La question mérite d’être posée tellement elle soulève les passions et divise les panafricains et les intellectuels. Nicolas Sarkozy serait devenu pendant son premier quinquennat pour certains l’ennemi des Africains et pour d’autres l’ami qu’on veut voir réélire pour un second mandat à la tête de la France. Laurent Gbagbo qui n’avait jamais été en odeur de sainteté ni avec Jacques Chirac – qui l’empêchait de dormir – ni avec Nicolas Sarkozy jusqu’à sa chute le 11 avril 2011, n’avait peut-être pas tort de comparer en son temps la situation de crise qui a prévalu dans son pays à un western « macaroni ». Lui qui disait que le héros avait toujours le dernier mot sur les bandits à la fin du film.
Comme on le voit, dans ce scénario ivoirien tel que imaginé par Laurent Gbagbo, himself, c’est bien Nicolas Sarkozy qui a eu le dernier mot. C’est donc bien lui, le héros qui a mis sous le verrou les hors-la-loi en Côte d’Ivoire. Le chef de file de l’ancien régime ivoirien qui s’est mesuré dans un duel à mort qui a tourné en sa défaveur n’est-il pas incarcéré dans le quartier pénitentiaire de la CPI, la fameuse prison de Scheveningen située dans les faubourgs de La Haye ?
Le moins qu’on puisse dire du premier quinquennat de Nicolas Sarkozy, c’est qu’il s’est assigné pour mission de débarrasser des tropiques ses dictateurs et les ennemis de la démocratie. A tout point de vue, le bilan de son rayonnement international est incontestable. Tous les dirigeants qui ont voulu se mettre au travers des intérêts de la France voire du nouvel ordre mondial ont trouvé sur leur chemin « Sarkozy ou le complexe de Zorro.» Pour emprunter le titre de l’ouvrage de Claude Allègre, l'ancien ministre de l'Education de Lionel Jospin qui a dressé le bilan du quinquennat de l’actuel locataire de l’Elysée dans son dernier ouvrage. « Il a été incontestablement un leader, et même un leader international » écrit-il.
Ceux qui scrutent les faits et gestes de Sarkozy sous le prisme de la françafrique devraient certainement changer de lentille pour voir l’évolution du monde autrement. Il faut désormais lire les relations entre l’ancienne puissance coloniale et ses ex-colonies sous le prisme des exigences de la démocratie, de la mondialisation et du nouvel ordre mondial qui ne tolèrent plus les dérives des régimes dictatoriaux, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les violations des droits de l’homme, la confiscation du pouvoir au mépris des principes fondamentaux de la démocratie (…)
Vu sous cet angle, Nicolas Sarkozy ne peut donc pas être l’ami de ces dirigeants qui pensent qu’ils ont droit de vie et de mort sur leurs concitoyens. Ou encore, qu’ils ont le droit de piller impunément les richesses de leur pays au détriment des populations. Le monde est devenu ce gros village où il n’est plus permis de faire n’importe quoi au su et au vu de tous sans que le voisin ne réagisse.
Lors du 25e Sommet Afrique France qui s’est tenu en mai-juin 2010 à Nice, le président français s’adressant à ses pairs, avait planté le décor. « Je sais que d'aucuns se sont interrogés sur l'opportunité qu'il y a à nous réunir à échéances régulières dans ce format. Un Sommet Afrique-France, pour quoi faire ? Est-ce encore utile ? Ne faut-il pas y voir, de la part de la France, l'expression, comment le dire d'une forme de néo-colonialisme ? Ou encore la volonté d'entretenir, par la perpétuation d'un rite qui serait devenu désuet, l'illusion d'un rôle révolu ? » Une série de questions à laquelle chaque dirigeant était invité à répondre afin de définir le nouveau cadre des relations entre la France et le continent.
