Les différents acteurs de la filière bétail et viande de la Côte d’Ivoire ont signé il y a un mois, avec le Gouvernement, un protocole pour la baisse du prix du kilogramme de viande. Mais à ce jour, aucune application sur le terrain. Pourquoi ? Nanan Charles Kossonou, président du Conseil des sages de la filière bétail et viande fait des révélations. Entretien.
Le Patriote : Les acteurs de la filière bétail et viande ont signé un protocole d’accord avec le gouvernement ivoirien pour la baisse du prix du kilogramme de viande.
Mais aucune application à ce jour. Pourquoi ?
Nanan Charles Kossonou : A la signature de ce protocole, les chevillards et les bouchers avaient demandé comme mesure d’accompagnement pour l’effectivité des prix fixés : la mise en place des dispositions par l’Etat de la fin des rackets et tracasseries que subissent les véhicules qui livrent la viande sur les marchés du District ; la suppression de la vente de la viande dans l’enceinte de l’abattoir de Port-Bouët (lieu d’abattage) aux consommateurs au prix de gros. Cela représente un système de concurrence déloyale aux bouchers détaillants. Et à moyen terme, faire appliquer la procédure ou la stratégie pour la pesée de l’animal au poids vif à la vente au boucher. Ces trois volets représentent les doléances les plus importantes qui peuvent impacter sur le prix du kilogramme de viande. Le ministre s’est rendu à l’abattoir. Il a pu vivre lui-même la non-application du protocole d’accord et s’est imprégné des difficultés du terrain.
L.P. : Et pourtant vous aviez donné l’assurance au ministre…
N.C.K. : On ne peut pas tromper le ministre. C’est vrai, il y a eu un protocole d’accord qui a été signé entre le Gouvernement et le syndicat national des bouchers, les représentants des importateurs. Mais il y a eu de la mauvaise foi quelque part.
L.P. : D’où vient cette mauvaise foi alors ?
N.C.K. : Pour cette fixation du prix, un travail de base a été fait pendant deux mois. Les ministres Banzio et Adjoumani ont même pris part à des séances de travail. Les services techniques de ces ministères ont assisté au travail de base qui consistait à faire des calculs en prenant en charge tous les frais depuis le lieu d’embarquement jusqu’aux marchés terminaux, principalement à Abidjan. C’est ce qui a dégagé les surcoûts de 344 000 F CFA, illicitement prélevés mais qui a été supprimé par les efforts des ministres du Commerce, de la Production animale et du Gouvernement. C’est à partir des 344 000 F CFA que les calculs ont été faits pour qu’on en arrive à 1600-1800Fcfa pour la viande avec os et 1900 à 2000Fcfa pour la viande sans os. Ce que le ministre n’a pas apprécié et qui l’a d’ailleurs mis en rogne par la suite, c’est le fait que des commerçants disent maintenant que c’est parce les bœufs coûtent chers à l’achat qu’ils ne peuvent baisser les coûts. Raison pour laquelle je dis qu’il y a de la mauvaise foi quelque part. Puisqu’ils savaient tout cela avant de signer.
L.P. : Qui accusez-vous principalement ?
N.C.K. : Ce qui est sûr je n’accuse personne. Mais, dans cette affaire de maîtrise de prix de viande, on est mieux servi que par soi-même. Si nous intensifions l’élevage en Côte d’Ivoire cela règlerait de nombreux problèmes. Si nous avions du bétail ici est-ce que nous allons arriver à ce jeu-là ! C’est pour cela que nous demandons au ministre de la production animale de créer un comité interministériel afin de supprimer carrément les prestations de convoyage qui pèsent sur les consommateurs. C’est une arnaque. Nous allons proposer un autre schéma d’escorte à la tutelle.
Nous pouvons créer la parafiscalité de la filière bétail et viande afin de constituer des fonds comme convenu par l’atelier de Grand Bassam en 2008, ce, pour le financement de l’élevage local. Cela est important car l’argent du convoyage ne sert pas la filière bétail et viande. Alors que la parafiscalité elle, servira à alimenter les fonds d’investissement. Mieux, cela va également favoriser l’insertion des jeunes dans les corps de métiers de la corporation et surtout l’intensification de l’élevage local. Nous trouverons notre salut de la maîtrise du kilogramme de viande par cette voie. Cette procédure va rehausser notre pourcentage de consommation à une proportion considérable.
