Arrivé au pouvoir après l’arrestation de Gbagbo sous les bombes de l’armée française, Ouattara et son régime n’ont plus la confiance de personne. Des sources diplomatiques ont laissé filtrer, après les scandaleuses élections législatives du 11 décembre 2011, que la nébuleuse internationale qui a participé au complot contre Laurent Gbagbo émet de «sérieux doutes» sur la capacité de Ouattara à tenir la route. Des indiscrétions dans certaines chancelleries révèlent que l’Elysée est sans doute définitivement désabusé quant à ses attentes en ce qui concerne le nouvel occupant du palais d’Abidjan. «Paris espérait que les choses allaient vite s’arranger, après les efforts qui ont été faits pour l’appuyer», confie-t-on. «Mais il n’a pas été à la hauteur de la tâche» regrettent les parrains qui constatent que, hui (8) mois après son installation, Ouattara en est toujours à tergiverser. La France reproche au pouvoir d’Abidjan de n’avoir pas réussi à stabiliser la situation sécuritaire pour rassurer les investisseurs et les bailleurs de fonds. Les forces de sécurité régulières et la Justice, contrairement aux déclarations faites ça et là, n’ont pas été véritablement réhabilitées et les Frci continuent de tuer. Nos sources confient que la colère de Ouattara au sujet des tueries de Vavoua, intervenues juste au sortir des législatives, à un moment où le monde entier avait les yeux braqués sur la Côte d’Ivoire, ne serait pas un simple mouvement d’humeur. Le mentor du Rdr, dit-on, se serait fait tirer les oreilles par son parrain qui n’a pas apprécié «une dérive de trop, au mauvais moment». En effet, ces tueries perpétrées par les Frci de Ouattara se sont produites juste après des élections législatives qui ont enregistré un taux d’abstention de plus de 80% et démontré l’impopularité du nouveau locataire du palais. Toute l’opinion internationale se rend compte de les Ivoiriens vomissent Ouattara dont les forces assassinent froidement les populations. Au moment où la question des «crimes de guerre commis par les forces Pro Ouattara» est sur la table de la Cpi. Alors que de milliers de personnes et les démocrates du monde entier se mobilisent à la Haye pour demander la libération de Laurent Gbagbo qu’ils savent être la victime d’un complot international piloté par la France qui a bombardé sa résidence et qu’il a nommément désignée, au cours de sa première comparution devant les juges internationaux, comme l’auteur de sa chute. Pour l’image de Ouattara et de la France, les tueries de Vavoua, après le désaveu des populations lors des législatives et la popularité dont continue de jouir Laurent Gbagbo à la Haye en pleine controverse sur «les responsabilités des deux camps dans les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Côte d’Ivoire» est un désastre. Aussi l’Elysée aurait-il sermonné les tenants du pouvoir avant d’exiger qu’ils montent au créneau pour «punir les coupables». Histoire de donner l’impression que «l’impunité n’est pas tolérée». D’où la sortie virulente de Ouattara contre ses propres hommes en armes qui ne sont pourtant pas à leur premier massacre. Une sortie qui vient pour rassurer ses propres partisans victimes des balles assassines des Frci à Vavoua, mais aussi pour redorer le blason terni de son pouvoir. Ce message en direction des investisseurs que cette énième dérive conforte dans l’idée que l’insécurité reste alarmante en Côte d’Ivoire suffira-t-il à les attirer à Abidjan ? Certainement pas. Car le Premier ministre français François Fillon a tenté en vain, lors du point de presse qu’il a conjointement animé avec Ouattara à son passage à Abidjan en juillet dernier, de les amener à se tourner vers le marché ivoirien. Sarkozy lui-même s’est inutilement fatigué dans un lobbying éreintant au profit de Ouattara dans les capitales européennes où on lui a répondu qu’il serait plus prudent d’ «observer la situation jusqu’à fin 2013», pour voir la suite des évènements.
