Et si nous regardions les Ivoiriens sans déceler en eux des prismes ethniques, régionaux et religieux, mais plutôt des atouts d'un élan d’harmonie qu’ils doivent impulser ensemble? Et si nous mettions en relief les angles de symétrie, qui magnifient notre quête de synergie, et nous oblitérions les particularismes qui nous alourdissent et nous éloignent les uns des autres?
Pourquoi avons-nous de la peine à comprendre que nous sommes tous des frères et sœurs du même pays et que le creuset culturel dont nous sommes, chacun, issus est moins important que la convergence de notre génie d’union et de rassemblement? Pourquoi sommes-nous insensibles au respect de la diversité et à l’émergence d’une citoyenneté responsable? Et comment ne pas savoir que s'il n'est pas indiqué de gommer les traits de diversité, il serait plutôt utile d'y découvrir des sources de richesses communes? Pourquoi avons-nous des difficultés à renaître dans l’idéal impulsé hier par Félix Houphouët-Boigny?
Quelles sont les leçons que nous tirons de la crise que nous venons à peine de vivre? Et si nous prenions en compte notre patrimoine commun d’une vie construite à partir d'un partage qui s’étend sur plusieurs générations! Qui n’a souvenance, en faisant un flashback sur les traditions de son terroir, d’institutions sociales, de structures politiques, de rites du sacré, qui rapprochent nos communautés des campagnes et des villes les unes des autres, ce que nous appelons la parenté à plaisanterie ou le Toukpè?
Les structures de nos langues sont presque les mêmes; nos contes et légendes des soirées autour du feu au village, les proverbes qui embellissent et enrichissent notre parler, sont de portée et de contenu similaires. Est-ce cela possible pendant seulement une coexistence de courte durée? Pourquoi sommes-nous insensibles à tout ce socle riche et étendu qui cimente nos cultures et forge notre être profond dans un élan de rassemblement?
Pourquoi l’ethnie nous hante tant, en toute chose et surtout sur le terrain politique? Fiers Ivoiriens, qui de nous est de pureté ethnique et qui ne l’est pas? Qui de nous a plus de droit que qui dans la gestion de notre pays? N’est-il pas établi que c’est dans l’ouverture, l’inclusion et l’union que nous réalisons de grands desseins au profit de notre pays? Quelle est cette arithmétique infecte que d’aucuns font pour dénombrer des parlementaires nouvellement élus sur une base ethnique ou régionale?
Le rétroviseur ethnique, l’atavisme grégaire, le repli sur la communauté de langue et de culture, ne sont pas des valeurs de progrès, mais de recul. En réalité, nos ethnies étant très proches les unes des autres, notre focalisation sur la donne ethnique est sans fondement réel. Par conséquent, nous ne devons pas porter des lunettes teintées d’ethnocentrisme pour regarder les réalités sociopolitiques de notre pays. La meilleure manière de passer outre au piège de l'ethnocentrisme relève d’un effort que nous sommes appelés à accomplir, sur nous-mêmes, pour nous projeter dans l’ouverture, le partage, l’inclusion. Cet effort est requis de chacun de nous. Il ne s’adresse pas uniquement aux chapelles politiques ou au leadership de notre pays.
Les traditions, civilisations et cultures de notre pays sont immenses et profondes. Elles recèlent des éléments d’extrême sensibilité. Elles régulent, dans de grandes communautés humaines, la vie de tous les jours. Elles devraient être magnifiées, mais dans le sens de la création de convergence, en faisant ressortir les traits communs. En les observant avec doigté, nous pouvant découvrir des liens solides entre elles. Des systèmes d’alliance, des cadres de symétrie, des espaces de partage existent entre les grands groupes ethniques de notre pays, à l’intérieur des uns et des autres. Il serait utile de les reconnecter, pour la recherche de l’harmonie, à la suite de cette grave crise. Mais, il serait périlleux, en revanche, de nous laisser dévorer par des guerres de tranchée ethniques.
Nous créons les sillons de la division, chaque fois que nous apprécions les nominations, désignations de cadres et autres résultats de compétition sur une base ethnique ou régionale. Chaque fois que nous dressons des listes de cadres appelés à telles ou telles autres fonctions pour dénombrer des ressortissants d’une partie du pays, nous dressons les Ivoiriens les uns contre les autres sur une base ethnique ou régionale, sans peut-être le savoir ou le vouloir. Ceci, à l’évidence, constitue les graines de la haine que nous semons.