L.P. : Combien coûte actuellement ce convoyage ?
N.C.K. : 700 000 F CFA. J’ai été battu à Toumodi pour cela. Je crois qu’il est temps que l’Etat, comme l’a recommandé l’atelier de Grand Bassam, supprime cette somme qu’on paie à des individus. Si nous-mêmes nous produisons, nous maîtriserons les prix. Lors de l’atelier nous avions aussi indiqué que la filière bétail viande était en difficulté par la faute des individus qui s’enrichissent sur le dos des autres. Alors, il faut que nous élevions nous-mêmes nos animaux.
L.P. : Le gouvernement a-t-il les conclusions de l’atelier ?
N.C.K. : Oui, le Gouvernement a les conclusions de l’atelier à partir du moment où un comité de suivi a été créé. J’étais membre de ce comité. Nous avons produit des textes en son temps. Mais ceux-ci ne pouvaient prospérer à cause des zones ex-Cno. Maintenant que cela n’existe plus, le convoyage n’est plus une nécessité.
L.P. : Et qui fait ce convoyage ?
N.C.K. : Nous avons des structures qui le font. Nous avons produit des documents aux ministères de la Production animale et du Commerce. Ces deux ministères connaissent les structures qui font ce convoyage. Nous avons demandé aux ministres, devant ces responsables, de procéder à leur suppression. Cela va atténuer le coût d’achat des bêtes, permettre aussi à l’Etat d’avoir les fonds dont je parle pour faire la promotion de l’élevage en Côte d’Ivoire et favoriser l’insertion de nos frères. Il y a beaucoup à gagner dans la filière.
L.P. : Quand est-ce qu’on peut espérer l’application des nouveaux prix de la viande ?
N.C.K. : Les prix vont être appliqués. Mais il y a un point dont nous avions parlé avec le ministre du commerce et celui de la production animale. Pendant la fête de la Tabaski, c’était la traite des commerçants de bétail. Tout vient avec le mouton. Un protocole avait été signé la veille de la fête de Tabaski. Après la fête, il y a eu un manque bétail. C’est la loi de l’offre et de la demande. Mais j’ai foi en notre Gouvernement. Les prix vont être appliqués parce que le ministre Banzio a tenu un langage de vérité aux commerçants.
Selon lui, si nos partenaires que nous avons en ce moment en Côte d’Ivoire ne sont pas capables de nous ravitailler en bétail et en viande à ces prix sus-évoqués, l’Etat prendra ses responsabilités pour créer une structure nationale qui va gérer l’importation des animaux vivants. Des accords bilatéraux et multilatéraux entre la Côte d’Ivoire et les pays fournisseurs seront actionnés pour faire venir le bétail vivant afin que l’Ivoirien puisse se nourrir convenablement avec la protéine animale.
Le gouvernement y tient, le Premier ministre et le président soutiennent cette hypothèse. Il faudrait que l’Ivoirien au moins, une ou deux fois dans le mois, arrive à manger de la viande. Peut-être que cela ne sera pas dans l’immédiat mais ce qui est sûr, les Ivoiriens peuvent se tranquilliser. Tout se prépare et l’Ivoirien aura un prix raisonnable. Les ministres en charge sont entrain de faire un travail sérieux à ce niveau.
L.P. : Bientôt la période des fêtes et les consommateurs redoutent la surenchère …
N.C.K. : Les ministères sont en train d’y réfléchir. A la veille de la Tabaski, tout le monde avait peur. Nous avons prouvé le contraire. En tout cas les ministres sont à pied-œuvre pour permettre à la population de fêter en toute quiétude.
L.P. : Un appel aux acteurs de la filière bétail et aux consommateurs?
N.C.K. : Je voudrais dire à l’endroit de mes collaborateurs et à l’endroit de nos partenaires que nous demandons le respect des lois républicaines. Quand nous sommes signataires d’un protocole avec quelqu’un, il faut le respecter. Aux consommateurs, je demande la patience. Les autorités travaillent pour que l’Ivoirien puisse manger et avoir de la protéine animale dans son alimentation. Aussi, le gouvernement va-t-il s’atteler à intensifier, promouvoir l’élevage en Côte d’Ivoire pour que nous puissions mieux maîtriser, non seulement le prix du kilogramme de viande, mais surtout le prix de la bête que l’on achète pour exploitation.
