La situation était explosive dimanche 12 et hier lundi 13 février, dans la localité d`Arrah, à quelques kilomètres de Bongouanou. De violents affrontements y ont en effet opposé les populations autochtones aux éléments des Frci, qui y sont installées. Ces affrontements ont viré en violences inter-ethniques, entre des allogènes nordistes se reconnaissant dans les Frci et les fils du terroir. Selon des habitants que nous avons joints sur place, tout est parti d`un mouvement de ras-le-bol des populations autochtones, qui ont voulu mettre fin au diktat des éléments des Frci déployés dans la région. D`autant plus que dans le Moronou, les Frci s`étaient déjà retirées de M`Batto et Kotobi, les jeunes autochtones affirmaient ne pas comprendre que ces militaires, qui leur mènent la vie dure, soient encore dans leur localité. Excédés par le racket, les intimidations et humiliations subis de ces éléments, les autochtones ont choisi ce dimanche-là pour réclamer leur départ de la ville. Surtout qu`une décision officielle de l`Etat a mis fin, depuis des mois, aux errements des ex-combattants de la crise ivoirienne sur l`ensemble du pays. Tôt le matin, les manifestants décident de converger vers le camp situé à l`entrée de la ville sur l`axe Arrah-Daoukro. Parvenus au quartier des allogènes, ils sont interceptés par ceux-ci. Très vite, les esprits s`échauffent. Les échanges tournent à la bagarre entre ceux qui ont pris fait et cause pour les Frci et les populations qui leur sont hostiles. Par la suite, les affrontements vont virer en un conflit inter-ethnique. Le grand marché de la ville est incendié, des magasins et boutiques pillés et dévastés. La circulation est du coup paralysée. Les populations se terrent chez elles. La voie principale reliant Arrah à Abidjan et aux autres localités telles que Bongouanou, Mbatto, est coupée à la circulation. Informé de la situation, le chef d`état-major général Soumaïla Bakayoko sollicite la médiation d`un officier, fils du terroir. Selon des témoins joints sur place, Ange Kessi, intervient pour demander aux jeunes autochtones de surseoir à leur manifestation, tout en leur faisant comprendre que des voies plus autorisées existent pour faire aboutir leur requête. Peine perdue, puisque les affrontements feront un mort dimanche dernier, selon la gendarmerie et plusieurs blessés, dont des cas graves. Alors qu`on croyait les événements en voie d`être circonscrits, suite à l`intervention du Commissaire du Gouvernement, mais également, à une interposition d`un détachement de l`ONUCI arrivé dans la ville, la situation va davantage se dégrader le jour suivant, c`est-à-dire hier, lundi. Au dire de plusieurs témoins joints par téléphone, les événements ont pris des proportions fort inquiétantes. En effet, un renfort des Frci venus de Daoukro est venu raviver la tension en prêtant main forte à leurs frères d`armes. On a alors assisté à une course poursuite à travers les quartiers de la commune. Dans la foulée, le roi Nanan Tehua II est séquestré pendant une vingtaine de minutes et sa résidence dévastée et incendiée. Des domiciles des cadres sont également attaqués. Cette situation électrique contraint les populations autochtones à se barricader chez elles, refusant même de répondre au téléphone. D`autres ont préféré prendre la poudre d`escampette nuitamment pour tenter de se mettre à l`abri loin du théâtre des affrontements en trouvant refuge dans des localités environnantes comme Kotobi ou Andé. Selon des sources médicales, le nombre de morts est ainsi passé de 1 à 4 hier lundi, peu avant 15h. C`est la communauté Agni qui aura payé le plus lourd tribut à ces violences. Au moment où nous mettions sous presse, la tension restait toujours vive, selon des habitants joints par téléphone. Beaucoup avaient fui la ville par les brousse, tentant l`exode vers les villages voisins.
Assane NIADA
Assane NIADA