Le vice-président de l’Union démocratique citoyenne (Udcy), Akossi Akossi, précédemment candidat aux législatives, a pris part au dialogue républicain avec le gouvernement. Il dit ce qui n’a pas marché et les attentes de la tendance Cnrd-Fpi dont est membre son parti.
Vous avez perdu aux législatives, quelles sont les raisons de cet échec ?
Les élections, pour nous, sont un jeu vraiment démocratique. Donc nous ne parlons jamais d’échec, où nous apprenons chaque fois et c’est toujours le message que la population, les électeurs, nous envoient que nous retenons. Les populations ivoiriennes n’ont pas encore récupéré de la crise post-électorale. Indépendamment de l’appel au boycott, lancé par certains partis, ce n’est pas cela qui est vraiment fondamental. Il faut leur donner le temps de récupérer, aller leur expliquer l’attitude que nous, Udcy, tenons. Qui est le dialogue permanent et ne jamais quitter la table de négociation.
L’Udcy-même a forcément des leçons à tirer de l’échec de tous ses candidats aux législatives…
Il y a que le parti créé le 6 janvier 2000, a 11 ans cette année ; notre implantation est réelle. Mais nous avons une convergence avec les idées et l‘esprit de l’ex-président Laurent Gbagbo. Par conséquent, il y a eu une fusion entre nos idées avec les siennes. Notre électorat est donc fondu dans l’électorat Lmp (La majorité présidentielle, ndlr). Les résultats des législatives sont ceux que la situation de la crise post-électorale a permis. Nous n’avons pas eu le temps d’aller sur le terrain.
Qu’espériez-vous connaissant la situation que vous venez de décrire ?
Disons que nous comptions quand-même sur nos militants d’abord et ensuite sur nos électeurs. Il faut reconnaître qu’une de nos faiblesses, entre guillemets, a été les allées et venues liées aux discussions avec le gouvernement. Nous devrions aller aux élections, mais pas à n’importe quelles conditions. Et nous avons vu que ce que nous craignions, à savoir l’insécurité, les menaces sont arrivées dans certaines régions du pays. Si nous avions été unanimes avec le Cnrd (Congrès national de la résistance pour la démocratie, Ndlr) pour que les choses ne soient pas un diktat vis-à-vis du gouvernement, nous aurions peut-être obtenu mieux. Ce qui nous aurait permis d’obtenir le retour des exilés, parce que notre président (Mel Eg Théodore, Ndlr) en fait partie. Des piliers du parti dont le président ont eu leurs avoirs gelés : comprenez qu’on ne fait pas d’élection sans financement. Nous avons fait ce que nous avons pu.
Seriez-vous en train de dire que le Cnrd-Fpi a mal négocié dans le dialogue républicain ?
Je vais préciser le mot diktat. Dans une négociation, on ne peut pas faire de certains points des préalables. Surtout quand on parle à un gouvernement, à un pouvoir en place. On a des priorités, une hiérarchie des revendications, mais des préalables. Comment peut-on imposer des préalables à quelqu’un avec qui vous entrez en discussions en commençant par lui demander d’exécuter telle ou telle chose. Nous n’étions vraiment pas d’accord sur cette démarche, parce que pour nous il y a des choses importantes mais il n’y a pas de préalables. Notre conception à l’Udcy c’est lutter pour accéder au pouvoir ou au moins influencer la distribution du pouvoir.
Est-ce cette incompréhension qui a vu l’Udcy maintenir ses candidats pour les législatives alors que le Fpi-Cnrd avait retiré les siens ?
Il faut préciser qu’il y a eu deux phases. La première, nous dit que nous ne participerons pas aux législatives tant que nos conditions - la sécurité, la recomposition de la Cei, le dégel des avoirs, le retour des exilés - n’étaient pas satisfaites. Mais des promesses formelles nous avaient été faites après l’audience que nous avait accordée le président de la République, suivie de la première séance formelle d’échanges avec le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko. Donc les huit partis du Cnrd avaient produit un document que nous avons publié par voie de presse. Ce qui a valu qu’on nous accorde un délai supplémentaire pour déposer des candidatures à la Cei. Parce qu’elle avait clos le dépôt des candidatures.
