A l’ombre de la crise qui secoue la Mugefci, la souffrance des nombreux fonctionnaires qui ont, depuis toujours, du mal à se soigner. A quand la fin du calvaire des mutualistes ? Est-on tenté de demander.
C’est l’histoire d’une mutuelle qui, comme toute œuvre humaine, peine à répondre entièrement aux aspirations de ses adhérents. Les crises successives qui ont jalonné son existence sont la manifestation des frustrations mal contenues des mutualistes. Voici près de quarante (40) ans que cela dure. Et la succession de Holland N’Da donne lieu à un nouveau bras de bras de fer entre celui-ci et le Colonel Yao Touré Albert, le Pca démocratiquement élu. Créée en 1973 sous la dénomination initiale de Mutuelle générale des fonctionnaires et agents de l’Etat (Mugfae), la Mugefci a connu plusieurs mutations au cours de son évolution. Direction du ministère de la Fonction publique, à l’origine, sa gestion impliquait un Comité consultatif composé de représentants des ministères de l’Economie et des Finances, de la Santé publique, du Travail et des Affaires sociales, de la Fonction publique et de quatre représentants des organisations syndicales. Mais, le 16 octobre 1989 marque un tournant décisif dans l’existence de la Mutuelle. En effet, lorsqu’au cours d’un Conseil national, le président de la République, feu Félix Houphouët-Boigny, désengage l’Etat de la gestion de la Mugfae, les organisations syndicales sont placées devant leurs responsabilités. Ce sont elles qui doivent, dès lors, présider aux destinées de la Mugfae. S’ensuit, dans la foulée, la transformation de la Mugfae en une institution de droit privé régie par la loi du 1er avril 1898, relatives aux sociétés de secours mutuels. Avec l’obligation de «rechercher la meilleure voie de gestion possible ». C’est une nouvelle aventure, marquée par la grève retentissante des fonctionnaires qui aboutira, en 1998, à l’édification de la Mugefci dans sa forme actuelle. Une lueur d’espoir illumine alors le visage des milliers de mutualistes, quand Begnana Bogui est porté à la tête du comité d’administration avec, comme directeur général, Colonel Yao Touré Albert.
Le guide thérapeutique ou le combat acharné de Holland N’Da
La spirale des crises n’en sera pas, pour autant, circonscrite. Le prétexte est tout trouvé: le mauvais traitement des mutualistes ou du moins la gestion rédhibitoire de la structure par des administrateurs plus préoccupés par leur bien-être personnel que toute autre considération. C’est noble comme revendication. A l’orée des années 2000, Holland N’Da Joseph, l’actuel Pca sortant de la Mugefci s’était, particulièrement, fait remarquer dans l’arène de la revendication. A la tête de la Coordination nationale des syndicats de la fonction publique (Conasyfop), il pourfende Begnana Bogui et son équipe. En 2004, c’est l’instauration du guide thérapeutique qui apporte l’eau au moulin du syndicaliste, dont les sorties médiatiques pleuvent à une fréquence effrénée. Soutenu par plusieurs mutualistes, il est favorable à la suppression, sans délai, dudit guide. « Le Guide thérapeutique est une simple illusion pour dissimuler la mauvaise gestion du Pca et du Dg. Ils n’ont pas d’autres voies pour renflouer les caisses qu’ils ont vidées que de vouloir mettre à mort les mutualistes par l’instauration de cet instrument qui, par ailleurs, est une violation totale des statuts et règlement intérieur de la Mugefci », remarquait-il à la faveur d’une conférence de presse, le jeudi 26 août 2004. Le Guide thérapeutique, rappelons-le, à toutes fins utiles, consistait à prescrire des génériques aux patients, en lieu et place des médicaments de spécialité. Autrement dit, les soins dont les prix sont les plus bas possibles. Ce qui heurtait, logiquement, la sensibilité des mutualistes. « On ne dit pas que tous les génériques sont mauvais, mais la plupart ne sont pas bons », soutenait en substance Holland N’Da. Les chiffres liés à la gestion supposée scandaleuse du Pca Begnana accompagnaient cette diatribe du président de la Conasyfop. On se souvient de cet éventaire qu’il dressait en 2004 : « Alors que le bilan de la gestion de 2003 est déficitaire de plus de 2 milliards FCFA, selon le rapport d’activités du Conseil d’administration, le Dg ne s’est pas gêné pour recruter 94 stagiaires rémunérés chacun 100.000 FCFA. Soit une somme totale de 65,8 millions prélevée sur les cotisations». Promu à la tête de la Mugefci en 2006, après le décès de Bogui Begnana, Adiko Niamkey n’échappe pas à la furia de Holland N’Da, qui se veut, par ailleurs, le ‘’chantre de la démocratie’’. Il est acculé. Finalement, l’Assemblée générale du 30 août 2007 sonne le glas de l’ancien Secrétaire général de la centrale syndicale Ugtci. Arrive l’heure de gloire du revendicateur en chef. Alors secrétaire général du Syndicat national des agents de la construction, Holland N’Da s’installe au perchoir.
