Avec les turbulences que connait la monnaie européenne, l`Euro, nombreux sont les spécialistes qui s`interrogent sur l`impact de la crise de ‘’l`Euro zone’’ sur les économies de la zone CFA et sur le franc CFA. Selon les prévisions semestrielles de l`Ocde, la zone euro et la France sont entrées en récession fin 2011, ce qui menace tous les pays riches et de nombreux pays en croissance.
La croissance de l’euro va chuter à 0,2% en 2012
Dans son dernier rapport publié lundi 28 novembre 2011 dernier, l`Organisation de coopération et de développement économique (Ocde) estime que la zone Euro semble être entrée en récession. Son économie devrait presque stagner en 2012, en raison de la crise de la dette qui, en cas d`événement négatif majeur, pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour tous les pays riches. Pour le chef économiste de l`organisation Pier Carlo Padoan, les décideurs doivent se préparer au pire et il faut envisager une plus grande utilisation des ressources de la Banque centrale européenne (Bce) pour contrer la crise de la dette. Dans la zone euro, la révision est drastique, la croissance devrait être de 1,6% en 2011 (au lieu de 2% prévus précédemment), puis de seulement 0,2%, en 2012 (au lieu de 2%). Elle repartirait péniblement l`année suivante, à 1,4%. La croissance mondiale aussi devrait ralentir. Après 3,8% cette année (au lieu de 4,2% prévus auparavant), elle freinerait à 3,4% l`an prochain (au lieu de 4,6%). Cela se traduit par un recul du Pib de l`Union monétaire mais aussi, dans le détail, de ses trois premières économies (Allemagne, France et Italie), au dernier trimestre 2011 et au cours des trois premiers mois de 2012. Pour l`Ocde, la France est également entrée dans une "brève" période de récession en cette fin 2011, une situation qui "exige" un nouveau plan anti-déficits, selon l`organisation. Sa prévision de croissance est passée de 2,1% à 0,3% pour 2012, avant une reprise espérée, en 2013, à 1,4%, selon ses prévisions semestrielles.
Le sort du franc CFA
Et voilà que l’on reparle encore de la dévaluation du franc CFA. Comme c’est souvent le cas ces derniers temps, ce sont les difficultés financières et économiques que rencontrent de nombreux pays de l’Union européenne (UE) qui relancent les rumeurs et enflamment le cyberespace africain à propos d’une dévaluation qui serait d’ores et déjà programmée pour le 1er janvier 2012. La question posée est de savoir si la parité fixe qui lie l’euro à la monnaie africaine (1 pour 655,957) se justifie dans une conjoncture économique marquée par un net ralentissement de l’activité en Europe et par de sérieux doutes sur l’avenir de la monnaie unique de ce continent. La question de la dévaluation est tout de même un sentiment partagé par de nombreux économistes en Afrique. Plus prosaïquement, la question se pose de savoir s`il va falloir dévaluer ou réévaluer la monnaie africaine. Pour des économistes, très souvent, quand la monnaie rattachée connaît une faible croissance économique (faible croissance du Pib réel, déficit de la balance des paiements et dette publique élevée), on s’empresse de dévaluer cette première. C’est la raison principale qui a poussé à la dévaluation du franc CFA en janvier 1994. Cette fois-ci, les choses sont différentes. Le fait est que, dans la crise actuelle de ‘’l`euro zone’’, les pays de l`Union européenne connaissent une faible croissance économique et qu`à l`inverse de ceux de la zone franc connaissent une croissance appréciable, autour de 5% en moyenne. Pour de nombreux experts africains, si l’on devait, actuellement, réévaluer la parité de l’Euro et du CFA, celle-ci pourrait s’échanger à 550 au lieu de 695. Car, soutiennent-ils une réévaluation nominale de la parité fixe de la relation Euro/franc CFA, en ce moment, rendrait les produits d’exportation chers, surtout dans l’espace européen. Elle aurait cependant l’avantage de rendre les importations plus abordables. Les pays de la zone franc n’ont vraiment pas besoin d’une réévaluation de leur monnaie. Celle-ci ramerait à contre-courant de leur croissance économique qui, elle-même, est fondée sur les exportations de leurs matières premières. C’est vrai, il y a croissance dans la zone, mais celle-ci n’a pas encore atteint la phase implosive. Nombreux sont les économistes qui estiment que la dépréciation, à l’heure actuelle, de l’Euro par rapport au dollar implique, indirectement, une dépréciation (dévaluation en terme réel) du franc CFA par rapport au dollar américain, situation à l’avantage des pays de la zone franc. Beaucoup d’économistes africains parlent de décrochage du CFA par rapport à l’Euro.
