La gratuité des soins dans les hôpitaux publics de Côte d’Ivoire ne connaît pas de succès.
Selon des praticiens, cette mesure gouvernementale tend vers sa mort, parce qu’elle crée plus de problèmes qu’elle n’en résout.
Centre hospitalier universitaire de Cocody. Ce 19 décembre 2011, dame Amélie K. s’y est rendue pour des douleurs gastriques. Après plus d’une heure d’attente, elle est consultée par un médecin généraliste qui lui demande plusieurs examens à faire, dont une radiographie des poumons et une échographie pelvienne. Aucun de ces examens ne pouvait se faire dans cette structure de référence. Les raisons: la gratuité des soins. En tout cas, c’est la seule raison que lui a donnée l’aide-soignant à qui elle s’est adressée. « Il n’y a plus de films. Nous attendons les livraisons des films par la Pharmacie de la santé publique (Psp). Et, nous ne saurions vous donner une date exacte. Je vous recommande de vous rendre dans une clinique privée. C’est cher, mais plus sûr. Vous aurez à payer autour de 40.000 Fcfa », confie-t-il à la malade. Axelle N. que nous rencontrions, il y a trois semaines, à l’entrée de l’Hôpital militaire d’Abidjan (Hma) était en colère. Le médecin a demandé une échographie à son frère aîné qui souffre de douleurs abdominales. Et, le matériel n’étant pas disponible, les médecins leur ont demandé d’aller faire l’examen hors de l’établissement.
La traite des officines privées
«On nous fait savoir que dans les cliniques, cette exploration médicale coûte 20.000 Fcfa.
Nous n’avons pas tout cet argent, raison pour laquelle nous sommes venus où la gratuité est appliquée. Qu’allons-nous faire?», s’inquiète-t-elle. Marc Y. habite la commune de Koumassi. Malade, il s’est rendu dans un centre de santé communautaire de ladite commune, la semaine dernière. Le médecin lui a recommandé de faire des analyses.
N’ayant pas d’intrants dans leur labo, le médecin lui a demandé de se rendre dans un autre centre de santé public. Finalement, c’est dans un laboratoire privé qu’il a terminé sa course, après avoir parcouru tous les établissements sanitaires publics de Koumassi. Il a dû payer 3.500 pour cette analyse biologique. « La gratuité ne nous ‘’arrange’’ plus. Nous sommes obligés de tout faire au privé. Parce qu’au public, les agents de santé disent qu’il n’y a pas le matériel nécessaire pour leur permettre de travailler », explique-t-il. Dans des centres de santé, des systèmes dont celui du quota a été mis en place. C’est le cas d’un centre d’Abobo où seuls les cinq premiers malades peuvent faire leurs analyses. Pour le reste, il faut attendre le lendemain. Les médicaments n’échappent pas à cette règle. Et, cela déplaît à Karidjatou K. «Sur les trois sérums glucosés, on ne m’a servi qu’un, sans accessoires. Je dois acheter le reste des produits dans une officine privée », Et la facture est très salée, selon elle.
Des interventions chirurgicales suspendues !
Un responsable de cette structure sanitaire explique ce choix par le fait qu’il faut gérer. Pour lui, les intrants mis à leur disposition par la Psp doivent tenir jusqu’à la prochaine commande. Les pharmacies des hôpitaux sont à 80% vides, selon un médecin-syndicaliste.
Et, on y trouve les médicaments de moindres importances tels que les comprimés à base de paracétamol. Les médicaments les plus coûteux sont rarissimes. Le vieux Hien devait subir une opération de la prostate au Chu de Cocody, en début de semaine. Et, selon son fils Jean Claude Hien, le médecin demande au moins 20 sérums pour l’intervention, sans oublier les autres médicaments. La pharmacie du Chu de Cocody n’en disposant pas, Jean Claude est retourné avec son père à la maison, le temps de réunir l’argent nécessaire à la prise en charge des médicaments. Pour lui, cela ne va pas être facile dans la mesure où il faut tout acheter. De l’alcool 90° aux médicaments en passant par les gants. Un médecin du Chu de Cocody qui a requis l’anonymat indique que la gratuité rallonge le délai des interventions chirurgicales. Il note qu’il y a quelques jours, dans cette structure sanitaire, une femme qui devait subir une césarienne a failli perdre la vie. Selon lui, la pharmacie ne disposait pas de produits anesthésiants. Donc, le médecin a fait une ordonnance pour que ses parents aillent en chercher dans une pharmacie, hors de l’hôpital. A leur retour, la femme était mal en point. Elle était à un doigt de perdre et sa vie et son bébé. En un mot, les malades ne bénéficient que de la consultation qui varie entre 500, 1 000 et 5 000 FCFA selon les hôpitaux.