Les fonctionnaires toujours aux abois
Avec l’arrivée du détracteur du Guide thérapeutique au pouvoir, c’est un ouf de soulagement que les mutualistes sont en droit de pousser. Ignorant le long chemin de croix qui les attend. En quatre ans, le navire Holland N’Da n’aura jamais navigué sur des eaux tranquilles. Les voix se sont très vite élevées pour dénoncer une gestion monarchique de celui qui aura, pendant des années, prôné la bonne gouvernance et la démocratie dans le fonctionnement de la Mugefci. Il lui est reproché, après quelques mois de gestion, une concentration de tous les pouvoirs du Conseil d’administration et de la Direction générale. Se comportant comme un Pdg, en violation de l’article 40 des statuts sur les pouvoirs du Consiel d’administration et l’article 45 relatif aux attributions du Dg. Dans la pratique, comme toujours d’ailleurs, ce sont des fonctionnaires aux abois qui font le pied de grue devant les pharmacies. Une enquête du Quotidien Nord-sud, en octobre, dernier, a montré des mutualistes dans une colère noire, devant les locaux d’une pharmacie, à Adjamé Saint-Michel. La raison : l’officine n’accepterait plus les bons de la Mugefci. Ailleurs, c’est le quota de bons en vigueur qui est brocardé. Même si le Pca s’en lave les mains et appelle les mutualistes à dénoncer les officines qui s’adonnent à cette restriction. La crise qui a pointé le nez depuis l’Assemblée générale du 30 août 2011 a malheureusement voilé les problèmes de fond. Car, en tout état de cause, la Mugefci version Holland N’Da a ouvert des plaies qui restent bien béantes à ce jour. Rien qu’en considérant le référentiel Cipress. En effet, il ressort, selon des documents en notre possession, que seulement 44% des cotisations sous Holland sont consacrés aux prestations, alors que le Cipress recommande 65% pour une meilleure qualité des soins. Aussi, les frais généraux devraient, selon le collectif des 2/3 des organisations membres de l’Ag, constituer 25% des cotisations et non 42%. Des repartitions qui ont, en toute vraisemblance, plombé l’accès aux soins des mutualistes. Alors que les cotisations ont atteint, depuis quelques années, le pic de 14 milliards FCFA. Face à cette situation, la présente crise était inévitable. Les syndicats qui attendaient, impatiemment, l’expiration de son mandat à la date du 30 août 2011, ont refusé toute rallonge au Pca sortant. Qui a toujours soutenu que son magistère court jusqu’au 12 juin 2012. En attendant que la justice, qui s’est saisie du dossier, livre un verdict définitif, les fonctionnaires n’ont que leurs yeux pour pleurer devant leurs ordonnances.
MARTIAL GALE
Ne pas se tromper de combat
« Un capitaine hors de l’eau n’est rien ». Cet adage du père fondateur, Félix Houphouët-Boigny, tient toujours la route et s’adapte parfaitement au fonctionnement d’une structure comme la Mugefci. Une mutuelle dont le Président du conseil d’administration (Pca) ne serait rien sans les administrateurs et les adhérents. C’est pour eux en fait qu’il est élu. A l’évidence, il apparaît comme le garant de ces milliers de fonctionnaires et agents de l’Etat dont le sort est lié aux bons de pharmacie de la Mugefci, sur la base de prélèvements mensuels. Leur facilité d’accès aux soins devrait être, en fait, la préoccupation majeure des Pca successifs. Mais, on a l’impression que les uns et les autres se trompent de combat ou de cible. S’en mettre plein les poches et partir, de gré ou de force, telle est leur fâcheuse habitude à la tête de la Mugefci. Entre temps, les fonctionnaires ont tout le mal du monde à se soigner. Holland N’Da a déçu les espoirs placés en lui. Aujourd’hui, Yao Touré Albert, le Pca élu, porte les espoirs de demain. Si la justice valide la légitimité de l’Ag du 21 décembre 2011, on ose croire qu’il se mettra au service des fonctionnaires et non à son propre service.
