Pour célébrer les 50 ans d’indépendance, l’Ambassade de la République du Tchad a initié des festivités dont une conférence-débat sur le thème « L’évolution politique et diplomatique du Tchad depuis l’indépendance » dans les locaux de l’hôtel Novotel Abidjan-Plateau. Selon le conférencier, SEM Moussa Mahamat Dago, Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères du Tchad, l’arrivée de Idriss Déby Itno au pouvoir dans les années 90 a permis au Tchad des avancées telles que le retour du pays au sein du concert des nations, la restauration de la stabilité politique et la restructuration de l’Armée tchadienne. « Les Tchadiens ont connu leur crise d’adolescence et aussi leur printemps à leur manière. Nous avons connu la guerre et nous ne voulons plus que cela se répète », a-t-il confié. Répondant aux interrogations de journalistes relatives à l’implication de la France et de la Libye dans les crises tchadiennes, le journaliste-diplomate tchadien a tranché que les deux pays suscités ont agi selon leurs intérêts. « Je ne pense pas que la France ait fait de la déstabilisation au Tchad. S’agissant du dossier Hissène Habré », le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères du Tchad a déclaré que l’ancien homme fort du Tchad (1983-1990) qui a été renversé le 2 décembre 1990 a exercé « huit ans de pouvoir extrêmement dur sur le Tchad ». Pour lui, les autorités tchadiennes ainsi que tout le peuple tchadien souhaitent « que la justice soit rendue ». A l’en croire, afin de procéder à l’extradition de Hissène Habré en exil au Sénégal vers la Belgique (Ndlr : des poursuites judiciaires contre lui sont engagées en Belgique en application de la loi de compétence universelle qui, bien qu’abrogée en 2003, s’applique dans ce cas puisque certains plaignants ont acquis la nationalité belge), les autorités tchadiennes ont investi environ deux milliards de francs CFA. « Nous ne comprenons pas pourquoi les autorités sénégalaises font piétiner le dossier Hissène Habré », s’est demandé SEM Moussa Mahamat Dago. En ce qui concerne la limitation des mandats présidentiels, l’universitaire-diplomate a confessé ceci : « Ce sont les parlementaires tchadiens eux-mêmes qui ont décidé de sauter les verrous de deux ans que prévoyait la constitution tchadienne pour permettre au président Idriss Déby Itno se présenter autant de fois. Et à chaque fois, le peuple lui a réitéré sa confiance ». Et de poursuivre : « Mais cela ne fait pas du Tchad un pays où règne l’arbitraire. La démocratie règne au Tchad et la liberté de presse aussi. Jamais un journaliste n’a été emprisonné pour ses opinions ». Si le Tchad est un pays regorgeant de nombreuses potentialités économiques (bientôt le 5è pays africain en matière de pétrole parce que de nouveaux puits à forage ont été découverts et seront exploités en 2012 et un nouveau code d’investissement adopté en 2008) et touristiques, il n’en demeure pas moins que, selon le conférencier SEM Moussa Mahamat Dago, quelques difficultés liées aux moyens de télécommunications ; d’où il préconise aux autorités tchadiennes une facilité des liaisons d’accès en désenclavant le Tchad. Pour clore son argumentaire, SEM Moussa Mahamat Dago, Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères du Tchad, a révélé que les prochains défis de son pays restent la stabilité politique. « Les autorités au pouvoir ont demandé à la classe politique que le règlement des problèmes se fasse par le dialogue. Tout le monde est fatigué de la guerre. Même les héros sont aussi fatigués », a-t-il conclu. La conférence-débat s’est achevée par une exposition photos. Entamées le 18 janvier dernier, les festivités de commémoration du cinquantenaire tchadien se terminent aujourd’hui – 20 janvier 2012 par une réception officielle.
Patrick Krou
Patrick Krou