Quelles sont ces promesses ?
Une première vague de vingt personnes seraient libérées, autour de cinq cents exilés allaient rentrer… Le gouvernement devait trouver l’habillage pour le faire, puisque nous sommes dans un Etat de droit et un président ne peut donner des ordres à la justice. Il fallait trouver un habillage politique. C’est parce que Laurent Gbagbo a été transféré que les présidents respectifs de nos partis nous ont retirés des élections. En tant que militants, nous avons exécuté le mot d’ordre. Et, le gouvernement nous a appelés. Nous sommes allés discuter et nous nous sommes dit que partir complètement, serait rompre les discussions. En se retirant du processus électoral, nous nous sommes dit que nous ne devons pas fermer la porte. Nous avons donc continué à notre corps défendant. Toutefois, nous avions voulu voir d’abord Laurent Gbagbo, après sa première audience à la CPI (Cour pénale internationale, Ndlr), avant de commencer la campagne.
Le constat est que le camp Gbagbo est quand-même parti en rangs dispersés à ces négociations.
Nous ne nous sommes pas séparés mais nous avons commencé à diverger au lendemain de la première note commune. Qui allait faire le premier pas ? Le Fpi voulait que le gouvernement fasse le premier pas. Nous avons dit que nous sommes prêts à faire ce pas. C’est en ce moment que nous nous sommes séparés. Au cours des débats, nous avons dit qu’en tant que Udcy, nous sommes un parti autonome et que le Cnrd est une coalition. Si nous voulons aller dans le même sens, il faut avoir une vue générale. Nous ne voulons pas qu’un parti aille à son comité central et nous impose une décision.
Ni l’Udcy ni les partis avec lesquels elle est en phase n’ont voulu être à la remorque du Fpi ; c’est bien cela ?
Nous avons estimé que même si nous sommes tous Lmp, nous avons perdu le pouvoir. Nous en avons pris acte officiellement : le Cnrd sous la signature de son président Bernard Gabriel Dadié et chaque parti, y compris le Fpi, ont pris acte de l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara. A partir de ce moment-là, nous à l’Udcy, nous ne parlons plus de légitimité. Si vous demandez une audience à une autorité, c’est que vous la reconnaissez. Or, nous avons tous demandé une audience au président de la République. Il doit avoir une complémentarité dans une coalition. S’il y en a qui pensent qu’il faut rester immobiles ou boycotter les élections, c’est leur droit. Mais nous aurons fait le jeu de rôle. Il faut donc assumer nos résultats. C’était un peu maladroit de la part de nos camarades du Fpi d’avoir fait croire que c’est la justice qui a permis la libération de la première vague de vingt personnes. Même les personnes libérées n’ont pas reconnu que c’est la voie politique qui a obtenu leur libération et non la voie judiciaire. Ce qui s’est passé la semaine dernière, montre bien qu’il s’agit bien de la voie politique.
Le dialogue est-il rompu entre le Cnrd-Fpi et le gouvernement ?
Non, pas du tout, nous sommes en liaison avec le gouvernement. Nous sommes en relations avec l’interlocuteur qui nous a été indiqué, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur. Evidemment, le calendrier politique, des uns et des autres, fait qu’ils sont très occupés à régler les incidents que nous avons vus. Nous sommes en train de préparer une nouvelle feuille de route, surtout que la première était basée sur les élections législatives.
L’entrée au gouvernement fait-elle aussi partie de cette nouvelle feuille de route ?
Nous n’avons aucun problème à ce sujet. Notre philosophie est que celui qui a gagné doit gouverner. Mais s’il pense que nous pouvons être utiles, nous sommes prêts. Quelle est la différence fondamentale entre le programme de gouvernement des trois principaux candidats à l’élection présidentielle ? Il n’y a pas grand-chose qui diffère. Par conséquent, nous sommes d’accord pour être utiles.
