Les Ivoiriens ont passé un réveillon tout en lumière. Outre la décoration exceptionnelle offerte par le groupe Sunu, le district a procédé à un feu d’artifices géant au grand bonheur des centaines de milliers de spectateurs venues de partout, pour vivre en lumière, la renaissance de la nation ivoirienne. Une grosse explosion, et plus rien. Du noir. Des cris d’espoir fusent de partout. « Bonne année », entend-on. Le giga feu d’artifices organisé par le district d’Abidjan vient de connaître son apothéose. En fait, il y a déjà 47 minutes que nous sommes passés dans la nouvelle année. Mais que dire ? Le spectacle auquel on vient d’assister laisse bouche bée. « C’est extraordinaire», ne cesse de scander notre voisin. Un bal populaire est improvisé à la place des officiels. Chacun veut exprimer sa joie. Le spectacle offert par le district d’Abidjan avec le soutien de l’Etat a été vécu par de nombreux Ivoiriens venus de la capitale économique et de localités de l’intérieur du pays.. Combien étaient-ils ? Les spéculations risquent de donner le tournis à de nombreux observateurs. Il est 21 heures, ce samedi. Au carrefour de Williamsville, une marée humaine descend à pied de la côte qui mène à ce quartier. La destination est unique : le Plateau. Sur le boulevard lagunaire, des enfants, des jeunes et des personnes âgées marchent le long de la voie. « On vient d’Abobo », lance un jeune tout excité qui fait de l’auto-stop. Du côté de la voie Attécoubé-Plateau, le spectacle est identique. Personne ne veut se faire conter la scène. Et, les longues files d’hommes longent les trottoirs. A l’entame de l’espace Coca-Cola, la circulation est lente. Les spectateurs sont déjà installés pour un show qui ne débutera que dans 3h 15. Il faut avoir une bonne place. La berge lagunaire est noire de monde, du pont de Gaulle au pont Houphouet-Boigny. Les deux passerelles sont pris d’assaut, rendant difficile le passage aux voitures. « Allez garer vos véhicules. Nous avons tous des voitures mais on a décidé de marcher », répond quelqu’un dans la foule à un automobiliste qui ne cesse de klaxonner. Assis ou couchés sur des pagnes, des nattes ou à même le sol, on attend calmement l’heure heureuse au bord de la lagune Ebrié. De nombreuses personnes s’endorment. D’autres prennent une bonne collation spécialement préparée pour l’occasion. « Nous sommes-là depuis 19 heures. C’est à cause des embouteillages. Nous sommes venus de Locodrjo », confie une dame qui dévore à belle dent du poulet grillé. Des enfants jouent à qui mieux-mieux ou chantent un hymne spécialement composé pour le Plateau : « Plateau je suis fan de toi, Plateau tu m’ ‘’enjailles’’ (me plaît en jargon abidjanais), Plateau mon espoir ». D’autres fatigués dorment sur les jambes de leurs mères. Des comités de soutien à forte coloration politique gazouillent dans la foule des chants de soutien au président de la République Alassane Ouattara. La place de la République est noire de monde. Des admirateurs s’y sont carrément installés. Empêchant les visiteurs de mieux percevoir les figures géométriques lumineuses qui s’apprécient tant bien que de loin. Des gens posent avec des boules éclairées aux couleurs nationales pour des photos-souvenirs. « Marcory, Marcory », hèle un preneur de vue. En fait, on s’aperçoit que les photographes ne font des images qu’à des personnes habitant leur commune de provenance. Le boulevard de la République est tout autant bondée. Les agents de la police, postés devant le siège de la sûreté nationale, se laissent aller à un fou rire suite aux danses bouffonnes d’un groupe de jeunes venus d’Abobo (qui scandait à tort et à raison, ‘’Abobo’’). L’ancien marché du Plateau est tout autant envahi de monde. Assis sur la clôture, des jeunes gens ne se lassent pas de regarder cette pièce magnifique d’un sapin de 30 mètres de haut. Il est 23 h 30. La masse humaine est sans pareil. Le problème de circulation s’accentue. Aucune voiture ne peut franchir le périmètre de l’espace Coca-Cola. Il faut à présent se faire une bonne place car l’heure du spectacle tant attendu n’est plus loin.
Sanou A.
Sanou A.
