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Politique Publié le vendredi 20 janvier 2012 | Le Patriote

Crise postélectorale : Deux tueurs de Gbagbo entre les mains de la justice

Les caporaux Zézé Kabi Jean-Paul et Ouga Simplice ont été rattrapés par leur passé de tueurs. Ces deux militaires font partie du commando qui a abattu Coulibaly Mamadou et Beh Pogongnon Albert le lundi 11 avril 2011 à l’avenue 10 à Treichville. Ils ont été identifiés par Coulibaly Gnégnéri Mohamed, cousin de Coulibaly Mamadou et Ouattara Soualio, témoin du double meurtre. Le lundi 11 avril 2010 matin, aux environs 9 heures, un 4x4 noir stationne à l’avenue 8, rue 5. A bord, se trouvent des hommes en treillis. Six d’entre eux descendent du véhicule. Armes aux poings. Le commando se scinde en deux groupes. L’un se dirige se dirige vers l’avenue 10, rue 5. Tandis que l’autre groupe reste stationné à l’avenue 8, rue 5. A voir leur mine patibulaire, on se rend compte que ce ne sont pas des enfants de chœur. Leur intention est claire. Casser de l’opposant. Surtout qu’à la veille, la résidence des présidents de la République que Laurent Gbagbo avait transformée en bunker a été bombardée toute la nuit par les forces impartiales. C’est donc animé d’une haine profonde qu’ils arpentent les deux rues. Le premier groupe au niveau de la mosquée sénégalaise rencontre un groupe de jeunes dont font partie les deux victimes. Parmi se trouvent Coulibaly Gnégnéri Mohamed, le cousin de Coulibaly Mamadou, l’une des victimes. Le groupe est interpellé par les militaires. Coulibaly Mohamed, en retrait, sentant le danger, plonge en dessous d’une voiture. Ouattara Soualio qui est à quelques encablures de la mosquée sénégalaise se réfugie derrière un étal où il suit toute la scène. Les militaires, il sait ce que c’est. Lui qui a passé près de neuf mois dans les geôles de la refondation. En 2004, il a été arrêté à M’Bahiakro et conduit à Abidjan où il a passé près de neuf mois où il a été chaque jour torturé. Mais il a réussi un jour au cours d’un de ses nombreux transfèrements, à échapper à ses geôliers. On l’accusait d’être un «rebelle» qui venait infiltrer Abidjan pour attaquer le régime. C’est au cours de cette période douloureuse qu’il a connu Ouga Simplice, l’un de ses bourreaux, qui était en poste au ministère de la Défense à l’époque. Ce matin-là, il est à la fois surpris et apeuré de voir le caporal Ouga Simplice. «Vous là, venez ici», lance un des militaires. C’est le caporal Zézé Kabi Jean-Paul. Coulibaly Mamadou et Beh Albert qui n’ont pas pu se trouver une cachette sont pris au piège et sont obligés d’obtempérer. Ils viennent vers les hommes en arme. «Vos papiers», crie celui qui les a hélés. Ils lui remettent leurs cartes d’identité. «Coulibaly Mamadou, Beh Pogongnon. C’est les mêmes-là! Mettez-vous ici», vocifère-t-il avec un regard électrique et un rictus qui en dit long sur les sentiments qui l’animent. Le caporal Zézé dirige son arme une kalachnikov et lui tire dessus. Le pauvre est grièvement touché au bras. Il s’écroule et perd beaucoup de sang. Dans un dernier sursaut, il tente de relever pour fuir. Son assassin ne lui donne pas cette chance et l’achève d’une rafale. Beh Albert, quant à lui, est tétanisé parce qu’il vient de voir. Mais lorsque le caporal Zézé se retourne vers lui, il parvient toute de même à se mettre à genoux et le supplie de ne pas le tuer. Le militaire s’avance vers lui, plante le canon de sa Kalachnikov entre le cou et l’épaule de Beh Albert et déclenche le tir. Le sang gicle d’un seul coup. Le jeune homme meurt avant même de toucher le sol. Coulibaly Mohamed, sous la voiture, voit tuer ses camarades, impuissant. Ouattara Soualio de sa cachette n’a rien raté des deux exécutions. Après leur forfait, les militaires remontent dans leur véhicule et quittent tranquillement les lieux. Les parents des victimes viennent récupérer les corps avant qu’ils ne soient brûlés. Les amis de deux victimes prennent des photos des dépouilles. On tente d’emmener les deux cadavres au CHU de Treichville. Mais l’hôpital est encore sous le contrôle des miliciens proches de Laurent Gbagbo. Le lendemain, après d’âpres combats, il est libéré. Les deux corps sont déposés à la morgue. Neuf mois plus tard, le dimanche dernier, le caporal Ouga Simplice vient voir une connaissance à la Garde républicaine. Il est aussitôt reconnu par Ouattara Soualio qui y est pour un stage. Celui-ci court alerter la famille des deux victimes qui habite à quelques pas de la caserne à la cité RAN. Le tueur est épinglé. Il tente dans un premier temps de mener en bateau les parents des victimes. Mais il est tout de suite désarçonné par le témoignage à propos de Ouattara Soualio. Il change alors de tactique et dénonce son complice, le caporal Zézé Kabi. Ce dernier est cueilli à Marcory INJS où il se cachait. Hier dans les locaux de la gendarmerie de Treichville Arras, où ils ont été auditionnés en présence de Me Coulibaly Soungalo, avocat des parents des victimes, ils sont passés aux aveux. La mère de Coulibaly Mamadou que nous avons rencontrée dans les locaux de la gendarmerie de Treichville Arras ne demande qu’une seule chose: «Que justice soit rendue. Mon fils ne va pas ressusciter. Mais, c’est tout ce que je demande».
Jean-Claude Coulibaly
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