Yao Ngoran
New York, 19 décembre 2011
Pourquoi avons-nous de la peine à comprendre que nous sommes tous des frères et sœurs du même pays et que le creuset culturel dont nous sommes, chacun, issus est moins important que la convergence de notre génie d’union et de rassemblement? Pourquoi sommes-nous insensibles au respect de la diversité et à l’émergence d’une citoyenneté responsable? Et comment ne pas savoir que s'il n'est pas indiqué de gommer les traits de diversité, il serait plutôt utile d'y découvrir des sources de richesses communes? Pourquoi avons-nous des difficultés à renaître dans l’idéal impulsé hier par Félix Houphouët-Boigny?
Quelles sont les leçons que nous tirons de la crise que nous venons à peine de vivre? Et si nous prenions en compte notre patrimoine commun d’une vie construite à partir d'un partage qui s’étend sur plusieurs générations! Qui n’a souvenance, en faisant un flashback sur les traditions de son terroir, d’institutions sociales, de structures politiques, de rites du sacré, qui rapprochent nos communautés des campagnes et des villes les unes des autres, ce que nous appelons la parenté à plaisanterie ou le Toukpè?
Les structures de nos langues sont presque les mêmes; nos contes et légendes des soirées autour du feu au village, les proverbes qui embellissent et enrichissent notre parler, sont de portée et de contenu similaires. Est-ce cela possible pendant seulement une coexistence de courte durée? Pourquoi sommes-nous insensibles à tout ce socle riche et étendu qui cimente nos cultures et forge notre être profond dans un élan de rassemblement?
Pourquoi l’ethnie nous hante tant, en toute chose et surtout sur le terrain politique? Fiers Ivoiriens, qui de nous est de pureté ethnique et qui ne l’est pas? Qui de nous a plus de droit que qui dans la gestion de notre pays? N’est-il pas établi que c’est dans l’ouverture, l’inclusion et l’union que nous réalisons de grands desseins au profit de notre pays? Quelle est cette arithmétique infecte que d’aucuns font pour dénombrer des parlementaires nouvellement élus sur une base ethnique ou régionale?
Le rétroviseur ethnique, l’atavisme grégaire, le repli sur la communauté de langue et de culture, ne sont pas des valeurs de progrès, mais de recul. En réalité, nos ethnies étant très proches les unes des autres, notre focalisation sur la donne ethnique est sans fondement réel. Par conséquent, nous ne devons pas porter des lunettes teintées d’ethnocentrisme pour regarder les réalités sociopolitiques de notre pays. La meilleure manière de passer outre au piège de l'ethnocentrisme relève d’un effort que nous sommes appelés à accomplir, sur nous-mêmes, pour nous projeter dans l’ouverture, le partage, l’inclusion. Cet effort est requis de chacun de nous. Il ne s’adresse pas uniquement aux chapelles politiques ou au leadership de notre pays.
Les traditions, civilisations et cultures de notre pays sont immenses et profondes. Elles recèlent des éléments d’extrême sensibilité. Elles régulent, dans de grandes communautés humaines, la vie de tous les jours. Elles devraient être magnifiées, mais dans le sens de la création de convergence, en faisant ressortir les traits communs. En les observant avec doigté, nous pouvant découvrir des liens solides entre elles. Des systèmes d’alliance, des cadres de symétrie, des espaces de partage existent entre les grands groupes ethniques de notre pays, à l’intérieur des uns et des autres. Il serait utile de les reconnecter, pour la recherche de l’harmonie, à la suite de cette grave crise. Mais, il serait périlleux, en revanche, de nous laisser dévorer par des guerres de tranchée ethniques.
Nous créons les sillons de la division, chaque fois que nous apprécions les nominations, désignations de cadres et autres résultats de compétition sur une base ethnique ou régionale. Chaque fois que nous dressons des listes de cadres appelés à telles ou telles autres fonctions pour dénombrer des ressortissants d’une partie du pays, nous dressons les Ivoiriens les uns contre les autres sur une base ethnique ou régionale, sans peut-être le savoir ou le vouloir. Ceci, à l’évidence, constitue les graines de la haine que nous semons.
Yao Ngoran
New York, 19 décembre 2011