Charles Konan Banny, président de la Commission ‘’dialogue, vérité et réconciliation’’ n’a pas apprécié l’arrogance des jeunes patriotes convoyés hier à sa résidence de la Riviéra par son conseiller chargé de la jeunesse, Karim Ouattara. L’ex Premier ministre refusant l’impolitesse adoubée du ton guerrier dans lequel le président par intérim du congrès panafricain des jeunes et des patriotes, Yavo Martial, s’est adressé à lui, sous les applaudissements des ses camarades, a très vite rappelé à l’ordre et surtout à la prise de conscience des jeunes remplis de haines dits patriotes. Dans un discours enflammé, l’héritier de Charles Blé Goudé à l’image de son leader exilé a, en effet, versé dans l’invective et la promotion de la haine. Selon lui, le camp Gbagbo, blanc comme neige, n’a jamais rien fait dans ce pays. Avant d’ouvrir le feu sur le nouveau régime et les Forces républicaines de Côte d’Ivoire. «Les libertés individuelles et collectives sont confisquées. Il ne se passe plus un seul jour sans que des pro-Gbagbo ne soient tués ou pourchassés. Les pro-Gbagbo vivent dans la terreur, pourtant c’est Laurent Gbagbo qui s’est toujours battu ici pour la paix», a-t-il constaté. Tout en exigeant du président de la CDVR, la libération et le retour de l’ancien président, Laurent Gbagbo, la libération des tous les prisonniers politiques et le retour des exilés. «Ici nous ne sommes pas à un meeting politique. Vous manquez d’éducation et je vous dis qu’il faut savoir se comporter. Apprenez à respecter vos aînés. Vous n’avez pas un ton de réconciliation (…) vous n’avez pas d’injonctions à faire à qui que ce soit», a sèchement répondu, l’ancien gouverneur de la BCEAO. Avant de prier ses hôtes aux comportements irresponsables et aux antipodes de la réconciliation à avoir de la compassion pour les 3000 Ivoiriens tués lors de la grave crise postélectorale et de se remémorer surtout leurs nombreuses exactions. «Le plus sérieux ce n’est pas la libération de Laurent Gbagbo. Le plus sérieux ce sont les milliers d’Ivoiriens qui sont sous la terre. Que faites-vous de ses milliers de morts. Vous aussi vous pouviez être parmi eux. Donc ne soyez pas égoïstes et n’insultez pas la grâce que Dieu vous a faite d’être encore en vie. Ma mission ce n’est pas de faire libérer quelqu’un», a-t-il remonté les bretelles à Yavo Martial et ses camarades. Pendant qu’il parlait, les jeunes pour démontrer qu’ils ne peuvent pas changer de comportement murmuraient et faisaient des signes de protestation. Charles Konan Banny ayant compris à qui il avait affaire a annoncé que tous les Ivoiriens seront mis devant leurs responsabilités et devraient les assumer. «Le passé sera revisité. Les exactions seront mises à nu et les coupables seront identifiés. Préparez-vous à assumer vos responsabilités. Vous serez devant le tribunal du peuple et vous allez vous confesser. Je mettrai chacun devant ses responsabilités et elles seront assumées. Ce sera ni vengeance, ni impunité », a-t-il averti. Selon lui, il n’y a pas de préalables à la réconciliation et à la paix. C’est pourquoi, il a invité les jeunes à se défaire de leurs charges politiques pour dessiner la nouvelle Côte d’Ivoire basée comme par le passé, sur la cohésion nationale, la paix et la diversité culturelle, ethnique et d’opinion. « Chacun de vous doit se considérer comme moteur de la réconciliation afin qu’elle soit participative. Vous devrez être des acteurs de paix et de cohésion pour que la Côte d’Ivoire ferme la page de la crise pour être unie pour le bonheur des générations futures», a-t-il recommandé.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara