Spécialiste des questions militaires, Emmanuel Kouassi-Lenoir parle dans l’entretien qui suit, de la nouvelle armée en construction.
Monsieur Kouassi-Lenoir, vous êtes un expert des questions militaires. Quelles analyses faites-vous de la situation militaire actuelle, avec la création de la police militaire en vue de réprimer l’indiscipline ?
Merci, je saisis l’occasion pour vous souhaiter la bonne année ainsi qu’à l’ensemble des journalistes. Concernant la police militaire, il est bien de rappeler qu’elle n’est pas instituée pour les armées à problèmes, mais pour toute armée. Sa mission principale est de veiller à l’observation de la loi et à l’éthique militaire. Elle est essentielle dans un Etat de droit. Nous n’avons pas développé suffisamment cette discipline militaire y compris le contrôle de l’armée par le pouvoir civil. Ces graves négligences sont à l’ origine de nos problèmes actuels. Les hommes ont certes changé mais l’organisation est la même, le fonctionnement est le même.
Le système est demeuré le même. Le seul changement significatif est la révision des accords de défense. On retient que la France ne veut plus agir seule. Elle prend le devant en proposant de nouveaux accords de défense, cette fois dans un contexte de partenariat.
Le président de la République, dans un grand message, a donné les grandes lignes de la nouvelle politique de défense et de sécurité. Mais qu’est-ce qui, selon vous, bloque la mise en œuvre du programme présidentiel ?
La tâche du nouveau régime est immense. Nous n’avons plus d’armée. Il faut maintenant l’inventer, la ré-conceptualiser, la redéfinir, repenser les missions, et les moyens qui suivent.
Comment combiner cet ensemble de moyens en personnels, de moyens juridiques, institutionnels et organisationnels, de moyens techniques et matériels qui forment un système de défense et de sécurité. Ces moyens reposent avant tout sur des hommes et des femmes structurés dans des organisations qu’il faut adapter aux objectifs que l’on poursuit et aux menaces auxquelles on a à faire face. Ces menaces, faut-il aussi les connaitre et suivre leur évolution.
Vaste programme ?
Vaste chantier. Notre sécurité nationale ne se limite pas qu’à l’armée ou la police. Concernant la police d’ailleurs, il y a nécessité d’inventer un nouveau concept de police, le concept actuel est moyenâgeux. Le système judiciaire aussi est concerné par la réforme. La formation incomplète de nos juges est déjà un problème. Il y a des missions de service public de base qui participent fondamentalement à l’organisation de la défense nationale, les ignorer serait inadmissible. La réforme aujourd’hui exige un effort de méthode et d’imagination afin de se dégager des approches traditionnelles et routinières. Une vraie ordonnance ou loi s’impose pour corriger les anciennes lois, sources de dysfonctionnement et de désordre. Il faut clarifier : responsabilités, hiérarchies, compétences ; contrôles, inspections, renseignements. Autrement dit, qui fait quoi en Côte d’Ivoire, qui décide, qui exécute, où, quand, comment, avec quoi, avec qui, pour qui et contre qui ? L’heure est à la clarification et à la prééminence du droit. La plus grande réforme devrait passer par le rappel de l’importance du droit et de sa stricte observation.
Entretien réalisé par P.K
Monsieur Kouassi-Lenoir, vous êtes un expert des questions militaires. Quelles analyses faites-vous de la situation militaire actuelle, avec la création de la police militaire en vue de réprimer l’indiscipline ?
Merci, je saisis l’occasion pour vous souhaiter la bonne année ainsi qu’à l’ensemble des journalistes. Concernant la police militaire, il est bien de rappeler qu’elle n’est pas instituée pour les armées à problèmes, mais pour toute armée. Sa mission principale est de veiller à l’observation de la loi et à l’éthique militaire. Elle est essentielle dans un Etat de droit. Nous n’avons pas développé suffisamment cette discipline militaire y compris le contrôle de l’armée par le pouvoir civil. Ces graves négligences sont à l’ origine de nos problèmes actuels. Les hommes ont certes changé mais l’organisation est la même, le fonctionnement est le même.
Le système est demeuré le même. Le seul changement significatif est la révision des accords de défense. On retient que la France ne veut plus agir seule. Elle prend le devant en proposant de nouveaux accords de défense, cette fois dans un contexte de partenariat.
Le président de la République, dans un grand message, a donné les grandes lignes de la nouvelle politique de défense et de sécurité. Mais qu’est-ce qui, selon vous, bloque la mise en œuvre du programme présidentiel ?
La tâche du nouveau régime est immense. Nous n’avons plus d’armée. Il faut maintenant l’inventer, la ré-conceptualiser, la redéfinir, repenser les missions, et les moyens qui suivent.
Comment combiner cet ensemble de moyens en personnels, de moyens juridiques, institutionnels et organisationnels, de moyens techniques et matériels qui forment un système de défense et de sécurité. Ces moyens reposent avant tout sur des hommes et des femmes structurés dans des organisations qu’il faut adapter aux objectifs que l’on poursuit et aux menaces auxquelles on a à faire face. Ces menaces, faut-il aussi les connaitre et suivre leur évolution.
Vaste programme ?
Vaste chantier. Notre sécurité nationale ne se limite pas qu’à l’armée ou la police. Concernant la police d’ailleurs, il y a nécessité d’inventer un nouveau concept de police, le concept actuel est moyenâgeux. Le système judiciaire aussi est concerné par la réforme. La formation incomplète de nos juges est déjà un problème. Il y a des missions de service public de base qui participent fondamentalement à l’organisation de la défense nationale, les ignorer serait inadmissible. La réforme aujourd’hui exige un effort de méthode et d’imagination afin de se dégager des approches traditionnelles et routinières. Une vraie ordonnance ou loi s’impose pour corriger les anciennes lois, sources de dysfonctionnement et de désordre. Il faut clarifier : responsabilités, hiérarchies, compétences ; contrôles, inspections, renseignements. Autrement dit, qui fait quoi en Côte d’Ivoire, qui décide, qui exécute, où, quand, comment, avec quoi, avec qui, pour qui et contre qui ? L’heure est à la clarification et à la prééminence du droit. La plus grande réforme devrait passer par le rappel de l’importance du droit et de sa stricte observation.
Entretien réalisé par P.K