Par Jean Eric ADINGRA
Le Patriote : Les acteurs de la filière bétail et viande ont signé un protocole d’accord avec le gouvernement ivoirien pour la baisse du prix du kilogramme de viande.
Mais aucune application à ce jour. Pourquoi ?
Nanan Charles Kossonou : A la signature de ce protocole, les chevillards et les bouchers avaient demandé comme mesure d’accompagnement pour l’effectivité des prix fixés : la mise en place des dispositions par l’Etat de la fin des rackets et tracasseries que subissent les véhicules qui livrent la viande sur les marchés du District ; la suppression de la vente de la viande dans l’enceinte de l’abattoir de Port-Bouët (lieu d’abattage) aux consommateurs au prix de gros. Cela représente un système de concurrence déloyale aux bouchers détaillants. Et à moyen terme, faire appliquer la procédure ou la stratégie pour la pesée de l’animal au poids vif à la vente au boucher. Ces trois volets représentent les doléances les plus importantes qui peuvent impacter sur le prix du kilogramme de viande. Le ministre s’est rendu à l’abattoir. Il a pu vivre lui-même la non-application du protocole d’accord et s’est imprégné des difficultés du terrain.
L.P. : Et pourtant vous aviez donné l’assurance au ministre…
N.C.K. : On ne peut pas tromper le ministre. C’est vrai, il y a eu un protocole d’accord qui a été signé entre le Gouvernement et le syndicat national des bouchers, les représentants des importateurs. Mais il y a eu de la mauvaise foi quelque part.
L.P. : D’où vient cette mauvaise foi alors ?
N.C.K. : Pour cette fixation du prix, un travail de base a été fait pendant deux mois. Les ministres Banzio et Adjoumani ont même pris part à des séances de travail. Les services techniques de ces ministères ont assisté au travail de base qui consistait à faire des calculs en prenant en charge tous les frais depuis le lieu d’embarquement jusqu’aux marchés terminaux, principalement à Abidjan. C’est ce qui a dégagé les surcoûts de 344 000 F CFA, illicitement prélevés mais qui a été supprimé par les efforts des ministres du Commerce, de la Production animale et du Gouvernement. C’est à partir des 344 000 F CFA que les calculs ont été faits pour qu’on en arrive à 1600-1800Fcfa pour la viande avec os et 1900 à 2000Fcfa pour la viande sans os. Ce que le ministre n’a pas apprécié et qui l’a d’ailleurs mis en rogne par la suite, c’est le fait que des commerçants disent maintenant que c’est parce les bœufs coûtent chers à l’achat qu’ils ne peuvent baisser les coûts. Raison pour laquelle je dis qu’il y a de la mauvaise foi quelque part. Puisqu’ils savaient tout cela avant de signer.
L.P. : Qui accusez-vous principalement ?
N.C.K. : Ce qui est sûr je n’accuse personne. Mais, dans cette affaire de maîtrise de prix de viande, on est mieux servi que par soi-même. Si nous intensifions l’élevage en Côte d’Ivoire cela règlerait de nombreux problèmes. Si nous avions du bétail ici est-ce que nous allons arriver à ce jeu-là ! C’est pour cela que nous demandons au ministre de la production animale de créer un comité interministériel afin de supprimer carrément les prestations de convoyage qui pèsent sur les consommateurs. C’est une arnaque. Nous allons proposer un autre schéma d’escorte à la tutelle.
Nous pouvons créer la parafiscalité de la filière bétail et viande afin de constituer des fonds comme convenu par l’atelier de Grand Bassam en 2008, ce, pour le financement de l’élevage local. Cela est important car l’argent du convoyage ne sert pas la filière bétail et viande. Alors que la parafiscalité elle, servira à alimenter les fonds d’investissement. Mieux, cela va également favoriser l’insertion des jeunes dans les corps de métiers de la corporation et surtout l’intensification de l’élevage local. Nous trouverons notre salut de la maîtrise du kilogramme de viande par cette voie. Cette procédure va rehausser notre pourcentage de consommation à une proportion considérable.
L.P. : Combien coûte actuellement ce convoyage ?
