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Art et Culture Publié le lundi 6 février 2012 | Notre Voie

Burida/ L’Etat ruse avec les créateurs

© Notre Voie Par DR
Photo d`illustration : Le siège du Bureau Ivoirien des droits d`auteur (BURIDA).
Le Burida est officiellement retombé, depuis vendredi, dans les serres de l’Etat, avec la mise en place d’un comité scientifique qui laisse dubitatif.
Deux jours après l’Assemblée générale extraordinaire du Burida, le samedi 28 janvier 2012 au Palais de la culture de Treichville, le ministre de la Culture et de Francophonie recevait en son cabinet, au Plateau, des membres du conseil d’administration. Ce fut l’occasion pour quelques uns d’entre eux de relever que la réunion s’est terminée en queue de poisson. Le lendemain c’était au tour du comité ad hoc fraichement mis sur pied par l’Age, de se rendre chez le locataire du 22ème étage de la Tour E. Au terme de leur son rendez-vous, Maurice Bandaman a annoncé, pour le jeudi suivant, une rencontre cette fois-ci, avec le conseil d’administration et le comité ad hoc réunis.

Sans autre forme de procès

Après avoir soutenu pour sa part que l’Age s’est plutôt bien déroulée, Léonard Groguhet avait promis au ministre le procès verbal de l’Age rédigé par le comité dont le comédien était le porte-parole. Comme l’avait si bien souligné Maurice Bandaman lui-même, cette rencontre de jeudi était placée sous le signe de l’apaisement, avant d’exhorter les sociétaires à plus de cohésion dans cette période de réconciliation nationale à l’issue incertaine.
Mais contre toute attente, le ministre a servi à ses hôtes un point de presse. Il annonçait la dissolution du conseil d’administration et l’annulation des résolutions de l’Age en raison de la confusion dans laquelle elle s’était terminée. Le ministre Bandaman a surtout sorti de sa poche le non moins controversé article 67 du décret n°2008-357 portant réforme du Burida. Comme raison fondamentale, il a évoqué un dysfonctionnement au sein du Burida. En Conséquence, il a proclamé un comité dit de réforme de l’institution. Tout le monde était ahuri. Les créateurs invités n’ont pas eu droit à la parole. Mais où se trouve le dysfonctionnement en question pour que, sans autre forme de procès, Maurice Bandaman ait recours à ce fameux article ? Est-ce parce qu’une Age s’est-elle terminée « en queue de poisson » qu’il y a dysfonctionnement ? D’ailleurs, avec ou sans assemblée, le Burida fonctionnait jusque-là. La tutelle, si elle tient tant au bonheur des artistes, n’avait qu’à leur laisser la chance de convoquer une deuxième Age afin qu’ils redressent la barre. Et le fait qu’il ait reconduit Irène Assa Viera pour une période six mois dans ses fonctions de directeur général intérimaire – avant même la tenue de l’Age, renforce davantage les soupçons selon lesquels il y a anguille sous roche.
D’ailleurs, sur quel rapport d’huissier le ministre Maurice Bandaman s’est-il appuyé pour invalider les résolutions d’une assemblée générale, somme toute souveraine ? Sur le dossier, on s’attend à ce que le ministre de la Culture éclaire les lanternes des Ivoiriens.

Ils ne connaissent rien en matière de gestion collective

Au niveau du Comité scientifique à forte coloration politicienne (Rhdp), personne, le gris-gris par lequel il prétend désormais exorciser le Burida, l’on note la présence d’Alpha Blondy, de Tiken Jah, de Meway...et d’A’Salfo. Certes, ils sont des artistes de grande notoriété. Mais que valent-ils dans le domaine de la gestion collective des droits d’auteur ou de la propriété intellectuelle ? Pas grande chose à espérer d’eux. Plus grave encore, ils n’ont jamais pris part à aucune réunion du Burida et ne connaissent rien en matière de gestion collective des droits d’auteurs. Certains d’entre eux se réclament même plus sociétaires de la Sacem que du Burida qu’ils considèrent comme un panier à crabes. Alors comment vont-ils s’y prendre ? Enorme mystère. De plus, ce comité comprend des personnes soupçonnées d’être trempées dans un scandale financier choque dont on ignore encore le dénouement.
En réalité, tout porte à croire que ce comité sera dirigé de mains de fer par Irène Assa Viera qui deviendra du coup une super patronne des créateurs. Il ne faut pas se leurrer, il s’agit d’une anesthésie locale avant des frappes chirurgicales de types nouveaux. En somme, si le ministre Bandaman pense défendre les intérêts des artistes, qu’il revienne à ses esprits. Il n’est pas encore tard. Les décisions qu’il vient de prendre ne feront que renforcer les divergences dans la grande famille des créateurs. Au lieu de colmater les brèches, Maurice Bandaman cultive la méfiance. Un ministre ne doit pas ramer à contre courant. A l’épreuve du « Vivre ensemble », slogan de campagne du Rdr à la présidentielle de novembre 2010, on doit se mettre au-dessus de la mêlée.

Schadé Adédé
schadeci@yahoo.fr
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