Après cinquante années d’existence, la Société d’étude et de développement de la culture bananière (Scb) fait face aujourd’hui à une concurrence drastique, surtout en production d’ananas sur le marché européen. En effet, face au Costa Rica qui y commercialise une nouvelle variété d’ananas "Sweet" avec laquelle elle inonde pratiquement ce marché, la production ivoirienne traditionnelle de "cayenne lisse" s’en trouve évincée. "Actuellement, le marché européen de l’ananas s’élève à près de 800 000 tonnes, dont près de 100% sont fournis par la nouvelle variété et la part de la Côte d’Ivoire s’est malheureusement réduite à environ 50 000 tonnes", a reconnu Brice Anquetil, directeur de domaine de la plantation d’ananas d’Ono, dans le département d’Alépé. Une situation qui a poussé la Scb à une reconversion variétale de l’ananas en produisant aussi la même variété "Sweet", grâce à l’introduction de nouvelles méthodes de travail. Quant à la banane douce, sa production de qualité se heurte également à la compétitivité avec celle des pays de l’Amérique latine à côté desquels la Scb exporte, à elle seule, plus de 155 000 tonnes par an (jusqu’en 2011). Des performances que cette structure agricole cinquantenaire a, malgré tout, obtenues "grâce à ses choix stratégiques (recherche, maîtrise des techniques culturales), à ses efforts d’investissements lourds (30 milliards FCFA, par exemple, de 1999 à 2008), à l’amélioration de sa productivité, et à des normes environnementales et de qualité (certifications iso 14001, Global Gap, Tesco Nurture)", selon Belmondo Kouamé, directeur de domaine de Banacomoé, dans le département d’Abengourou. Filiale ivoirienne de la Compagnie fruitière, la Scb exploite un total de 3 500 ha de plantations de bananes pour une production annuelle de 195 000 tonnes. Albert Minatienni Coulibaly d’annoncer que sa structure a décidé de créer, pour les quatre prochaines années, 1500 ha de plantation de bananes supplémentaires dans la région de Tiassalé, avec plus de 1700 emplois. Cette structure agro-industrielle emploie un total de 5 500 travailleurs (cadres, agents de maîtrise, employés de bureau, ouvriers agricoles). Autant d’atouts, au total, qui font d’elle un réel partenaire au développement économique durable de la Côte d’Ivoire.
SYLVAIN TAKOUE
SYLVAIN TAKOUE