M.GALE
C’est l’histoire d’une mutuelle qui, comme toute œuvre humaine, peine à répondre entièrement aux aspirations de ses adhérents. Les crises successives qui ont jalonné son existence sont la manifestation des frustrations mal contenues des mutualistes. Voici près de quarante (40) ans que cela dure. Et la succession de Holland N’Da donne lieu à un nouveau bras de bras de fer entre celui-ci et le Colonel Yao Touré Albert, le Pca démocratiquement élu. Créée en 1973 sous la dénomination initiale de Mutuelle générale des fonctionnaires et agents de l’Etat (Mugfae), la Mugefci a connu plusieurs mutations au cours de son évolution. Direction du ministère de la Fonction publique, à l’origine, sa gestion impliquait un Comité consultatif composé de représentants des ministères de l’Economie et des Finances, de la Santé publique, du Travail et des Affaires sociales, de la Fonction publique et de quatre représentants des organisations syndicales. Mais, le 16 octobre 1989 marque un tournant décisif dans l’existence de la Mutuelle. En effet, lorsqu’au cours d’un Conseil national, le président de la République, feu Félix Houphouët-Boigny, désengage l’Etat de la gestion de la Mugfae, les organisations syndicales sont placées devant leurs responsabilités. Ce sont elles qui doivent, dès lors, présider aux destinées de la Mugfae. S’ensuit, dans la foulée, la transformation de la Mugfae en une institution de droit privé régie par la loi du 1er avril 1898, relatives aux sociétés de secours mutuels. Avec l’obligation de «rechercher la meilleure voie de gestion possible ». C’est une nouvelle aventure, marquée par la grève retentissante des fonctionnaires qui aboutira, en 1998, à l’édification de la Mugefci dans sa forme actuelle. Une lueur d’espoir illumine alors le visage des milliers de mutualistes, quand Begnana Bogui est porté à la tête du comité d’administration avec, comme directeur général, Colonel Yao Touré Albert.
Le guide thérapeutique ou le combat acharné de Holland N’Da
La spirale des crises n’en sera pas, pour autant, circonscrite. Le prétexte est tout trouvé: le mauvais traitement des mutualistes ou du moins la gestion rédhibitoire de la structure par des administrateurs plus préoccupés par leur bien-être personnel que toute autre considération. C’est noble comme revendication. A l’orée des années 2000, Holland N’Da Joseph, l’actuel Pca sortant de la Mugefci s’était, particulièrement, fait remarquer dans l’arène de la revendication. A la tête de la Coordination nationale des syndicats de la fonction publique (Conasyfop), il pourfende Begnana Bogui et son équipe. En 2004, c’est l’instauration du guide thérapeutique qui apporte l’eau au moulin du syndicaliste, dont les sorties médiatiques pleuvent à une fréquence effrénée. Soutenu par plusieurs mutualistes, il est favorable à la suppression, sans délai, dudit guide. « Le Guide thérapeutique est une simple illusion pour dissimuler la mauvaise gestion du Pca et du Dg. Ils n’ont pas d’autres voies pour renflouer les caisses qu’ils ont vidées que de vouloir mettre à mort les mutualistes par l’instauration de cet instrument qui, par ailleurs, est une violation totale des statuts et règlement intérieur de la Mugefci », remarquait-il à la faveur d’une conférence de presse, le jeudi 26 août 2004. Le Guide thérapeutique, rappelons-le, à toutes fins utiles, consistait à prescrire des génériques aux patients, en lieu et place des médicaments de spécialité. Autrement dit, les soins dont les prix sont les plus bas possibles. Ce qui heurtait, logiquement, la sensibilité des mutualistes. « On ne dit pas que tous les génériques sont mauvais, mais la plupart ne sont pas bons », soutenait en substance Holland N’Da. Les chiffres liés à la gestion supposée scandaleuse du Pca Begnana accompagnaient cette diatribe du président de la Conasyfop. On se souvient de cet éventaire qu’il dressait en 2004 : « Alors que le bilan de la gestion de 2003 est déficitaire de plus de 2 milliards FCFA, selon le rapport d’activités du Conseil d’administration, le Dg ne s’est pas gêné pour recruter 94 stagiaires rémunérés chacun 100.000 FCFA. Soit une somme totale de 65,8 millions prélevée sur les cotisations». Promu à la tête de la Mugefci en 2006, après le décès de Bogui Begnana, Adiko Niamkey n’échappe pas à la furia de Holland N’Da, qui se veut, par ailleurs, le ‘’chantre de la démocratie’’. Il est acculé. Finalement, l’Assemblée générale du 30 août 2007 sonne le glas de l’ancien Secrétaire général de la centrale syndicale Ugtci. Arrive l’heure de gloire du revendicateur en chef. Alors secrétaire général du Syndicat national des agents de la construction, Holland N’Da s’installe au perchoir.
