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Société Publié le mardi 21 février 2012 | Nord-Sud

Interdiction des travaux dangereux aux enfants Kafana peut-il sauver les mineurs ?

L’arrêté de la mi-janvier interdisant les travaux dangereux aux moins de 18 ans n’a pas encore fait effet. On retrouve toujours des gamins dans des secteurs d’activités où ils n’étaient pas censés être.


Le message n’est pas encore passé. Le travail des enfants résiste, constate le leader syndical de la Fédération des syndicats autonomes de Côte d’Ivoire (Fesaci), Traoré Dohia. « Des gamins travaillent dans les minerais à la recherche de l’or ou de diamant.  On les retrouve aussi comme mécaniciens, ferrailleurs, etc.», cite notre personne ressource. Il faut mentionner aussi les forgerons, les mécaniciens, les éboueurs… bref, tous les métiers qui résultent des activités de la ferraille. Le syndicat national des ferrailleurs de Côte d’Ivoire (Synasci), lui, dément utiliser des enfants dans ses ateliers. Un membre de la cellule de communication, joint au téléphone, réfute les propos rapportés plus haut : «  nous nous inscrivons en faux. Nous n’utilisons pas des enfants car notre travail n’est pas un travail d’enfant. Nous travaillons parfois avec des matériaux dangereux et même des produits chimiques à éloigner de la portée des enfants. Cependant, il ne faut pas considérer le fils qui vient aider son papa à l’atelier, après l’école, comme un petit travailleur. Ne ternissez pas l’image des ferrailleurs», s’offusque-t-il. Comme quoi, la question fâche, à cause de sa sensibilité. Mais le constat parle de lui-même. Les mineurs continuent de se livrer à des travaux dangereux. Le secteur informel est le plus visé. Il suffit de passer un quart d’heure dans nos marchés ou nos gares routières pour s’en convaincre.
Des fillettes encore dans la fleur de l’âge vous accostent. Toutes frêles et vulnérables, elles se proposent de porter vos bagages quel que soit leur poids. On les appelle les « tanties-bagages ». Tenez, cette scène de samedi à Abobo, gare d’Angré ! Il est 8h 30 minutes. Une fillette porte sur la tête une grande cuvette remplie de bananes plantains. Elle est ployée sur le poids de la charge. De grosses gouttes de sueur perlent de ses tempes. La scène est choquante. Quand on lui demande son âge, elle répond d’une voix puérile, « j’ai 8 ans ». On voit que le panneau interdit aux moins de 18 ans n’a pas d’effet ici. En Côte d’Ivoire, environ 1,5 million d’enfants de 5 à 17 ans sont impliqués dans les activités économiques, selon le Bureau international du travail. On constate que ces bambins n’ont pas la force physique (même morale) requise pour le travail concerné. Ce qui pose un problème de santé et de sécurité au travail. Cette raison a, sans doute, conduit le Comité interministériel de lutte contre le travail des enfants à interpeller l’opinion. Le ministre de l'Emploi, des Affaires sociales et de la solidarité, Gilbert Koné Kafana, qui préside ce comité, a dressé une liste des ''travaux dangereux interdits aux enfants de moins de 18 ans''.

Un emprisonnement
à vie prévu !
Selon son arrêté, l’interdiction porte sur ceux qui sont susceptibles de mettre en danger la vie de l'enfant ou le priver de l'opportunité de se rendre à l'école. Les enfants de moins de 18 ans devraient s’éloigner des entreprises où les travaux pourraient nuire à leur santé. Les enfants de moins de 16 ans ne devraient plus exercer des travaux domestiques et des travaux dans les galeries souterraines des mines et carrières. Mais, un mois après la prise du décret, la réalité perdure. Et les observateurs attendent des actions pertinentes. A quand la fin des travaux risqués pour enfants ? s’interrogent plus d’un. En réponse, nos interlocuteurs signalent que la phase de sensibilisation suit son cours. Le Système de suivi du travail des enfants (Sste) est l’un des principaux mécanismes pour l’identification précise des enfants en situation de travail. La phase pilote mise en œuvre dans les départements de Soubré, San Pedro, Daloa, Oumé, Adzopé et Abengourou, s’est limitée au secteur de la cacaoculture, il y a huit ans. Ce qui a permis de réinsérer près de 25 mille enfants dans les circuits de l’éducation et de la formation qualifiante, selon un document officiel. D’où l’urgence d’étendre cette expérience aux secteurs informels. Il est également prévu que le comité interministériel rende compte de ses activités au comité de surveillance des actions de lutte. Ce comité de surveillance, présidé par la Première dame, Dominique Ouattara, a officiellement lancé ses activités la semaine dernière. Il compte se réunir une fois par mois. A sa prochaine rencontre, les actions prioritaires seront rendues publiques. Toutefois, des moyens de répressions existent. Une loi datant de 2010 a pour objet de définir, de prévenir, de réprimer la traite et le travail dangereux des enfants et de prendre en charge les victimes. Parlant de travaux dangereux, la loi précise qu’il ne s’agit pas d’un coup de main donné à la maison ou à la ferme, ou les menus travaux pendant les vacances ou après l’école. Mais de travaux susceptibles de nuire à la santé physique ou mentale ou à la moralité des enfants ou encore, la traite, l’esclavage, la servitude pour dette, etc. Selon le code du travail, il est interdit d’employer les enfants de moins de 14 ans, même en tant qu’apprenti. En ce qui concerne les filles de maison,   le non-respect des dispositions réglementaires peut entraîner un emprisonnement à vie et des sanctions pécuniaires allant jusqu’à 5 millions de F Cfa. La Côte d’Ivoire est également signataire de plusieurs traités internationaux contre les pires formes de travail des enfants. Il faut donc vite décourager les têtus.


Nesmon De Laure
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