Entretien réalisé par Bidi Ignace
Vous avez perdu aux législatives, quelles sont les raisons de cet échec ?
Les élections, pour nous, sont un jeu vraiment démocratique. Donc nous ne parlons jamais d’échec, où nous apprenons chaque fois et c’est toujours le message que la population, les électeurs, nous envoient que nous retenons. Les populations ivoiriennes n’ont pas encore récupéré de la crise post-électorale. Indépendamment de l’appel au boycott, lancé par certains partis, ce n’est pas cela qui est vraiment fondamental. Il faut leur donner le temps de récupérer, aller leur expliquer l’attitude que nous, Udcy, tenons. Qui est le dialogue permanent et ne jamais quitter la table de négociation.
L’Udcy-même a forcément des leçons à tirer de l’échec de tous ses candidats aux législatives…
Il y a que le parti créé le 6 janvier 2000, a 11 ans cette année ; notre implantation est réelle. Mais nous avons une convergence avec les idées et l‘esprit de l’ex-président Laurent Gbagbo. Par conséquent, il y a eu une fusion entre nos idées avec les siennes. Notre électorat est donc fondu dans l’électorat Lmp (La majorité présidentielle, ndlr). Les résultats des législatives sont ceux que la situation de la crise post-électorale a permis. Nous n’avons pas eu le temps d’aller sur le terrain.
Qu’espériez-vous connaissant la situation que vous venez de décrire ?
Disons que nous comptions quand-même sur nos militants d’abord et ensuite sur nos électeurs. Il faut reconnaître qu’une de nos faiblesses, entre guillemets, a été les allées et venues liées aux discussions avec le gouvernement. Nous devrions aller aux élections, mais pas à n’importe quelles conditions. Et nous avons vu que ce que nous craignions, à savoir l’insécurité, les menaces sont arrivées dans certaines régions du pays. Si nous avions été unanimes avec le Cnrd (Congrès national de la résistance pour la démocratie, Ndlr) pour que les choses ne soient pas un diktat vis-à-vis du gouvernement, nous aurions peut-être obtenu mieux. Ce qui nous aurait permis d’obtenir le retour des exilés, parce que notre président (Mel Eg Théodore, Ndlr) en fait partie. Des piliers du parti dont le président ont eu leurs avoirs gelés : comprenez qu’on ne fait pas d’élection sans financement. Nous avons fait ce que nous avons pu.
Seriez-vous en train de dire que le Cnrd-Fpi a mal négocié dans le dialogue républicain ?
Je vais préciser le mot diktat. Dans une négociation, on ne peut pas faire de certains points des préalables. Surtout quand on parle à un gouvernement, à un pouvoir en place. On a des priorités, une hiérarchie des revendications, mais des préalables. Comment peut-on imposer des préalables à quelqu’un avec qui vous entrez en discussions en commençant par lui demander d’exécuter telle ou telle chose. Nous n’étions vraiment pas d’accord sur cette démarche, parce que pour nous il y a des choses importantes mais il n’y a pas de préalables. Notre conception à l’Udcy c’est lutter pour accéder au pouvoir ou au moins influencer la distribution du pouvoir.
Est-ce cette incompréhension qui a vu l’Udcy maintenir ses candidats pour les législatives alors que le Fpi-Cnrd avait retiré les siens ?
Il faut préciser qu’il y a eu deux phases. La première, nous dit que nous ne participerons pas aux législatives tant que nos conditions - la sécurité, la recomposition de la Cei, le dégel des avoirs, le retour des exilés - n’étaient pas satisfaites. Mais des promesses formelles nous avaient été faites après l’audience que nous avait accordée le président de la République, suivie de la première séance formelle d’échanges avec le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko. Donc les huit partis du Cnrd avaient produit un document que nous avons publié par voie de presse. Ce qui a valu qu’on nous accorde un délai supplémentaire pour déposer des candidatures à la Cei. Parce qu’elle avait clos le dépôt des candidatures.
