffrage et de ferraillage avant la coulée du béton. Il tient sur 3 des 5 piles (grands piliers) qui vont supporter toute la passerelle. C’est justement pourquoi les employés de l’entreprise Modulus qui exécute les travaux, s’attellent à bien serrer les points de jonction des métaux. A l’opposé dans le sens de Williamsville, un autre groupe d’ouvriers, à l’aide d’une bétonnière, a entamé le dallage de l’escalier qui doit permettre aux riverains d’aller vers la cité commerciale. Des blocs de béton devant servir de caniveaux sont posés çà et là et transformés en lieu de jeux par des badauds. Approché, l’un des techniciens supérieurs du chantier T.K. explique les raisons de la durée des travaux. «Les corrections qui devaient être apportées au niveau des calculs de données par le Bureau national d’études techniques et de développement (Bnetd, le bureau de contrôle) et l’Agence de gestion des routes (Ageroute, le maître d’ouvrage délégué), n’ont pu être coordonnées à temps», fait remarquer le jeune technicien. Selon lui, il fallait vérifier les calculs de données en amont avant d’engager les travaux. «Le bureau de contrôle a donc effectué les calculs nécessaires et les résultats ont été mis à notre disposition. Il faut préciser que ce projet n’a jamais souffert d’un défaut de paiement, c’est seulement un problème technique», soutient-il. Pour lui, l’on ne doit pas également perdre de vue les conséquences de la crise postélectorale qui a fragilisé de nombreux projets. En réaction, l’un des chefs de mission au Bnetd ajoute que le travail devant se faire en ville, a donné lieu à des études d’impact environnemental. Et, à un moment donné, l’on a procédé à la destruction de certaines habitations environnantes. «Tous ces problèmes ont provoqué un décalage», argumente-t-il, en mentionnant aussi, l’impact des grosses pluies qui sont tombées sur la capitale économique. Une météo qui a souvent provoqué le ralentissement ou l’arrêt des travaux. En fonction du niveau du taux d’humidité, l’entreprise peut demander la suspension des délais, comme prévue par les textes. Les populations riveraines bien que saluant la construction de cette passerelle expriment leur impatience quant à la fin des travaux. «On est vraiment très heureux de voir cet ouvrage prendre forme même si le chantier a mis à mal les voies d’accès de nos habitations. Il a trop duré, nous souhaitons qu’il s’achève rapidement parce qu’il y a trop d’accidents sur cette partie de l’autoroute et beaucoup de personnes dont des enfants ont perdu la vie», déplore Soumahoro Djiguiba, couturier et habitant Williamsville. En réalité, c’est un peu pénible pour atteindre le chantier. Puisqu’il faut patienter dans un gros embouteillage (sens Adjamé-Yopougon) du fait de la déviation créée pour assurer la circulation des automobilistes. Deux ouvriers munis chacun d’un panneau mobile facilitent, à leur tour, la traversée aux piétons à travers un couloir ouvert au milieu de la voie. Les atermoiements ont également affecté l’axe devant relier la 7ème à la 8ème tran­ches à Cocody nord.

Les choses vont changer

Ce chantier composé d’une voie d’environ 280 mètres, d’un dalot et d’un canal en amont et en aval a reçu ses premiers coups de pioche en 2009. Avant de suivre une évolution en dents de scie. Trois ans après, les travaux exécutés par la société Ibtp continuent encore avec, cette fois-ci, la mise en place de la plate-forme avant d’attaquer la fondation. Pour cela, les ouvriers arrosent la voie, une niveleuse 815 fait des va-et-vient pour ajuster les parties déformées. L’un des employés soutient que c’est pour des raisons financières que l’entreprise n’a pas respecter les délais. «Nous avons travaillé sur fonds propre jusqu’à essoufflement», regrette-t-il. Toute chose confirmée par le directeur général de l’Ageroute, Bouaké Fofana. Selon lui, c’est pour régler définitivement cette situation que ce projet, préalablement financé par l’Etat, a été inscrit dans le Programme d’urgence d’infrastructures urbaines (Puiur) de la Banque mondiale (lire interview). Ce n’est pas tout. L’échangeur de la Riviera 2 tarde aussi à démarrer. Depuis la construction des voies de contournement qui ont donné un signal fort, les populations attendent le début effectif des travaux. Viennent s’ajouter à ce chantier le prolongement de l’autoroute du nord et le 3ème pont Riviera-Marcory pour lequel le président Ouattara a procédé, il y a quelques mois, à la pose de la première pierre. A quand la fin de ces ouvrages stratégiques et importants pour l’économie nationale ? Le Dg de l’Ageroute, visiblement serein, estime que les choses vont atteindre leur rythme de croisière car l’Etat a désormais les moyens financiers et la pression pour aller très vite en sanctionnant s’il le faut. Les entreprises sont averties !


Patrick Achi : «les responsabilités sont multiples»

Le ministre des Infrastructures économiques met les pieds dans le plat en ce qui concerne le non-respect des délais prescrits dans les marchés publics. Selon Patrick Achi, les responsabilités sont multiples tant du côté de l’administration que des entreprises. «Si l’Etat arrive toujours à mobiliser un peu d’argent, il faut pouvoir le décaisser. Mais, il y a d’autres problèmes : la capacité de l’administration à programmer les travaux, à les suivre, à payer l’avance de démarrage jusqu’à la réception des travaux», a-t-il déploré lundi, à Abidjan, à l’ouverture du séminaire de formation sur la Planification des chantiers, la maîtrise des coûts et des prix et le montage des dossiers d’appels d’offre. C’est une initiative de l’Ageroute qui bénéficie de l’appui technique du Centre pour le développement de l’entreprise (Cde). Pour lui, le sous-équipement et le problème de financement bancaire sont de nature à altérer l’efficacité des entreprises dans l’exécution des marchés. Des obstacles qui font planer des menaces de défauts techniques sur les chantiers de l’Etat. Patrick Achi estime que les entreprises doivent être sous-traitantes de celles qui ont une grande capacité d’absorption des travaux en vue d’arriver à des groupements plus forts. Convaincu qu’il est temps de concentrer les efforts sur la formation, la voie de la compétitivité. «Vous affirmez votre haute conscience des enjeux stratégiques de la formation, au moment où votre secteur d’activité amorce sa nécessaire relance », a souligné le Dg de l’Ageroute, Bouaké Fofana, à l’endroit des entreprises du secteur privé du génie civil. A l’en croire, cette formation subventionnée par l’Union européenne est le fruit de l’adhésion de l’Ageroute au réseau de l’Association africaine des agences d’exécution des travaux d’intérêt public (Africatip). Qui lui a d’ailleurs ouvert l’accès à la maîtrise d’ouvrage déléguée des projets financés par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Au dire de Raymond Adékambi, vice-président d’Africatip, cette rencontre vise à susciter une synergie des expertises des agences nationales et l’optimisation des actions de celles-ci. Il s’agit surtout de favoriser l’accès des agences routières à des sources de financement.

C.C.E.
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