L’opposition sénégalaise et la société civile significative réunie au sein du M23 (mouvement du 23 juin) n’entendent pas lâcher prise, en s’appuyant sur l’article 104 de la constitution, pour empêcher une troisième candidature d’Abdoulaye Wade, à la présidentielle. Entamées la semaine dernière, les manifestations contre Wade se multiplient de plus en plus avec à la clé trois morts. La posture de l’opposition sénégalaise est mal vue par des observateurs. Ceux-ci estiment que cette opposition doit plutôt concentrer ses énergies sur le scrutin du 26 février afin de s’assurer une victoire certaine. En clair, on demande aux adversaires du Chef de l’Etat sénégalais de déplacer le problème qui existe réellement. Ce qui peut être plus préjudiciable à cette opposition. Pourquoi s’engouffrer dans des compromis qui aboutissent généralement à des heurts plus meurtriers ? Laisser Abdoulaye Wade se présenter à la présidentielle du 26 février en foulant aux pieds la constitution, c’est créer les conditions d’une élection moins transparente, anti-démocratique, susceptible d’embraser le pays de la Teranga. Abdoulaye Wade, conformément à la constitution est-il éligible ou pas ? Là, réside toute la question qu’il faut débattre sans faux-fuyant. Selon l’article 104 de la constitution sénégalaise, alinéa 2, la limitation du mandat s'applique au président en exercice. Ce même article, précise en son alinéa 1 que la durée du mandat ne s’applique pas au Président en exercice. Raison pour laquelle, le Chef de l’Etat sénégalais malgré la modification de la durée du mandat qui est passé de sept ans à cinq ans, en 2011, a terminé, après son élection de 2000, ses sept années au pouvoir (2000-2007). Et à faire cinq ans au pouvoir, nonobstant la seconde modification du délai du mandat (qui est passé de cinq ans à sept ans en 2008). Même si l’article 27 indique que le passage du mandat de cinq ans à sept ans ne s'applique pas au Président en exercice, elle ne remet pas en cause les restrictions de l'article 104. Il ne faut pas créer la confusion entre le nombre de mandats à faire et la durée d’un mandat. Et c’est cette confusion que les proches de l’homme fort de Dakar évoquent pour divertir les uns et les autres. Au demeurant, l’opposition sénégalaise est en phase avec sa constitution et il faut l’encourager à aller jusqu’au bout. La stabilité du Sénégal en dépend. Combien de morts faut-il pour que la sagesse prévale et que Wade reconsidère sa position alors des chefs religieux commencent à prendre leurs distances.
R. Dibi
R. Dibi