Quelles sont ces promesses ?
Une première vague de vingt personnes seraient libérées, autour de cinq cents exilés allaient rentrer… Le gouvernement devait trouver l’habillage pour le faire, puisque nous sommes dans un Etat de droit et un président ne peut donner des ordres à la justice. Il fallait trouver un habillage politique. C’est parce que Laurent Gbagbo a été transféré que les présidents respectifs de nos partis nous ont retirés des élections. En tant que militants, nous avons exécuté le mot d’ordre. Et, le gouvernement nous a appelés. Nous sommes allés discuter et nous nous sommes dit que partir complètement, serait rompre les discussions. En se retirant du processus électoral, nous nous sommes dit que nous ne devons pas fermer la porte. Nous avons donc continué à notre corps défendant. Toutefois, nous avions voulu voir d’abord Laurent Gbagbo, après sa première audience à la CPI (Cour pénale internationale, Ndlr), avant de commencer la campagne.
Le constat est que le camp Gbagbo est quand-même parti en rangs dispersés à ces négociations.
Nous ne nous sommes pas séparés mais nous avons commencé à diverger au lendemain de la première note commune. Qui allait faire le premier pas ? Le Fpi voulait que le gouvernement fasse le premier pas. Nous avons dit que nous sommes prêts à faire ce pas. C’est en ce moment que nous nous sommes séparés. Au cours des débats, nous avons dit qu’en tant que Udcy, nous sommes un parti autonome et que le Cnrd est une coalition. Si nous voulons aller dans le même sens, il faut avoir une vue générale. Nous ne voulons pas qu’un parti aille à son comité central et nous impose une décision.
Ni l’Udcy ni les partis avec lesquels elle est en phase n’ont voulu être à la remorque du Fpi ; c’est bien cela ?
Nous avons estimé que même si nous sommes tous Lmp, nous avons perdu le pouvoir. Nous en avons pris acte officiellement : le Cnrd sous la signature de son président Bernard Gabriel Dadié et chaque parti, y compris le Fpi, ont pris acte de l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara. A partir de ce moment-là, nous à l’Udcy, nous ne parlons plus de légitimité. Si vous demandez une audience à une autorité, c’est que vous la reconnaissez. Or, nous avons tous demandé une audience au président de la République. Il doit avoir une complémentarité dans une coalition. S’il y en a qui pensent qu’il faut rester immobiles ou boycotter les élections, c’est leur droit. Mais nous aurons fait le jeu de rôle. Il faut donc assumer nos résultats. C’était un peu maladroit de la part de nos camarades du Fpi d’avoir fait croire que c’est la justice qui a permis la libération de la première vague de vingt personnes. Même les personnes libérées n’ont pas reconnu que c’est la voie politique qui a obtenu leur libération et non la voie judiciaire. Ce qui s’est passé la semaine dernière, montre bien qu’il s’agit bien de la voie politique.
Le dialogue est-il rompu entre le Cnrd-Fpi et le gouvernement ?
Non, pas du tout, nous sommes en liaison avec le gouvernement. Nous sommes en relations avec l’interlocuteur qui nous a été indiqué, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur. Evidemment, le calendrier politique, des uns et des autres, fait qu’ils sont très occupés à régler les incidents que nous avons vus. Nous sommes en train de préparer une nouvelle feuille de route, surtout que la première était basée sur les élections législatives.
L’entrée au gouvernement fait-elle aussi partie de cette nouvelle feuille de route ?
Nous n’avons aucun problème à ce sujet. Notre philosophie est que celui qui a gagné doit gouverner. Mais s’il pense que nous pouvons être utiles, nous sommes prêts. Quelle est la différence fondamentale entre le programme de gouvernement des trois principaux candidats à l’élection présidentielle ? Il n’y a pas grand-chose qui diffère. Par conséquent, nous sommes d’accord pour être utiles.
Entretien réalisé par Bidi Ignace