Nicolas Sarkozy, lui-même, a apporté ses propres réponses. «Ce qui fonde notre conviction, c'est la claire conscience que nos destins sont indissolublement liés. L'échec de l'Afrique serait le drame de l'Europe. L'Europe et la France, nous avons un intérêt majeur à la réussite de l'Afrique. La nouvelle relation franco-africaine que j'appelle de mes vœux, je la veux décomplexée et c'est pour cela que j'ai voulu poser la question du pourquoi un sommet France- Afrique dès le début, décomplexé. Il n'y a pas d'un côté des grands pays, de l'autre des petits, mais des partenaires qui ont des intérêts à défendre, des points de vue à faire valoir, sur la base d'une relation d'égalité et tournée vers le futur. Dieu que nous avons passé du temps à évoquer le passé alors que nous avons tant à faire pour construire l'avenir, bien sûr en tirant les leçons de ce passé…Oui, il existe entre la France et l'Afrique une relation particulière qui ne se substitue à aucune de celles que votre continent entretient avec d'autres pays et qui n'est soluble non plus dans aucune autre…Je suis intimement convaincu qu'il n'est plus possible d'évoquer les grandes questions du monde sans la présence de l'Afrique. »
Autre acte majeur à mettre à l’actif du quinquennat de Nicolas Sarkozy, l’ami des Africains et non l’ennemi, c’est sa politique internationale déployée auprès des autres puissances mondiales pour faire élire un ou deux Etats africains au nombre sacrés-saints des pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu. Cette diplomatie volontaire serait en très bonne voie. Pour ce faire, elle a besoin d’être suivie et poursuivie par son initiateur pour ne pas qu’elle soit rangée aux calendres grecques.
« L'Afrique est notre avenir. Longtemps en marge, le continent africain s'impose chaque jour davantage comme un acteur absolument majeur de la vie internationale…Aucun, absolument aucun des grands problèmes auxquels notre monde est confronté ne pourra trouver de solution sans la participation active du continent africain. Si l'on se dit l'ami de l'Afrique, alors il faut être prêt à faire une place à l'Afrique dans la gouvernance mondiale. Le continent africain doit occuper, dans les enceintes qui traitent de ces sujets, toute la place qui lui revient, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Nous ne pouvons plus gérer le monde du 21ème siècle avec les institutions du 20ème. C'est une question de légitimité, et d'efficacité, le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit être réformé. Et, il est absolument anormal que l'Afrique ne compte aucun membre permanent du Conseil de Sécurité » avait défendu Nicolas Sarkozy.
Quand un dirigeant d’un des pays les plus puissants du monde tient un tel discours, défend autant un continent méprisé par les autres puissances occidentale, qu’est-ce qu’on a à s’apitoyer sur le soi-disant discours de Dakar. Cette déclaration que d’aucuns ont trouvé blessante, provocatrice, et quoi encore. Elle devrait plutôt éveiller notre conscience, fouetter notre orgueil. Et certainement nous pousser à nous demander, qu’avons-nous fait de nos cinquante ans d’indépendance. La réponse : rien.
Le bilan de notre demi-siècle d’existence en tant que des Nations affranchie et indépendantes, fait honte. Nous avons passé le clair de notre temps à nous entretuer, à dilapider nos ressources, à sacrifier nos intellectuels sur l’autel de la médiocrité, à vider les caisses de nos Etats pour assouvir notre appétit égocentrique insatiable au mépris des besoins les plus élémentaires des populations.
La gabegie, le népotisme, le tribalisme, sont les valeurs les mieux partagées sous nos pays. Arrêtons de nous en prendre aux autres et d’accuser les autres.
Comment comprendre qu’en ce 21ème siècle, l’on meurt encore de faim sur un continent où la nature a été plus que généreuse que nulle part ailleurs. Nous continuons de tendre la main alors que nous avons tout pour réussir et peut-être nous imposer dans le concert des nations.
Qu’avons-nous fait pour nous faire respecter ? Qu’avons-nous fait pour notre jeunesse et pour les générations à venir ? Encore rien. C’est pourquoi notre jeunesse désespérée est obligée de partir à l’aventure dans des embarcations de fortunes qui échouent en pleine mer sans que cela ne nous émeuve. L’exode des Africains qui fuient la misère de leur pays parce que leurs dirigeants n’ont rien préparé pour leur avenir, cela ne choque personne évidemment.
Disons-nous la vérité. Quand une élection est organisée dans la transparence comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire et que le vaincu refuse de reconnaître sa défaite et oppose au verdict des urnes la guerre à ses adversaires, comment peut-on qualifier cette attitude d’un autre âge ? N’eût été l’intervention des forces onusiennes, et au premier plan les forces françaises de la Licorne, la Côte d’Ivoire serait à ce jour encore en guerre.
Que dire de cet autre chef d’Etat qui à 86 ans veut, vaille que vaille, briguer un troisième mandat en violation des droits fondamentaux de son pays alors que la rue gronde et réclame le retrait de sa candidature. Alors que les ingrédients sont réunis pour que le Sénégal bascule dans la violence généralisée, Abdoulaye Wade continue de narguer son peuple et les dirigeants du monde qui en appellent à sa sagesse. Les manifestations de ces derniers jours ont déjà fait de nombreuses victimes.