Les fonctionnaires toujours aux abois
Avec l’arrivée du détracteur du Guide thérapeutique au pouvoir, c’est un ouf de soulagement que les mutualistes sont en droit de pousser. Ignorant le long chemin de croix qui les attend. En quatre ans, le navire Holland N’Da n’aura jamais navigué sur des eaux tranquilles. Les voix se sont très vite élevées pour dénoncer une gestion monarchique de celui qui aura, pendant des années, prôné la bonne gouvernance et la démocratie dans le fonctionnement de la Mugefci. Il lui est reproché, après quelques mois de gestion, une concentration de tous les pouvoirs du Conseil d’administration et de la Direction générale. Se comportant comme un Pdg, en violation de l’article 40 des statuts sur les pouvoirs du Consiel d’administration et l’article 45 relatif aux attributions du Dg. Dans la pratique, comme toujours d’ailleurs, ce sont des fonctionnaires aux abois qui font le pied de grue devant les pharmacies. Une enquête du Quotidien Nord-sud, en octobre, dernier, a montré des mutualistes dans une colère noire, devant les locaux d’une pharmacie, à Adjamé Saint-Michel. La raison : l’officine n’accepterait plus les bons de la Mugefci. Ailleurs, c’est le quota de bons en vigueur qui est brocardé. Même si le Pca s’en lave les mains et appelle les mutualistes à dénoncer les officines qui s’adonnent à cette restriction. La crise qui a pointé le nez depuis l’Assemblée générale du 30 août 2011 a malheureusement voilé les problèmes de fond. Car, en tout état de cause, la Mugefci version Holland N’Da a ouvert des plaies qui restent bien béantes à ce jour. Rien qu’en considérant le référentiel Cipress. En effet, il ressort, selon des documents en notre possession, que seulement 44% des cotisations sous Holland sont consacrés aux prestations, alors que le Cipress recommande 65% pour une meilleure qualité des soins. Aussi, les frais généraux devraient, selon le collectif des 2/3 des organisations membres de l’Ag, constituer 25% des cotisations et non 42%. Des repartitions qui ont, en toute vraisemblance, plombé l’accès aux soins des mutualistes. Alors que les cotisations ont atteint, depuis quelques années, le pic de 14 milliards FCFA. Face à cette situation, la présente crise était inévitable. Les syndicats qui attendaient, impatiemment, l’expiration de son mandat à la date du 30 août 2011, ont refusé toute rallonge au Pca sortant. Qui a toujours soutenu que son magistère court jusqu’au 12 juin 2012. En attendant que la justice, qui s’est saisie du dossier, livre un verdict définitif, les fonctionnaires n’ont que leurs yeux pour pleurer devant leurs ordonnances.
MARTIAL GALE
Ne pas se tromper de combat
« Un capitaine hors de l’eau n’est rien ». Cet adage du père fondateur, Félix Houphouët-Boigny, tient toujours la route et s’adapte parfaitement au fonctionnement d’une structure comme la Mugefci. Une mutuelle dont le Président du conseil d’administration (Pca) ne serait rien sans les administrateurs et les adhérents. C’est pour eux en fait qu’il est élu. A l’évidence, il apparaît comme le garant de ces milliers de fonctionnaires et agents de l’Etat dont le sort est lié aux bons de pharmacie de la Mugefci, sur la base de prélèvements mensuels. Leur facilité d’accès aux soins devrait être, en fait, la préoccupation majeure des Pca successifs. Mais, on a l’impression que les uns et les autres se trompent de combat ou de cible. S’en mettre plein les poches et partir, de gré ou de force, telle est leur fâcheuse habitude à la tête de la Mugefci. Entre temps, les fonctionnaires ont tout le mal du monde à se soigner. Holland N’Da a déçu les espoirs placés en lui. Aujourd’hui, Yao Touré Albert, le Pca élu, porte les espoirs de demain. Si la justice valide la légitimité de l’Ag du 21 décembre 2011, on ose croire qu’il se mettra au service des fonctionnaires et non à son propre service.
M.GALE