Ca y est ! La bonne nouvelle est tombée hier en début d’après-midi. La puissante multinationale, Trafigura malgré sa défense constituée de plus de 122 avocats, a perdu son procès contre la ville d’Amsterdam. La Cour de justice de la Hollande a suivi le procureur dans son réquisitoire en reconnaissant que la marrée de slops déversée dans les eaux par le navire Probo Koala au moment où il quittait le port d’Amsterdam pour Abidjan en 2005, est «hautement toxique». Ce que Trafigura a toujours nié. Mieux, toujours dans sa démonstration, le procureur de cette juridiction avait même soutenu que les déchets toxiques transportés par l’affréteur Trafigura, sont dangereux et sont la cause des nombreux morts d’hommes déclarés, suite au déversement de ces slops dans plusieurs quartiers du district d’Abidjan au cours de l’année indiquée plus haut. Dès l’annonce du verdict, la joie fut grande dans les états majors des organisations de défense des droits des victimes inscrites dans la procédure actuellement en cours à Londres, toujours contre Trafigura. L’intérêt pour ceux-ci et pour la population abidjanaise est de savoir que le tout-puissant affréteur a perdu cette bataille juridique, et que là encore, Trafigura n’a jamais reconnu la valeur hautement toxique des slops qu’il a répandus dans la capitale économique ivoirienne. En des termes plus clairs, pour le pollueur, les nombreux morts enregistrés et les personnes condamnées à traîner des pathologies nouvelles pour le reste de leur vie, n’est pas de son fait. C’est à ce niveau que le verdict d’Amsterdam nous intéresse au plus haut point. Puisqu’il permet d’établir la preuve que les produits déversés à Abidjan, ont bel et bien tué des hommes et des femmes. Autant elle a été sanctionnée à verser des indemnités à la capitale hollandaise, Trafigura doit aussi réparer les préjudices causés dans notre pays. Ici, il s’agit de morts d’hommes. Le fait est plus grave. C’est pourquoi, les organisations internationales de protection de l’environnement comme Green Peace et Amnesty international qui viennent de gagner ce procès qu’ils ont intentés, doivent continuer de poursuivre Trafigura jusque dans ses derniers retranchements, pour qu’il règle, une fois pour toute, son contentieux avec le peuple ivoirien. Les nouvelles autorités ivoiriennes se doivent aussi de soutenir l’action judiciaire ouverte à Londres. C’est avant tout une affaire de souveraineté nationale. Pour leur part, les victimes ivoiriennes peuvent maintenant pousser un ouf de soulagement, après ces cinq longues années d’attente et d’incertitude. Tout juste après l’annonce du verdict, le président de la Fédération nationale des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire, Yao Denis Pipira, dont la structures est dans la procédure à Londres, s’est réjouit de cette décision. « Cela est salutaire, car c’est bien la première fois que Trafigura est condamné. Cela est bien pour la procédure que nous suivons à Londres. Je félicite les victimes pour leur grande patience. Maintenant que la faute de Trafigura est unanimement reconnue, je pense que les choses iront beaucoup plus vite pour leurs indemnisations », a-t-il déclaré dans un entretien téléphonique. Quant au président de l’Union des Victimes des déchets Toxiques d’Abidjan et banlieue (UVDTAB), Ouattara Marvin, qui était personnellement au procès à Amsterdam, il s’est félicité du résultat de cette cour de justice. Ce verdict couronne plusieurs années de combat pour la justice des victimes que Ouattara Marvin a mené. Dans notre parution du mardi prochain, nous reviendrons sur les réactions des autres présidents des associations de défense des victimes sur cette décision de justice.
T. Guy
T. Guy
