Pour l’encasernement des ex-combattants, l’état-major a retenu un grand site à Yopougon qui accueille déjà plusieurs pensionnaires.
« Et le moral ? ». La réponse afirmative des soldats résonne comme un grondement de tonnerre dont l’écho retentit dans le lointain. Le colonel Soumahoro Gaoussou est au camp d’encasernement des ex-combattants affiliés aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) à Yopougon. Ce jeudi 2 février, l’officier est là pour l’installation du nouveau commandant du site. Le lieutenant Mamadou Tiéné, initialement commandant en second de l’ex-Gt 9 dirigé par le commandant Koné Gaoussou dit Jah Gao, succède au sergent-chef Cissette Fofana. Le colonel Soumahoro ordonne à son auditoire de reconnaître le nouveau chef. Il demande aux éléments de se comporter conformément à la déontologie de leur corps. L’armée, leur enseigne-t-il, a des règles que tous doivent respecter. Le commandant en second des forces terrestres indique à ceux qui ne peuvent pas obéir qu’ils ne seront pas acceptés.
Et, exhorte les chefs à créer les conditions d’une bonne organisation. Pour s’assurer que les ordres qu’il a passés, ont été compris, il jauge le mental des soldats. La réponse ne souffre d’aucun doute. Ils ont le moral ! Après l’ultimatum du président de la République, Alassane Ouattara, l’état-major a décidé d’encaserner les affiliés aux Frci sur un site unique. Le terrain occupé par des éléments de Yopougon à la Cité-verte est un cadre propice. Le site est en bordure de lagune. Environ deux mille cinq cents ex-combattants y sont regroupés sous quatre-vingt huit guitounes. Ils viennent de la quasi-totalité des communes d’Abidjan : Abobo, Gesco, Corridor Nord, Cocody, Vridi, Koumassi, etc. Les pensionnaires mènent une vie à cheval entre le militaire et le civil. Chaque matin, ils revêtent leurs tenues de corvée. A 7 heures, c’est le rassemblement obligatoire à la place d’armes pour le salut aux couleurs. Une fois les honneurs au drapeau national terminés, les troupes nettoient la cour, les toilettes, la cuisine sans oublier leurs dortoirs. Ensuite, ils peuvent vaquer à leurs occupations. « Le programme est très léger. Nous sommes dans une phase d’installation. Raison pour laquelle il n’y a pas beaucoup de choses pour occuper les éléments », explique un responsable des lieux.
Un camp en construction
En semaine, de temps à autre, des caporaux font faire des exercices aux troupes. Et, tous les samedis, c’est la séance de sport collective par compagnie. Ce jour, il est presque 11 heures. Certains devisent alors que d’autres font la lessive. « Je n’ai rien à faire. Je vais pêcher ! », lance un élément qui s’engouffre sous sa tente. Signe qu’on cherche vraiment de quoi passer le temps. Mais pour sortir du camp, il faut obligatoirement avoir une permission préalable des chefs. Pour arriver sur le site d’encasernement, il faut emprunter une piste poussiéreuse difficilement praticable. La présence d’un corridor indique que c’est là. La poussière ocre accompagne le visiteur jusqu’à l’intérieur du site. C’est un vaste terrain encore en chantier.
La clôture est construite à moitié du côté de l’entrée principale. Des maçons sont en plein travail pour terminer l’ouvrage. Les chefs et leurs hommes sont rassemblés à la place d’armes. L’espace, véritable symbole dans un camp militaire, est délimité par des pneus. Il est encore à l’état brut : ni gazon ni ciment. Lorsque le nouveau commandant donne l’ordre aux troupes de rompre les rangs après la cérémonie, un épais nuage de poussière se lève sous les pieds des soldats qui bougent tel un troupeau déchaîné. Sur instruction du colonel Soumahoro, le lieutenant Tiéné donne l’ordre à deux hommes de nous accompagner pour une visite du site. A l’entrée, à l’angle gauche, des guitounes blanches marquées de croix rouges sont dressées. C’est le bloc médical. Des lits sont installés. Mais il n’y a pas de médicaments. Les sanitaires des médecins sont en construction derrière leur lieu de travail. A proximité du dispensaire, il y a les tentes de la quatrième compagnie. Dans le prolongement des guitounes de ce groupe, il y a l’administration.
