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Société Publié le mardi 14 février 2012 | L’expression

Soulèvement dans le Moronou / Les camps des Frci attaqués, 3 mort, plusieurs blessés

Des affrontements violents ont éclaté ce week end dans la localité d’Arrah entre populations et éléments Frci postés dans cette ville. Ces violences ont fait trois morts et plusieurs dégâts matériels.

Après Vavoua, Sikensi et Dabou, les soulèvements contre les Forces républicaines de Côte d’Ivoire se succèdent et se multiplient. La région du Moronou vient de signer son entrée dans la danse. Les localités de Kotobi et d’Arrah ont été le théâtre de violents affrontements entre les populations et les éléments des Frci basés dans ces deux villes de l’ancienne boucle du cacao. Depuis la semaine dernière, les jeunes de Kotobi et d’Arrah, ‘‘surexcités’’, révèle notre source, ont attaqué et incendié les bases des cantonnements des Frci. Mais au petit matin du dimanche, la situation a dégénéré. Après les Frci, les jeunes autochtones se sont également attaqués aux communautés allochtones. Hier, c’était au tour de la communauté allogène, principalement les Malinké d’attaquer les autochtones Agni qui ont même commencé à fuir la ville pour trouver refuge à Bongouanou ou dans les villages. Comme dans les autres villes où il y a eu ce type de soulèvement, c’est un fait banal qui a mis le feu aux poudres. Selon les témoignages recueillis auprès d’un habitant au cœur des événements, tout est parti d’une altercation entre un élément Frci et un jeune autochtone dans un débit de boisson communément appelé ‘‘Tchapalodrôme’’. Nos sources dévoilent que l’homme en tenue, venu de Bondoukou pour se traiter auprès d’un vieux guérisseur, aurait menacé « d’arroser » le jeune avec qui il a eu la dispute. Outrés par cette menace, les compagnons de beuverie de ce dernier ont, à leur tour, menacé l’élément venu de Bondoukou avant de faire une descente musclée chez son tuteur de guérisseur. Après la perquisition, les jeunes découvrent une kalachnikov appartenant à l’élément venu du Zanzan. Après cette découverte, les jeunes demandent de façon expresse, le départ de leur ville de cet élément, et par extension du détachement des Frci basés à Kotobi. Devant le refus des hommes en arme, les jeunes mettent à sac le poste des Frci avant de l’incendier. Les éléments de ce camp n’ont eu leur salut qu’en prenant la poudre d’escampette pour se refugier auprès de leurs frères d’arme dans la localité voisine d’Arrah. Après cette crise du ‘‘Tachapalo’’, l’élément venu de Bondoukou, par qui tous les malheurs sont arrivés, a été sommé de regagner son Zanzan natal. Les jeunes d’Arrah, ayant certainement reçu le message de leurs frères de Kotobi, à leur tour, font depuis mardi le siège de la base des Frci, située au quartier Ceg, à quelques encablures du domicile du commissaire du gouvernement, Ange Kessy, fils du village. Cette fronde a atteint son paroxysme dimanche où les jeunes, qui demandaient initialement le départ des 7 éléments ‘‘indésirables’’ chassés de Kotobi, ont exigé en fin de compte le départ pur et simple de tous les Frci de leur ville et aussi de Touré Issa, commissaire politique Rdr d’Arrah, qui n’a eu son salut qu’en se refugiant dans le cantonnement des militaires. A coup de pierres, de machette et de fusil calibre 12, ces jeunes ont effectué une descente sur la base militaire. Notre source précise qu’au sein des frondeurs, certains avaient des kalachnikovs, des pistolets automatiques, des fusils à pompe et d‘autres types d’armes. Face à la résistance des Frci, les jeunes Agnis effectuent une descente dans le marché et commencent à s’attaquer à la communauté malinké qu’ils accusent d’être de mèche avec les Frci. Plusieurs magasins partent en fumée. Les jeunes Dioula organisent la riposte et s’attaquent à leur tour aux biens des populations autochtones. La situation devient explosive. Sur le champ, des renforts arrivent de Bongouanou, M’Bahiakro et Daoukro pour calmer la situation. Il a fallu l’imminence du match des Eléphants contre la Zambie pour que la tension baisse. Hier, alors que tout le monde croyait l’incident clos, les jeunes de la communauté Malinké qui ont leurs magasins incendiés la veille au marché ont décidé de se venger en s’attaquant aux biens des autochtones Agni. Plusieurs résidences des cadres sont incendiées dont celles de Kouamé Oi Kouamé, N’Guessan Ahondjon, le foyer des jeunes appartenant à Ange Kessy et la résidence du chef de la tribu Ahua. Le bilan de ces affrontements est lourd. Djebré Moussa, un jeune de 19 ans, a été tué par balle. Mais au cours des affrontements d’hier, l’on annonce que deux autres personnes ont été tuées, ce qui porterait le nombre de morts à trois et sept blessés par balle. Au moment où nous mettions sous presse, nos sources révèlent que les populations continuaient de fuir les affrontements pour trouver refuge à Bongouanou ou dans les villages.

Kra Bernard
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