Modification du statut du franc CFA
De façon générale, L’économiste Abdourahmane Sarr, président du Centre d`études pour le financement du développement local (Cefdel) à Dakar est partisan d’une modification du statut actuel du franc CFA. «Je pense qu`il est temps de penser à faire évoluer le régime de change vers quelque chose de plus flexible, ce qui pourrait se traduire en une perte de valeur par rapport à l’Euro et/ou au dollar», explique-t-il, précisant qu`il serait «possible d`obtenir les effets d`une dévaluation sans dévaluer le franc CFA lui-même». Une approche qui passerait par l’introduction de monnaies complémentaires au franc CFA et que, d’ailleurs, l’économiste préconise aussi dans le cas de la Grèce. En effet, ce n’est pas un hasard si les rumeurs à propos d’une modification de cette parité se propagent au moment où l’on doute, de plus en plus, de la cohésion de la zone Euro. A ce sujet, il faut savoir que le franc CFA bénéficie de la garantie de convertibilité du Trésor français. Au cours du colloque de la Fondation Pax Africana en mai 2011, à Lomé, Kako Nubukpo a carrément demandé de couper le cordon ombilical qui lie le CFA au Trésor public français qui, du reste, est garant de la convertibilité du CFA. Il s’agit donc d’une question de souveraineté nationale. Selon des informations, la suppression de cette garantie ramènera plusieurs milliers de milliards de francs CFA, actuellement détenus par le Trésor public de France, pour renflouer les circuits financiers des Etats africains. Si le décrochage du CFA de l’Euro et la suppression de la garantie de convertibilité du CFA par le Trésor public français se produisent, il y aura forcément dévaluation de la monnaie communautaire. En attendant janvier 2012 pour voir de quoi il retourne, le débat est lancé.
Benjamin Soro
La croissance de l’euro va chuter à 0,2% en 2012
Dans son dernier rapport publié lundi 28 novembre 2011 dernier, l`Organisation de coopération et de développement économique (Ocde) estime que la zone Euro semble être entrée en récession. Son économie devrait presque stagner en 2012, en raison de la crise de la dette qui, en cas d`événement négatif majeur, pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour tous les pays riches. Pour le chef économiste de l`organisation Pier Carlo Padoan, les décideurs doivent se préparer au pire et il faut envisager une plus grande utilisation des ressources de la Banque centrale européenne (Bce) pour contrer la crise de la dette. Dans la zone euro, la révision est drastique, la croissance devrait être de 1,6% en 2011 (au lieu de 2% prévus précédemment), puis de seulement 0,2%, en 2012 (au lieu de 2%). Elle repartirait péniblement l`année suivante, à 1,4%. La croissance mondiale aussi devrait ralentir. Après 3,8% cette année (au lieu de 4,2% prévus auparavant), elle freinerait à 3,4% l`an prochain (au lieu de 4,6%). Cela se traduit par un recul du Pib de l`Union monétaire mais aussi, dans le détail, de ses trois premières économies (Allemagne, France et Italie), au dernier trimestre 2011 et au cours des trois premiers mois de 2012. Pour l`Ocde, la France est également entrée dans une "brève" période de récession en cette fin 2011, une situation qui "exige" un nouveau plan anti-déficits, selon l`organisation. Sa prévision de croissance est passée de 2,1% à 0,3% pour 2012, avant une reprise espérée, en 2013, à 1,4%, selon ses prévisions semestrielles.
