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Société Publié le vendredi 27 janvier 2012 | L’Elephant Déchaîné

L’OSER et ses Radars : « Monsieur, vous êtes en excès de mensonge… »

«Stop vous êtes à 150km/h». –Ah oui ? Comment l’avez-vous su ? Pourriez-vous me faire voir le cliché ? «Non, pas ici, il faudrait aller au siège !» Tiens donc ! C’est au quotidien, de vrais miracles que réalisent sur nos routes les agents de l’Oser (Office ivoirien de la sécurité routière). Les victimes ? Ce sont les automobilistes dont les yeux sont aveuglés par le flash provenant d’appareils bien cachés parfois dans la forêt. Au départ, comme toujours, l’idée était séduisante. Protéger la vie des usagers des routes en dissuadant les automobilistes de faire du rallye. Mais aujourd’hui, plus le temps passe, plus ce sont les poches des automobilistes qui trinquent. Ce ne sont plus avec des appareils ultra-modernes que l’Oser opère sur les routes, mais très souvent, avec les yeux de lynx des gendarmes et policiers qui l’aident dans sa tâche sur les routes. Plus besoin donc de machines qui fonctionnent bien, les yeux de l’homme font l’affaire. Surtout que les Ivoiriens sont toujours si pressés qu’ils n’ont pas le temps de vérifier ce qui se passe et préfèrent mettre la main à la poche pour ne pas perdre le temps à bavarder. Ils sont de plus en plus nombreux, les automobilistes flashés sur l’autoroute qui doutent d’avoir dépassé un radar quand ils se sont fait arrêter quelques kilomètres plus loin. Au début, "les chauffards" et autres amoureux de la vitesse se faisaient prendre chaque jour, mais au fur et à mesure que le temps est passé, ils ont commencé à s’habituer à la présence du détecteur de vitesse. Les habitués des routes savent au préalable, les différents endroits et souvent, les jours où sortent les agents de l’Oser. Ils prennent donc toutes les dispositions pour ne pas se faire prendre. Une situation qui commençait sérieusement à affecter le niveau de vie des agents de l’Oser puisqu’elle impactait négativement leurs recettes journalières, dans un contexte affreux de lutte généralisée dit-on, contre le racket. Alors, ils ont réfléchi et trouvé la parade. A malin, malin et demi ? «Même quand tu roules à moins de 60 l’heure, les agents te sifflent et te disent que tu roules à plus de 60. Le plus grave, c’est que rien n’étaye cela. Lorsque tu demandes qu’on t’emmène là où se trouve l’appareil, ils répondent que ce dernier est très loin et qu’ils ne peuvent pas se déplacer et laisser leur poste. 2000 francs à payer ici ou au trésor», explique, rouge de colère, M. Koffi, automobiliste et victime de l’Oser. Une autre victime, M. Daléba Célestin, médecin de son état explique: «Je partais au village la semaine dernière avec mon épouse, quand j’ai été arrêté sur l’autoroute du nord par de curieux agents de l’Oser. Ils m’ont dit que le roulais à plus de 130 Km/h alors que j’étais sûr que je n’avais même pas dépassé 100 Km/h. j’ai voulu voir le cliché, ils m’ont répondu que je devais pour cela me rendre à un endroit dont je ne me souviens plus exactement le nom. J’ai demandé alors qu’on me montre à quel niveau se trouvait l’appareil avec lequel j’avais été flashé. Ils m’ont répondu que ça se trouvait loin derrière moi. J’ai demandé à l’un d’entre-eux de monter avec moi pour qu’on retourne voir. Ils m’ont répondu que la loi leur interdisait de faire une telle chose. Est-ce que c’est clair cette affaire ?». Mais bien sûr, quelle idée ! Certains usagers expliquent aussi que ces agents sifflent les véhicules au hasard des marques. «Ils t’arrêtent à cause de la marque de ta voiture en se fondant sur la puissance du moteur». Pas la peine de discuter avec eux. Un billet de 1000f ou de 2000 bien ajustés et le problème est réglé. Cet argent, bien sûr, est reversé dans les heures qui suivent, dans les caisses du Trésor, dans un maquis. Et n’allez pas imaginer que c’est du racket. C’est juste un arrangement qui fait gagner du temps à tout le monde. Et surtout n’allez pas exiger un reçu, ils vous feront perdre de votre temps et votre patience en haussant le ton pour vous pousser à bout. «Surtout qu’ils sont conscients que vous avez la possibilité de vous rendre à l’Oser pour avoir la preuve de ce qu’on vous reproche avant de payer. Donc ils font tout pour vous empêcher d’aller jusque là-bas», normal, puisque l’appareil n’a rien flashé. Parfois, ceux qui ont du temps arrivent à s’en aller après de longues disputes, sans rien payer. Mais généralement, les uns et les autres préfèrent s’arranger avec ces agents plutôt que d’aller perdre du temps au trésor. Au fait, combien rapportent ces radars à l’Etat chaque année ? Nul ne le sait. En France par exemple, en 2011, les radars ont rapporté 630 millions d’euros à l’Etat (environ 413 milliards de francs Cfa). Les radars en Côte d’Ivoire, vous avez dit excès de mensonges ?

Mireille Appini
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