Ouattara a de gros soucis depuis qu’il a déporté le président Gbagbo à La Haye. Il ne dort plus. Un de ses proches s’est confié à ce sujet à Notre Voie.
Un adage africain dit qu’un enfant peut très bien piquer le caméléon avec sa flèche. Mais il ne peut pas retirer cette flèche du corps de l’animal.
La situation dans laquelle se trouve Alassane Dramane Ouattara, le nouvel homme fort de la Côte d’Ivoire ressemble fort bien à celle de cet enfant qui a piqué le caméléon et qui n’arrive pas à retirer la flèche.
Malgré toutes les interventions tendant à l’en dissuader, Ouattara a déporté Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Aujourd’hui cette déportation lui attire de gros soucis. La réconciliation qu’il avait annoncée en grandes pompes et qu’il a confiée à Charles Konan Banny est plombée. Le nouveau gouvernement a du mal à voir le jour. Bref, Ouattara ne décolle pas depuis qu’il a été propulsé à la tête de la Côte d’Ivoire par la France de Sarkozy. Il n’arrive pas à gouverner. L’enfant du peuple qu’est le président Gbagbo lui est resté en travers de la gorge.
Un collaborateur de Ouattara, souffre terriblement de voir son mentor passer des nuits blanches à cause d’une décision prise sur pression de la France. Et il ne s’en cache pas : «Nous avions dit au présidentAlassane (Ouattara, ndlr) de ne pas déporter Gbagbo à la CPI.
Et que nous pouvions régler nos problèmes chez nous en Côte d’Ivoire. Nous lui avions indiqué que Gbagbo a une telle assise populaire qu’il nous serait difficile de gouverner si on le déportait à la CPI. Car un grand nombre d’Ivoiriens, y compris certains des nôtres qui ne comprendraient pas notre acte ne nous pardonneraient pas. Nous avions même dit au président Alassane (Ouattara) que la déportation de Gbagbo à La Haye compromettrait la réconciliation qui lui tient tant à cœur pour réaliser son programme. Or il faut bien que tous les fils du pays soient réconciliés pour qu’il soit gouvernable. Hélas, il ne nous a pas écoutés.
Il a été trompé par des extrémistes et la France qui lui ont fait croire que l’éloignement de Gbagbo ramènerait la paix dans le pays.»
Ce proche de Ouattara, qui était très peiné au moment où il nous faisait cette confidence est allé plus loin : «Aujourd’hui, le résultat est là. Nous sommes bloqués. Nous ne pouvons pas gouverner. Nous tournons en rond. La réconciliation est plombée et nous avons du mal à nous faire accepter par un nombre important de nos compatriotes. J’ai entendu quelqu’un dire à propos de la réfection de la voirie : Si Ouattara veut, qu’il mette du marbre ou même de l’or sur les routes, ça ne nous intéresse pas. C’est lui que nous ne voulons pas voir tant que Gbagbo sera à La Haye. Ces propos peuvent paraitre excessifs. Mais ils traduisent le sentiment de beaucoup d’Ivoiriens. Or, on ne peut pas faire le bonheur d’un peuple contre son gré.»
Pour ce proche de Ouattara, son champion n’arrive plus à avoir le sommeil parce qu’il est assailli par les soucis : «D’ailleurs, ce sont les mêmes qui lui ont demandé d’envoyer Gbagbo à La Haye qui posent la réconciliation et la sécurité comme conditions pour nous donner l’argent.»
Les gros soucis de Ouattara
Et notre interlocuteur d’expliquer : «En réalité, le président de la République a de gros soucis.
Et je me demande s’il dort, le pauvre qui n’a d’autres soucis que le bonheur de ses compatriotes. Son premier gros souci, c’est comment régler le problème Gbagbo. Sa volonté réelle, c’est de l’extraire de la CPI. Mais où le mettre ? Il sait très bien qu’il ne va pas le ramener en prison en Côte d’Ivoire ici. Ses partisans ne l’accepteront plus. Il lui reste alors deux options : soit le contraindre à l’exil. Ce que Gbagbo lui-même n’acceptera pas, j’en suis convaincu. Soit l’assigner à résidence surveillée chez lui à Mama. Mais là aussi, nous craignons que ses partisans ne disent que c’est lui qu’ils reconnaissent comme leur président. Or, il faut bien extraire Gbagbo de la CPI si nous ne voulons pas que Soro et les chefs de guerre y aillent. Et le président Ouattara ne veut pas justement qu’ils y aillent».
Pour notre interlocuteur, le cas de Soro et ses chefs de guerre constitue le deuxième gros souci de Ouattara. Et il s’explique : «La même France qui a demandé la déportation de Gbagbo à La Haye, demande aujourd’hui celle du Premier ministre Soro et des chefs de guerre. Or le Président sait très bien que si Soro est livré à la CPI, ça peut se retourner contre nous tôt ou tard. Mais il sait, par ailleurs, que l’opinion ne comprendrait pas qu’il refuse de livrer Soro et les chefs de guerre alors qu’il a livré Gbagbo. Et le Premier ministre le sait très bien également. C’est pourquoi, Soro maintient ses hommes en armes sur le terrain. Car eux, de toute évidence, ne sont pas prêts à laisser leur patron être transféré à la CPI. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles le retour de Gbagbo en terre ivoirienne est envisagé.»
A entendre le collaborateur de Ouattara, on se rend à l’évidence que Ouattara n’est pas politique. Il s’est laissé avoir par Sarkozy et les extrémistes de son camp en déportant le fils du peuple qu’est Laurent Gbagbo à la CPI, très loin des terres de ses ancêtres. Aujourd’hui, il a les mains et pieds liés.
