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Économie Publié le jeudi 26 janvier 2012 | Soir Info

Réforme de la Filière café - cacao / L’État s`installe en douceur : Le piège qui guette les producteurs ivoiriens

Annoncée par le Président de la République, la réforme de la filière café – cacao a connu sa phase décisive depuis le 16 janvier dernier, date de la création juridique du Conseil de régulation, de stabilisation et de développement de la filière café-cacao ou Conseil du Café-cacao. Pièce-maitresse d'un rouage qui se veut déclencheur final de l'atteinte du point d’achèvement de l'Initiative d'allègement de la dette en faveur des Pays pauvres très endettés (Ppte), le Conseil du Café-cacao est tenu de mener des actions conséquentes. Au premier abord, le président du Conseil, Lambert Kouassi Konan, et son équipe ont du pain sur la planche. Cependant, à la réalité, leur tâche ne sera pas compliquée. Cela, parce que dans la forme, l’État est représenté à 50% dans le Conseil qui compte douze (12) membres. En sus, avec la réforme, c'est lui qui tient les rênes de la gestion de la filière café - cacao. En effet, en plus de la présidence, c'est encore l’État qui a la direction générale de l'organe. Autrement dit, dans la représentativité, l’État s'est installé en douceur sur la gestion de la filière café – cacao. Il sera forcément un soutien sans faille pour ses hommes. Des fonctionnaires ivoiriens justifient ce fait par la priorité accordée à l'Initiative Ppte. Selon eux, dans l'immédiat, le gouvernement ivoirien a un objectif prioritaire, celui d'atteindre le point d’achèvement de l'Initiative Ppte dans les meilleurs délais. Des milliers des milliards de francs Cfa sont attendus au bout de l'effort gouvernemental. Et, en la matière, la réforme de la filière café – cacao compte pour beaucoup dans le processus du programme économique approuvé par les bailleurs de fonds. Pas question donc de faire courir un quelconque risque à la Côte d'Ivoire qui attend depuis si longtemps un aboutissement heureux. Cependant, dans le fond de cette réforme, il y a problème. Ce, au regard du mandat de trois (3) ans du Conseil et des représentants nommés des paysans dans l'instance de la réforme de la filière café -cacao. L'histoire récente des remous dans la filière café – cacao occasionnés par les producteurs en Côte d'Ivoire a beaucoup appris sur l'importance que ceux-ci accordent à leur représentativité syndicale ou associative. Le mardi dernier 24 janvier, au 23ième étage de l'immeuble Caistab au Plateau, le ministre Coulibaly Sangafowa (Agriculture) l'a reconnu. «En ce qui concerne la représentativité des transformateurs et des exportateurs, il n'y a aucun problème. Ça peut se régler facilement. Par contre, au niveau de la représentativité des producteurs de café – cacao, il y a problème. Ils sont nombreux. Il y a une réforme en cours relativement à leur représentativité. Il y a un recensement en cours. Nous pourrons trouver des représentants élus après cette phase. Selon la loi, il doit exister une seule interprofession par filière », a fait savoir le ministre de l'Agriculture au cours d'une conférence de presse. Autrement dit, jusqu'à ce que cette élection soit faite et qu'ils ne soient élus, les trois (3) représentants des producteurs au sein du Conseil ne sont pas légitimes. Ce fait, selon des observateurs avertis, est un piège pour la communauté des producteurs. Parce que, disent-ils, même si les représentants des producteurs ne sont pas légitimes, ils ont été nommés « au titre du collège des Producteurs et à titre transitoire » par le chef de l’État. Aussi, nonobstant cette illégitimité, rien ne peut annuler leur mandat.

Légitimité café-cacao

Cela signifie que, même si le recensement s'achève dans les prochains jours - à moins que le chef de l’État ne prenne un décret spécial - les producteurs Yao Mé, Boa Bonzou et Koné Mamadou (administrateurs au Conseil du Café-cacao) ne pourront pas être remplacés par les futurs élus du peuple-producteur. A moins que les mêmes représentants ne soient élus. La probabilité qu'ils le soient est certes infirme, mais ne sait-on jamais. Dans tous les cas, quelles que soient les combinaisons possibles, ce sont eux qui parleront au nom des producteurs pendant les 3 années à venir. Et, le ministre Coulibaly Sangafowa a été clair à ce sujet : le Conseil du Café-cacao est définitif ; le mandat de ses membres est de 3 ans. A moins d'un cas de force majeure, cela signifie que la communauté des producteurs devra attendre la fin du mandat pour espérer voir ses élus dans le Conseil. A leur corps défendant donc, les producteurs qui auraient aimé une meilleure gouvernance à ce niveau devront prendre leur mal en patience. « Ils ne devront pas rentrer dans une logique de crise relativement à cette représentativité parce que c'est l'urgence de la réforme café-cacao et l'atteinte de l'Initiative Ppte qui ont conduit à la formation du Conseil du Café-cacao sans une élection. Mais dans tous les cas, les producteurs doivent savoir que la réforme est dans leur intérêt. La problématique est certes liée à l'initiative Ppte, mais l'objectif final, c'est d'améliorer et garantir le revenu du producteur », nous a confié, sous le couvert de l'anonymat, un spécialiste café-cacao. A propos de la réforme, le ministre a assuré que tout est mis en œuvre pour que le meilleur soit servi. « On a emprunté dans les deux systèmes (Ndlr : caisse de stabilisation et libéralisation) ce qui a marché », a fait noter le ministre de l'Agriculture. Autrement dit, la réforme ne sera ni une caisse de stabilisation ni une libéralisation.

Hermance K-N
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