D’autres tentes de couleur beige servent de bureau aux chefs. L’une des tentes est affectée au Pnrrc. Du côté opposé, soit à la droite du visiteur, il y a les réfectoires des patrons. Des préaux construits avec un sous-bassement en briques, des piliers en fer et couverts d’une bâche couleur vert-treillis. La cuisine est juste derrière. Elle est construite avec la même sobriété. L’intérieur est carrelé. Il est visiblement bien entretenu. Deux solides gaillards et deux jeunes dames raclent le fond des marmites géantes qui ont servi à cuisiner le riz au gras qui sera bientôt servi au déjeuner. Non loin de là, les latrines de la cuisine. « Jeune garçon, va voir s’il y a quelqu’un dedans », ordonne notre guide à un élément qui n’est en réalité qu’une… fille. La demoiselle s’arrête à l’entrée et crie : « les filles, il y a quelqu’un ? » Pas de réponse. Nous pouvons entrer pour constater la propreté des lieux. Un peu plus loin, se trouve les abris des première, deuxième et troisième compagnies. Des guitounes de couleur vert-treillis leur servent de dortoirs. Des lits simples et des lits superposés meublent les tentes. Les toilettes des éléments sont achevées mais elles ne sont pas encore fonctionnelles. « J’aurais bien aimé vous présenter où nous allons nous soulager mais ce n’est pas joli à voir », rigole notre accompagnateur. Nous n’insistons surtout pas. L’espace non encore exploité est grand. Mais pas pour longtemps. Les patrons de l’armée prévoient des constructions en dur. Et la réalisation de terrains de sport. Ce qui devrait permettre aux hommes de mieux s’occuper.
Bamba K. Inza
« Et le moral ? ». La réponse afirmative des soldats résonne comme un grondement de tonnerre dont l’écho retentit dans le lointain. Le colonel Soumahoro Gaoussou est au camp d’encasernement des ex-combattants affiliés aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) à Yopougon. Ce jeudi 2 février, l’officier est là pour l’installation du nouveau commandant du site. Le lieutenant Mamadou Tiéné, initialement commandant en second de l’ex-Gt 9 dirigé par le commandant Koné Gaoussou dit Jah Gao, succède au sergent-chef Cissette Fofana. Le colonel Soumahoro ordonne à son auditoire de reconnaître le nouveau chef. Il demande aux éléments de se comporter conformément à la déontologie de leur corps. L’armée, leur enseigne-t-il, a des règles que tous doivent respecter. Le commandant en second des forces terrestres indique à ceux qui ne peuvent pas obéir qu’ils ne seront pas acceptés.
Et, exhorte les chefs à créer les conditions d’une bonne organisation. Pour s’assurer que les ordres qu’il a passés, ont été compris, il jauge le mental des soldats. La réponse ne souffre d’aucun doute. Ils ont le moral ! Après l’ultimatum du président de la République, Alassane Ouattara, l’état-major a décidé d’encaserner les affiliés aux Frci sur un site unique. Le terrain occupé par des éléments de Yopougon à la Cité-verte est un cadre propice. Le site est en bordure de lagune. Environ deux mille cinq cents ex-combattants y sont regroupés sous quatre-vingt huit guitounes. Ils viennent de la quasi-totalité des communes d’Abidjan : Abobo, Gesco, Corridor Nord, Cocody, Vridi, Koumassi, etc. Les pensionnaires mènent une vie à cheval entre le militaire et le civil. Chaque matin, ils revêtent leurs tenues de corvée. A 7 heures, c’est le rassemblement obligatoire à la place d’armes pour le salut aux couleurs. Une fois les honneurs au drapeau national terminés, les troupes nettoient la cour, les toilettes, la cuisine sans oublier leurs dortoirs. Ensuite, ils peuvent vaquer à leurs occupations. « Le programme est très léger. Nous sommes dans une phase d’installation. Raison pour laquelle il n’y a pas beaucoup de choses pour occuper les éléments », explique un responsable des lieux.