Le sort du franc CFA
Et voilà que l’on reparle encore de la dévaluation du franc CFA. Comme c’est souvent le cas ces derniers temps, ce sont les difficultés financières et économiques que rencontrent de nombreux pays de l’Union européenne (UE) qui relancent les rumeurs et enflamment le cyberespace africain à propos d’une dévaluation qui serait d’ores et déjà programmée pour le 1er janvier 2012. La question posée est de savoir si la parité fixe qui lie l’euro à la monnaie africaine (1 pour 655,957) se justifie dans une conjoncture économique marquée par un net ralentissement de l’activité en Europe et par de sérieux doutes sur l’avenir de la monnaie unique de ce continent. La question de la dévaluation est tout de même un sentiment partagé par de nombreux économistes en Afrique. Plus prosaïquement, la question se pose de savoir s`il va falloir dévaluer ou réévaluer la monnaie africaine. Pour des économistes, très souvent, quand la monnaie rattachée connaît une faible croissance économique (faible croissance du Pib réel, déficit de la balance des paiements et dette publique élevée), on s’empresse de dévaluer cette première. C’est la raison principale qui a poussé à la dévaluation du franc CFA en janvier 1994. Cette fois-ci, les choses sont différentes. Le fait est que, dans la crise actuelle de ‘’l`euro zone’’, les pays de l`Union européenne connaissent une faible croissance économique et qu`à l`inverse de ceux de la zone franc connaissent une croissance appréciable, autour de 5% en moyenne. Pour de nombreux experts africains, si l’on devait, actuellement, réévaluer la parité de l’Euro et du CFA, celle-ci pourrait s’échanger à 550 au lieu de 695. Car, soutiennent-ils une réévaluation nominale de la parité fixe de la relation Euro/franc CFA, en ce moment, rendrait les produits d’exportation chers, surtout dans l’espace européen. Elle aurait cependant l’avantage de rendre les importations plus abordables. Les pays de la zone franc n’ont vraiment pas besoin d’une réévaluation de leur monnaie. Celle-ci ramerait à contre-courant de leur croissance économique qui, elle-même, est fondée sur les exportations de leurs matières premières. C’est vrai, il y a croissance dans la zone, mais celle-ci n’a pas encore atteint la phase implosive. Nombreux sont les économistes qui estiment que la dépréciation, à l’heure actuelle, de l’Euro par rapport au dollar implique, indirectement, une dépréciation (dévaluation en terme réel) du franc CFA par rapport au dollar américain, situation à l’avantage des pays de la zone franc. Beaucoup d’économistes africains parlent de décrochage du CFA par rapport à l’Euro.
Modification du statut du franc CFA
De façon générale, L’économiste Abdourahmane Sarr, président du Centre d`études pour le financement du développement local (Cefdel) à Dakar est partisan d’une modification du statut actuel du franc CFA. «Je pense qu`il est temps de penser à faire évoluer le régime de change vers quelque chose de plus flexible, ce qui pourrait se traduire en une perte de valeur par rapport à l’Euro et/ou au dollar», explique-t-il, précisant qu`il serait «possible d`obtenir les effets d`une dévaluation sans dévaluer le franc CFA lui-même». Une approche qui passerait par l’introduction de monnaies complémentaires au franc CFA et que, d’ailleurs, l’économiste préconise aussi dans le cas de la Grèce. En effet, ce n’est pas un hasard si les rumeurs à propos d’une modification de cette parité se propagent au moment où l’on doute, de plus en plus, de la cohésion de la zone Euro. A ce sujet, il faut savoir que le franc CFA bénéficie de la garantie de convertibilité du Trésor français. Au cours du colloque de la Fondation Pax Africana en mai 2011, à Lomé, Kako Nubukpo a carrément demandé de couper le cordon ombilical qui lie le CFA au Trésor public français qui, du reste, est garant de la convertibilité du CFA. Il s’agit donc d’une question de souveraineté nationale. Selon des informations, la suppression de cette garantie ramènera plusieurs milliers de milliards de francs CFA, actuellement détenus par le Trésor public de France, pour renflouer les circuits financiers des Etats africains. Si le décrochage du CFA de l’Euro et la suppression de la garantie de convertibilité du CFA par le Trésor public français se produisent, il y aura forcément dévaluation de la monnaie communautaire. En attendant janvier 2012 pour voir de quoi il retourne, le débat est lancé.
Benjamin Soro