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Politique Publié le mardi 29 novembre 2011 | AFP

Côte d`Ivoire: Laurent Gbagbo ou la chute, du palais à la CPI

ABIDJAN - Opposant admiré devenu président contesté de la Côte d`Ivoire, Laurent Gbagbo, 66 ans, en cours de transfert vers la CPI à La Haye, a scellé son destin fin 2010 en refusant de reconnaître l`élection d`Alassane Ouattara, jusqu`à entraîner son pays dans un conflit sanglant.

Celui qui a régné dix ans au palais présidentiel d`Abidjan, en bord de lagune, était depuis avril détenu dans une résidence à Korhogo, grande cité du nord et fief, en pleine savane, du président Ouattara et des ex-rebelles qui tentèrent de le renverser en 2002.

Inculpé par la justice ivoirienne de "crimes économiques" commis durant la crise de décembre 2010-avril 2011, il était dans le viseur de la Cour pénale internationale (CPI) pour des exactions beaucoup plus graves. Mais, selon ses rares visiteurs, il persistait à voir dans la victoire de son adversaire un "complot" de l`ex-puissance coloniale française.

Animal politique doté d`une volonté de fer, il a tenu tête jusque dans son "bunker" au sous-sol de sa résidence d`Abidjan, où il subit début avril le feu de la France. Mais arrêté avec son épouse Simone par les hommes de M. Ouattara le 11 avril, après deux semaines de guerre et quatre mois d`une crise ayant fait quelque 3.000 morts, il a définitivement perdu la partie.

Ce nationaliste farouche sera finalement jugé par la Cour pénale internationale, dont le mandat d`arrêt lui a été notifié juste avant son transfert vers les Pays-Bas, où il était attendu dans la nuit.

Le 3 décembre, le Conseil constitutionnel, qui lui est acquis, ouvre la plus grave crise de l`histoire du pays en proclamant M. Gbagbo réélu avec 51,45% des suffrages au scrutin du 28 novembre. Le Conseil venait d`invalider les résultats de la commission électorale, certifiés par l`ONU, donnant M. Ouattara vainqueur (54,1%).

Tribun aimant à se présenter en homme du peuple, M. Gbagbo cache sous des airs bonhommes et ses éternelles chemises aux tissus africains une énergie féroce.

En 2002, face à une rébellion derrière laquelle il voit la main d`un certain Alassane Ouattara, ex-Premier ministre, il parvient à se maintenir mais ne conserve que le sud de la Côte d`Ivoire.

Il a beaucoup appris de ses longues années de premier opposant au "père de la Nation", le président Félix Houphouët-Boigny (mort en 1993), longtemps premier relais de la France en Afrique subsaharienne.

Né le 31 mai 1945, cet historien de formation irrite rapidement le pouvoir par son activisme syndical.

Incorporé de force, emprisonné, il s`exile en France dans les années 1980, après avoir fondé clandestinement le Front populaire ivoirien (FPI).

Membre de l`ethnie bété (ouest), exclue du partage traditionnel du pouvoir, il se lance ouvertement en politique en 1990, à l`instauration du multipartisme.

Son heure arrive le 26 octobre 2000 quand il accède à la présidence, dans des conditions de son propre aveu "calamiteuses", à l`issue d`un scrutin dont ont été exclus l`ex-chef de l`Etat Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara.

Rusé pour les uns, roublard pour les autres, il parvient à garder son fauteuil, contre les rebelles, l`opposition et une communauté internationale emmenée par la France, qu`il pourfend au nom d`une "seconde indépendance". Il sait s`appuyer sur ses jeunes partisans, les "patriotes", qui enflamment à l`occasion la rue.

En novembre 2004, il échoue à reconquérir militairement le nord mais se pose en héros de la fierté africaine, face à la France qui vient de détruire son aviation après le bombardement meurtrier d`une position française.

Signataire avec les rebelles de Guillaume Soro d`un accord de paix en 2007, c`est finalement par ces combattants qu`il sera capturé en avril 2011, après que le pays a frôlé la guerre civile.

S`il s`est uni par un mariage coutumier à Nady Bamba, une ex-journaliste, Laurent Gbagbo, qui affiche sa foi chrétienne évangélique, a formé un duo explosif avec la très influente Simone, désormais détenue à Odienné (nord-ouest).

"Le temps est l`autre nom de Dieu", aime à dire celui qui passa longtemps pour un redoutable tacticien, habile à jouer la montre. Dans sa cellule à La Haye, les jours devraient lui paraître bien longs.
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