N.C.K. : 700 000 F CFA. J’ai été battu à Toumodi pour cela. Je crois qu’il est temps que l’Etat, comme l’a recommandé l’atelier de Grand Bassam, supprime cette somme qu’on paie à des individus. Si nous-mêmes nous produisons, nous maîtriserons les prix. Lors de l’atelier nous avions aussi indiqué que la filière bétail viande était en difficulté par la faute des individus qui s’enrichissent sur le dos des autres. Alors, il faut que nous élevions nous-mêmes nos animaux.
L.P. : Le gouvernement a-t-il les conclusions de l’atelier ?
N.C.K. : Oui, le Gouvernement a les conclusions de l’atelier à partir du moment où un comité de suivi a été créé. J’étais membre de ce comité. Nous avons produit des textes en son temps. Mais ceux-ci ne pouvaient prospérer à cause des zones ex-Cno. Maintenant que cela n’existe plus, le convoyage n’est plus une nécessité.
L.P. : Et qui fait ce convoyage ?
N.C.K. : Nous avons des structures qui le font. Nous avons produit des documents aux ministères de la Production animale et du Commerce. Ces deux ministères connaissent les structures qui font ce convoyage. Nous avons demandé aux ministres, devant ces responsables, de procéder à leur suppression. Cela va atténuer le coût d’achat des bêtes, permettre aussi à l’Etat d’avoir les fonds dont je parle pour faire la promotion de l’élevage en Côte d’Ivoire et favoriser l’insertion de nos frères. Il y a beaucoup à gagner dans la filière.
L.P. : Quand est-ce qu’on peut espérer l’application des nouveaux prix de la viande ?
N.C.K. : Les prix vont être appliqués. Mais il y a un point dont nous avions parlé avec le ministre du commerce et celui de la production animale. Pendant la fête de la Tabaski, c’était la traite des commerçants de bétail. Tout vient avec le mouton. Un protocole avait été signé la veille de la fête de Tabaski. Après la fête, il y a eu un manque bétail. C’est la loi de l’offre et de la demande. Mais j’ai foi en notre Gouvernement. Les prix vont être appliqués parce que le ministre Banzio a tenu un langage de vérité aux commerçants.
Selon lui, si nos partenaires que nous avons en ce moment en Côte d’Ivoire ne sont pas capables de nous ravitailler en bétail et en viande à ces prix sus-évoqués, l’Etat prendra ses responsabilités pour créer une structure nationale qui va gérer l’importation des animaux vivants. Des accords bilatéraux et multilatéraux entre la Côte d’Ivoire et les pays fournisseurs seront actionnés pour faire venir le bétail vivant afin que l’Ivoirien puisse se nourrir convenablement avec la protéine animale.
Le gouvernement y tient, le Premier ministre et le président soutiennent cette hypothèse. Il faudrait que l’Ivoirien au moins, une ou deux fois dans le mois, arrive à manger de la viande. Peut-être que cela ne sera pas dans l’immédiat mais ce qui est sûr, les Ivoiriens peuvent se tranquilliser. Tout se prépare et l’Ivoirien aura un prix raisonnable. Les ministres en charge sont entrain de faire un travail sérieux à ce niveau.
L.P. : Bientôt la période des fêtes et les consommateurs redoutent la surenchère …
N.C.K. : Les ministères sont en train d’y réfléchir. A la veille de la Tabaski, tout le monde avait peur. Nous avons prouvé le contraire. En tout cas les ministres sont à pied-œuvre pour permettre à la population de fêter en toute quiétude.
L.P. : Un appel aux acteurs de la filière bétail et aux consommateurs?
N.C.K. : Je voudrais dire à l’endroit de mes collaborateurs et à l’endroit de nos partenaires que nous demandons le respect des lois républicaines. Quand nous sommes signataires d’un protocole avec quelqu’un, il faut le respecter. Aux consommateurs, je demande la patience. Les autorités travaillent pour que l’Ivoirien puisse manger et avoir de la protéine animale dans son alimentation. Aussi, le gouvernement va-t-il s’atteler à intensifier, promouvoir l’élevage en Côte d’Ivoire pour que nous puissions mieux maîtriser, non seulement le prix du kilogramme de viande, mais surtout le prix de la bête que l’on achète pour exploitation.
Par Jean Eric ADINGRA