Un camp en construction
En semaine, de temps à autre, des caporaux font faire des exercices aux troupes. Et, tous les samedis, c’est la séance de sport collective par compagnie. Ce jour, il est presque 11 heures. Certains devisent alors que d’autres font la lessive. « Je n’ai rien à faire. Je vais pêcher ! », lance un élément qui s’engouffre sous sa tente. Signe qu’on cherche vraiment de quoi passer le temps. Mais pour sortir du camp, il faut obligatoirement avoir une permission préalable des chefs. Pour arriver sur le site d’encasernement, il faut emprunter une piste poussiéreuse difficilement praticable. La présence d’un corridor indique que c’est là. La poussière ocre accompagne le visiteur jusqu’à l’intérieur du site. C’est un vaste terrain encore en chantier.
La clôture est construite à moitié du côté de l’entrée principale. Des maçons sont en plein travail pour terminer l’ouvrage. Les chefs et leurs hommes sont rassemblés à la place d’armes. L’espace, véritable symbole dans un camp militaire, est délimité par des pneus. Il est encore à l’état brut : ni gazon ni ciment. Lorsque le nouveau commandant donne l’ordre aux troupes de rompre les rangs après la cérémonie, un épais nuage de poussière se lève sous les pieds des soldats qui bougent tel un troupeau déchaîné. Sur instruction du colonel Soumahoro, le lieutenant Tiéné donne l’ordre à deux hommes de nous accompagner pour une visite du site. A l’entrée, à l’angle gauche, des guitounes blanches marquées de croix rouges sont dressées. C’est le bloc médical. Des lits sont installés. Mais il n’y a pas de médicaments. Les sanitaires des médecins sont en construction derrière leur lieu de travail. A proximité du dispensaire, il y a les tentes de la quatrième compagnie. Dans le prolongement des guitounes de ce groupe, il y a l’administration.
D’autres tentes de couleur beige servent de bureau aux chefs. L’une des tentes est affectée au Pnrrc. Du côté opposé, soit à la droite du visiteur, il y a les réfectoires des patrons. Des préaux construits avec un sous-bassement en briques, des piliers en fer et couverts d’une bâche couleur vert-treillis. La cuisine est juste derrière. Elle est construite avec la même sobriété. L’intérieur est carrelé. Il est visiblement bien entretenu. Deux solides gaillards et deux jeunes dames raclent le fond des marmites géantes qui ont servi à cuisiner le riz au gras qui sera bientôt servi au déjeuner. Non loin de là, les latrines de la cuisine. « Jeune garçon, va voir s’il y a quelqu’un dedans », ordonne notre guide à un élément qui n’est en réalité qu’une… fille. La demoiselle s’arrête à l’entrée et crie : « les filles, il y a quelqu’un ? » Pas de réponse. Nous pouvons entrer pour constater la propreté des lieux. Un peu plus loin, se trouve les abris des première, deuxième et troisième compagnies. Des guitounes de couleur vert-treillis leur servent de dortoirs. Des lits simples et des lits superposés meublent les tentes. Les toilettes des éléments sont achevées mais elles ne sont pas encore fonctionnelles. « J’aurais bien aimé vous présenter où nous allons nous soulager mais ce n’est pas joli à voir », rigole notre accompagnateur. Nous n’insistons surtout pas. L’espace non encore exploité est grand. Mais pas pour longtemps. Les patrons de l’armée prévoient des constructions en dur. Et la réalisation de terrains de sport. Ce qui devrait permettre aux hommes de mieux s’occuper.
Bamba K. Inza