Combien de morts Wade voudrait avoir sur la conscience avant d’abdiquer ? L’Afrique a besoin d’avoir des institutions fortes et non des hommes forts, sourds et récalcitrants. Arrêtons donc d’accuser l’occident de nos malheurs. Nous en sommes les principaux responsables. « L’ennemi de l’Afrique ce sont les Africains » chante la star internationale du Reggae, Alpha Blondy.
Clément Yao
Comme on le voit, dans ce scénario ivoirien tel que imaginé par Laurent Gbagbo, himself, c’est bien Nicolas Sarkozy qui a eu le dernier mot. C’est donc bien lui, le héros qui a mis sous le verrou les hors-la-loi en Côte d’Ivoire. Le chef de file de l’ancien régime ivoirien qui s’est mesuré dans un duel à mort qui a tourné en sa défaveur n’est-il pas incarcéré dans le quartier pénitentiaire de la CPI, la fameuse prison de Scheveningen située dans les faubourgs de La Haye ?
Le moins qu’on puisse dire du premier quinquennat de Nicolas Sarkozy, c’est qu’il s’est assigné pour mission de débarrasser des tropiques ses dictateurs et les ennemis de la démocratie. A tout point de vue, le bilan de son rayonnement international est incontestable. Tous les dirigeants qui ont voulu se mettre au travers des intérêts de la France voire du nouvel ordre mondial ont trouvé sur leur chemin « Sarkozy ou le complexe de Zorro.» Pour emprunter le titre de l’ouvrage de Claude Allègre, l'ancien ministre de l'Education de Lionel Jospin qui a dressé le bilan du quinquennat de l’actuel locataire de l’Elysée dans son dernier ouvrage. « Il a été incontestablement un leader, et même un leader international » écrit-il.
Ceux qui scrutent les faits et gestes de Sarkozy sous le prisme de la françafrique devraient certainement changer de lentille pour voir l’évolution du monde autrement. Il faut désormais lire les relations entre l’ancienne puissance coloniale et ses ex-colonies sous le prisme des exigences de la démocratie, de la mondialisation et du nouvel ordre mondial qui ne tolèrent plus les dérives des régimes dictatoriaux, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les violations des droits de l’homme, la confiscation du pouvoir au mépris des principes fondamentaux de la démocratie (…)
Vu sous cet angle, Nicolas Sarkozy ne peut donc pas être l’ami de ces dirigeants qui pensent qu’ils ont droit de vie et de mort sur leurs concitoyens. Ou encore, qu’ils ont le droit de piller impunément les richesses de leur pays au détriment des populations. Le monde est devenu ce gros village où il n’est plus permis de faire n’importe quoi au su et au vu de tous sans que le voisin ne réagisse.
Lors du 25e Sommet Afrique France qui s’est tenu en mai-juin 2010 à Nice, le président français s’adressant à ses pairs, avait planté le décor. « Je sais que d'aucuns se sont interrogés sur l'opportunité qu'il y a à nous réunir à échéances régulières dans ce format. Un Sommet Afrique-France, pour quoi faire ? Est-ce encore utile ? Ne faut-il pas y voir, de la part de la France, l'expression, comment le dire d'une forme de néo-colonialisme ? Ou encore la volonté d'entretenir, par la perpétuation d'un rite qui serait devenu désuet, l'illusion d'un rôle révolu ? » Une série de questions à laquelle chaque dirigeant était invité à répondre afin de définir le nouveau cadre des relations entre la France et le continent.
Nicolas Sarkozy, lui-même, a apporté ses propres réponses. «Ce qui fonde notre conviction, c'est la claire conscience que nos destins sont indissolublement liés. L'échec de l'Afrique serait le drame de l'Europe. L'Europe et la France, nous avons un intérêt majeur à la réussite de l'Afrique. La nouvelle relation franco-africaine que j'appelle de mes vœux, je la veux décomplexée et c'est pour cela que j'ai voulu poser la question du pourquoi un sommet France- Afrique dès le début, décomplexé. Il n'y a pas d'un côté des grands pays, de l'autre des petits, mais des partenaires qui ont des intérêts à défendre, des points de vue à faire valoir, sur la base d'une relation d'égalité et tournée vers le futur. Dieu que nous avons passé du temps à évoquer le passé alors que nous avons tant à faire pour construire l'avenir, bien sûr en tirant les leçons de ce passé…Oui, il existe entre la France et l'Afrique une relation particulière qui ne se substitue à aucune de celles que votre continent entretient avec d'autres pays et qui n'est soluble non plus dans aucune autre…Je suis intimement convaincu qu'il n'est plus possible d'évoquer les grandes questions du monde sans la présence de l'Afrique. »
Autre acte majeur à mettre à l’actif du quinquennat de Nicolas Sarkozy, l’ami des Africains et non l’ennemi, c’est sa politique internationale déployée auprès des autres puissances mondiales pour faire élire un ou deux Etats africains au nombre sacrés-saints des pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu. Cette diplomatie volontaire serait en très bonne voie. Pour ce faire, elle a besoin d’être suivie et poursuivie par son initiateur pour ne pas qu’elle soit rangée aux calendres grecques.
