Nous ne cesserons jamais de le dire. Bien que la Côte d’Ivoire ait basé son économie sur les revenus de son agriculture, les premiers acteurs de la chaîne de production restent, malheureusement les plus faibles économiquement. En effet, le paysan ivoirien a toujours eu des difficultés pour joindre les deux bouts. A l’ouverture de la campagne de commercialisation 2011-2012, les producteurs de cacao se sont réjouis d’apprendre que le prix d’achat du cacao était fixé à 1000 Fcfa. A ce titre, ils se sont résolus à ne pas brader leur produit. Aujourd’hui, le constat est amer. Car, leur désarroi ne fait que s’accroître depuis l’ouverture officielle de la campagne. Le prix d’achat du kilogramme bord champ fixé par le Comité de gestion n’a jamais été respecté. Les producteurs se sont souvent retrouvés face à des acheteurs qui leur imposaient un prix largement inférieur à celui officiellement annoncé. Moins de 700 Fcfa le kilo ; c’est le prix imposé par des acheteurs véreux qui sévissent dans la plupart des zones cacaoyères. Les rasions avancées par ces derniers pour justifier leurs agissements sont les suivantes. Ceux que nous avons rencontrés soutiennent qu’à Abidjan, les exportateurs achètent le kilo de cacao à 800 Fcfa, ce qui les contraint à acheter à 650 Fcfa et même à 600 Fcfa le kilo bord champ, s’ils veulent couvrir leurs charges. Ils évoquent également les nombreuses taxes qui leur sont imposées. Et tout cela est supporté par le producteur. Si certains ont pu bloquer leur production de cacao qu’ils refusent de vendre à vil prix, un fait est aujourd’hui certain, les paysans sont pris dans le piège de ces individus sans scrupule qui profitent ainsi des charges liées à la rentrée des classes et aux fêtes de fin d’année auxquelles les producteurs démunis doivent faire face. Dans certaines zones, on nous apprend que le cacao serait même acheté à 400 Fcfa. Il est impérieux que les autorités prennent des mesures pour mettre fin à cette tragédie que vivent les producteurs.
Lazare Kouadio
Lazare Kouadio