Adélaïde Konin
Selon des praticiens, cette mesure gouvernementale tend vers sa mort, parce qu’elle crée plus de problèmes qu’elle n’en résout.
Centre hospitalier universitaire de Cocody. Ce 19 décembre 2011, dame Amélie K. s’y est rendue pour des douleurs gastriques. Après plus d’une heure d’attente, elle est consultée par un médecin généraliste qui lui demande plusieurs examens à faire, dont une radiographie des poumons et une échographie pelvienne. Aucun de ces examens ne pouvait se faire dans cette structure de référence. Les raisons: la gratuité des soins. En tout cas, c’est la seule raison que lui a donnée l’aide-soignant à qui elle s’est adressée. « Il n’y a plus de films. Nous attendons les livraisons des films par la Pharmacie de la santé publique (Psp). Et, nous ne saurions vous donner une date exacte. Je vous recommande de vous rendre dans une clinique privée. C’est cher, mais plus sûr. Vous aurez à payer autour de 40.000 Fcfa », confie-t-il à la malade. Axelle N. que nous rencontrions, il y a trois semaines, à l’entrée de l’Hôpital militaire d’Abidjan (Hma) était en colère. Le médecin a demandé une échographie à son frère aîné qui souffre de douleurs abdominales. Et, le matériel n’étant pas disponible, les médecins leur ont demandé d’aller faire l’examen hors de l’établissement.
La traite des officines privées
«On nous fait savoir que dans les cliniques, cette exploration médicale coûte 20.000 Fcfa.
Nous n’avons pas tout cet argent, raison pour laquelle nous sommes venus où la gratuité est appliquée. Qu’allons-nous faire?», s’inquiète-t-elle. Marc Y. habite la commune de Koumassi. Malade, il s’est rendu dans un centre de santé communautaire de ladite commune, la semaine dernière. Le médecin lui a recommandé de faire des analyses.
N’ayant pas d’intrants dans leur labo, le médecin lui a demandé de se rendre dans un autre centre de santé public. Finalement, c’est dans un laboratoire privé qu’il a terminé sa course, après avoir parcouru tous les établissements sanitaires publics de Koumassi. Il a dû payer 3.500 pour cette analyse biologique. « La gratuité ne nous ‘’arrange’’ plus. Nous sommes obligés de tout faire au privé. Parce qu’au public, les agents de santé disent qu’il n’y a pas le matériel nécessaire pour leur permettre de travailler », explique-t-il. Dans des centres de santé, des systèmes dont celui du quota a été mis en place. C’est le cas d’un centre d’Abobo où seuls les cinq premiers malades peuvent faire leurs analyses. Pour le reste, il faut attendre le lendemain. Les médicaments n’échappent pas à cette règle. Et, cela déplaît à Karidjatou K. «Sur les trois sérums glucosés, on ne m’a servi qu’un, sans accessoires. Je dois acheter le reste des produits dans une officine privée », Et la facture est très salée, selon elle.
Des interventions chirurgicales suspendues !
Un responsable de cette structure sanitaire explique ce choix par le fait qu’il faut gérer. Pour lui, les intrants mis à leur disposition par la Psp doivent tenir jusqu’à la prochaine commande. Les pharmacies des hôpitaux sont à 80% vides, selon un médecin-syndicaliste.
Et, on y trouve les médicaments de moindres importances tels que les comprimés à base de paracétamol. Les médicaments les plus coûteux sont rarissimes. Le vieux Hien devait subir une opération de la prostate au Chu de Cocody, en début de semaine. Et, selon son fils Jean Claude Hien, le médecin demande au moins 20 sérums pour l’intervention, sans oublier les autres médicaments. La pharmacie du Chu de Cocody n’en disposant pas, Jean Claude est retourné avec son père à la maison, le temps de réunir l’argent nécessaire à la prise en charge des médicaments. Pour lui, cela ne va pas être facile dans la mesure où il faut tout acheter. De l’alcool 90° aux médicaments en passant par les gants. Un médecin du Chu de Cocody qui a requis l’anonymat indique que la gratuité rallonge le délai des interventions chirurgicales. Il note qu’il y a quelques jours, dans cette structure sanitaire, une femme qui devait subir une césarienne a failli perdre la vie. Selon lui, la pharmacie ne disposait pas de produits anesthésiants. Donc, le médecin a fait une ordonnance pour que ses parents aillent en chercher dans une pharmacie, hors de l’hôpital. A leur retour, la femme était mal en point. Elle était à un doigt de perdre et sa vie et son bébé. En un mot, les malades ne bénéficient que de la consultation qui varie entre 500, 1 000 et 5 000 FCFA selon les hôpitaux.
Adélaïde Konin