« L'Afrique est notre avenir. Longtemps en marge, le continent africain s'impose chaque jour davantage comme un acteur absolument majeur de la vie internationale…Aucun, absolument aucun des grands problèmes auxquels notre monde est confronté ne pourra trouver de solution sans la participation active du continent africain. Si l'on se dit l'ami de l'Afrique, alors il faut être prêt à faire une place à l'Afrique dans la gouvernance mondiale. Le continent africain doit occuper, dans les enceintes qui traitent de ces sujets, toute la place qui lui revient, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Nous ne pouvons plus gérer le monde du 21ème siècle avec les institutions du 20ème. C'est une question de légitimité, et d'efficacité, le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit être réformé. Et, il est absolument anormal que l'Afrique ne compte aucun membre permanent du Conseil de Sécurité » avait défendu Nicolas Sarkozy.
Quand un dirigeant d’un des pays les plus puissants du monde tient un tel discours, défend autant un continent méprisé par les autres puissances occidentale, qu’est-ce qu’on a à s’apitoyer sur le soi-disant discours de Dakar. Cette déclaration que d’aucuns ont trouvé blessante, provocatrice, et quoi encore. Elle devrait plutôt éveiller notre conscience, fouetter notre orgueil. Et certainement nous pousser à nous demander, qu’avons-nous fait de nos cinquante ans d’indépendance. La réponse : rien.
Le bilan de notre demi-siècle d’existence en tant que des Nations affranchie et indépendantes, fait honte. Nous avons passé le clair de notre temps à nous entretuer, à dilapider nos ressources, à sacrifier nos intellectuels sur l’autel de la médiocrité, à vider les caisses de nos Etats pour assouvir notre appétit égocentrique insatiable au mépris des besoins les plus élémentaires des populations.
La gabegie, le népotisme, le tribalisme, sont les valeurs les mieux partagées sous nos pays. Arrêtons de nous en prendre aux autres et d’accuser les autres.
Comment comprendre qu’en ce 21ème siècle, l’on meurt encore de faim sur un continent où la nature a été plus que généreuse que nulle part ailleurs. Nous continuons de tendre la main alors que nous avons tout pour réussir et peut-être nous imposer dans le concert des nations.
Qu’avons-nous fait pour nous faire respecter ? Qu’avons-nous fait pour notre jeunesse et pour les générations à venir ? Encore rien. C’est pourquoi notre jeunesse désespérée est obligée de partir à l’aventure dans des embarcations de fortunes qui échouent en pleine mer sans que cela ne nous émeuve. L’exode des Africains qui fuient la misère de leur pays parce que leurs dirigeants n’ont rien préparé pour leur avenir, cela ne choque personne évidemment.
Disons-nous la vérité. Quand une élection est organisée dans la transparence comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire et que le vaincu refuse de reconnaître sa défaite et oppose au verdict des urnes la guerre à ses adversaires, comment peut-on qualifier cette attitude d’un autre âge ? N’eût été l’intervention des forces onusiennes, et au premier plan les forces françaises de la Licorne, la Côte d’Ivoire serait à ce jour encore en guerre.
Que dire de cet autre chef d’Etat qui à 86 ans veut, vaille que vaille, briguer un troisième mandat en violation des droits fondamentaux de son pays alors que la rue gronde et réclame le retrait de sa candidature. Alors que les ingrédients sont réunis pour que le Sénégal bascule dans la violence généralisée, Abdoulaye Wade continue de narguer son peuple et les dirigeants du monde qui en appellent à sa sagesse. Les manifestations de ces derniers jours ont déjà fait de nombreuses victimes.
Combien de morts Wade voudrait avoir sur la conscience avant d’abdiquer ? L’Afrique a besoin d’avoir des institutions fortes et non des hommes forts, sourds et récalcitrants. Arrêtons donc d’accuser l’occident de nos malheurs. Nous en sommes les principaux responsables. « L’ennemi de l’Afrique ce sont les Africains » chante la star internationale du Reggae, Alpha Blondy.
Clément Yao