Le piège des législatives
Car il n’est pas question de faire confiance, les yeux fermés, à un régime qui vacille, qui commet des crimes et qui vient d’étaler son impopularité au grand jour par une mascarade d’élections législatives. En fait, Ouattara et la France ont été pris à leur propre piège. Face aux exigences des institutions de Brettons Wood et autres bailleurs de fonds qui demandaient des élections législatives «démocratiques, ouvertes à tous et crédibles», ils ont voulu aller pour avoir ces «aides assorties de conditions» avant la fin de l’année 2011. Or, des élections crédibles et ouvertes à tous impliquaient que l’opposition devait y prendre part. En septembre 2011, pour tromper l’opinion, Ouattara fait mine d’engager des discussions avec le Front populaire Ivoirien (Fpi) qui a posé ses conditions, en commençant par demander la libération ici et maintenant de tous les prisonniers politiques arbitrairement détenus. Ouattara, qui n’entendait pas libérer Laurent Gbagbo et ses proches tentent alors de faire diversion en instrumentalisant des prétendus «candidats indépendants du Fpi». Avec la complicité, comme toujours, des ambassades des Usa et de la France qui voulaient faire croire au monde que les législatives en Côte d’Ivoire seraient «ouvertes à tous». Mais la direction du parti, constatant que «les conditions d’élections démocratiques ne sont pas réunies», a mis fin à la supercherie en indiquant clairement que le Fpi, qui reste ouvert au dialogue, n’a mandaté aucun «indépendant» pour prendre part à ce scrutin auquel il n’entend pas participer. Ouattara, à la limite de mépris, fait transférer Laurent Gbagbo à la Cpi et maintient les législatives au 11 décembre 2011. Dans l’espoir que son parti, le Rdr, et ses alliés du Rhdp se mobiliseront pour obtenir un taux de participation significatif, qui rassurerait ses soutiens étrangers. Hélas pour lui, le scrutin est un «désert électoral». Les populations le désavouent en restant chez elles. Le taux réel de participation, selon nos sources, n’excède pas les 15%. Cependant, à force de manipulation, il est porté à 36%, pour effacer le discrédit. Plus grave, les alliés du dictateur eux-mêmes dénoncent une «fraude massive» et saisissent le Conseil constitutionnel. Autant d’éléments qui montrent que les dernières élections législatives n’ont été ni ouvertes à tous, ni crédibles et donc aucunement démocratiques. La conséquence de cet échec est que les aides soumises à conditions que les bailleurs de fonds ont promises sont hypothéquées. C’est pourquoi Sarkozy, à quelques mois de l’élection présidentielle française où son sort se jouera, certainement avec celui de Ouattara, ne cache plus son irritation. La France, en pleine crise économique, à l’instar des grands pays d’Europe et même des Etats-Unis, ne pourra plus continuer de porter à bout de bras un régime impopulaire, fébrile et finalement encombrant pour ses partenaires en raison de sa trop grande propension à quémander des milliards à tout bout de champ. Aussi l’Elysée, même s’il ne peut pas, par orgueil, se déculotter en reconnaissant qu’il «s’est trompé sur le compte de Ouattara», est plus que déçu de son poulain.
K. Kouassi Maurice
Le piège des législatives
Car il n’est pas question de faire confiance, les yeux fermés, à un régime qui vacille, qui commet des crimes et qui vient d’étaler son impopularité au grand jour par une mascarade d’élections législatives. En fait, Ouattara et la France ont été pris à leur propre piège. Face aux exigences des institutions de Brettons Wood et autres bailleurs de fonds qui demandaient des élections législatives «démocratiques, ouvertes à tous et crédibles», ils ont voulu aller pour avoir ces «aides assorties de conditions» avant la fin de l’année 2011. Or, des élections crédibles et ouvertes à tous impliquaient que l’opposition devait y prendre part. En septembre 2011, pour tromper l’opinion, Ouattara fait mine d’engager des discussions avec le Front populaire Ivoirien (Fpi) qui a posé ses conditions, en commençant par demander la libération ici et maintenant de tous les prisonniers politiques arbitrairement détenus. Ouattara, qui n’entendait pas libérer Laurent Gbagbo et ses proches tentent alors de faire diversion en instrumentalisant des prétendus «candidats indépendants du Fpi». Avec la complicité, comme toujours, des ambassades des Usa et de la France qui voulaient faire croire au monde que les législatives en Côte d’Ivoire seraient «ouvertes à tous». Mais la direction du parti, constatant que «les conditions d’élections démocratiques ne sont pas réunies», a mis fin à la supercherie en indiquant clairement que le Fpi, qui reste ouvert au dialogue, n’a mandaté aucun «indépendant» pour prendre part à ce scrutin auquel il n’entend pas participer. Ouattara, à la limite de mépris, fait transférer Laurent Gbagbo à la Cpi et maintient les législatives au 11 décembre 2011. Dans l’espoir que son parti, le Rdr, et ses alliés du Rhdp se mobiliseront pour obtenir un taux de participation significatif, qui rassurerait ses soutiens étrangers. Hélas pour lui, le scrutin est un «désert électoral». Les populations le désavouent en restant chez elles. Le taux réel de participation, selon nos sources, n’excède pas les 15%. Cependant, à force de manipulation, il est porté à 36%, pour effacer le discrédit. Plus grave, les alliés du dictateur eux-mêmes dénoncent une «fraude massive» et saisissent le Conseil constitutionnel. Autant d’éléments qui montrent que les dernières élections législatives n’ont été ni ouvertes à tous, ni crédibles et donc aucunement démocratiques. La conséquence de cet échec est que les aides soumises à conditions que les bailleurs de fonds ont promises sont hypothéquées. C’est pourquoi Sarkozy, à quelques mois de l’élection présidentielle française où son sort se jouera, certainement avec celui de Ouattara, ne cache plus son irritation. La France, en pleine crise économique, à l’instar des grands pays d’Europe et même des Etats-Unis, ne pourra plus continuer de porter à bout de bras un régime impopulaire, fébrile et finalement encombrant pour ses partenaires en raison de sa trop grande propension à quémander des milliards à tout bout de champ. Aussi l’Elysée, même s’il ne peut pas, par orgueil, se déculotter en reconnaissant qu’il «s’est trompé sur le compte de Ouattara», est plus que déçu de son poulain.
K. Kouassi Maurice