Mais c’est aussi et surtout le manque d’humilité qui conduit à ce genre d’erreur. Si le nouvel fort du pays avait eu l’humilité de savoir qu’il est, lui aussi, comptable de tous ces morts et autres atrocités que la Côte d’Ivoire a connus pendant cette guerre absurde, il n’aurait pas déporté le président Gbagbo à La Haye. Car l’humilité entraine forcément la sagesse. C’est pourquoi, on dit d’elle qu’elle est la marque des grands hommes.
Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
Un adage africain dit qu’un enfant peut très bien piquer le caméléon avec sa flèche. Mais il ne peut pas retirer cette flèche du corps de l’animal.
La situation dans laquelle se trouve Alassane Dramane Ouattara, le nouvel homme fort de la Côte d’Ivoire ressemble fort bien à celle de cet enfant qui a piqué le caméléon et qui n’arrive pas à retirer la flèche.
Malgré toutes les interventions tendant à l’en dissuader, Ouattara a déporté Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Aujourd’hui cette déportation lui attire de gros soucis. La réconciliation qu’il avait annoncée en grandes pompes et qu’il a confiée à Charles Konan Banny est plombée. Le nouveau gouvernement a du mal à voir le jour. Bref, Ouattara ne décolle pas depuis qu’il a été propulsé à la tête de la Côte d’Ivoire par la France de Sarkozy. Il n’arrive pas à gouverner. L’enfant du peuple qu’est le président Gbagbo lui est resté en travers de la gorge.
Un collaborateur de Ouattara, souffre terriblement de voir son mentor passer des nuits blanches à cause d’une décision prise sur pression de la France. Et il ne s’en cache pas : «Nous avions dit au présidentAlassane (Ouattara, ndlr) de ne pas déporter Gbagbo à la CPI.
Et que nous pouvions régler nos problèmes chez nous en Côte d’Ivoire. Nous lui avions indiqué que Gbagbo a une telle assise populaire qu’il nous serait difficile de gouverner si on le déportait à la CPI. Car un grand nombre d’Ivoiriens, y compris certains des nôtres qui ne comprendraient pas notre acte ne nous pardonneraient pas. Nous avions même dit au président Alassane (Ouattara) que la déportation de Gbagbo à La Haye compromettrait la réconciliation qui lui tient tant à cœur pour réaliser son programme. Or il faut bien que tous les fils du pays soient réconciliés pour qu’il soit gouvernable. Hélas, il ne nous a pas écoutés.
Il a été trompé par des extrémistes et la France qui lui ont fait croire que l’éloignement de Gbagbo ramènerait la paix dans le pays.»
Ce proche de Ouattara, qui était très peiné au moment où il nous faisait cette confidence est allé plus loin : «Aujourd’hui, le résultat est là. Nous sommes bloqués. Nous ne pouvons pas gouverner. Nous tournons en rond. La réconciliation est plombée et nous avons du mal à nous faire accepter par un nombre important de nos compatriotes. J’ai entendu quelqu’un dire à propos de la réfection de la voirie : Si Ouattara veut, qu’il mette du marbre ou même de l’or sur les routes, ça ne nous intéresse pas. C’est lui que nous ne voulons pas voir tant que Gbagbo sera à La Haye. Ces propos peuvent paraitre excessifs. Mais ils traduisent le sentiment de beaucoup d’Ivoiriens. Or, on ne peut pas faire le bonheur d’un peuple contre son gré.»
Pour ce proche de Ouattara, son champion n’arrive plus à avoir le sommeil parce qu’il est assailli par les soucis : «D’ailleurs, ce sont les mêmes qui lui ont demandé d’envoyer Gbagbo à La Haye qui posent la réconciliation et la sécurité comme conditions pour nous donner l’argent.»
Les gros soucis de Ouattara
Et notre interlocuteur d’expliquer : «En réalité, le président de la République a de gros soucis.
Et je me demande s’il dort, le pauvre qui n’a d’autres soucis que le bonheur de ses compatriotes. Son premier gros souci, c’est comment régler le problème Gbagbo. Sa volonté réelle, c’est de l’extraire de la CPI. Mais où le mettre ? Il sait très bien qu’il ne va pas le ramener en prison en Côte d’Ivoire ici. Ses partisans ne l’accepteront plus. Il lui reste alors deux options : soit le contraindre à l’exil. Ce que Gbagbo lui-même n’acceptera pas, j’en suis convaincu. Soit l’assigner à résidence surveillée chez lui à Mama. Mais là aussi, nous craignons que ses partisans ne disent que c’est lui qu’ils reconnaissent comme leur président. Or, il faut bien extraire Gbagbo de la CPI si nous ne voulons pas que Soro et les chefs de guerre y aillent. Et le président Ouattara ne veut pas justement qu’ils y aillent».
Pour notre interlocuteur, le cas de Soro et ses chefs de guerre constitue le deuxième gros souci de Ouattara. Et il s’explique : «La même France qui a demandé la déportation de Gbagbo à La Haye, demande aujourd’hui celle du Premier ministre Soro et des chefs de guerre. Or le Président sait très bien que si Soro est livré à la CPI, ça peut se retourner contre nous tôt ou tard. Mais il sait, par ailleurs, que l’opinion ne comprendrait pas qu’il refuse de livrer Soro et les chefs de guerre alors qu’il a livré Gbagbo. Et le Premier ministre le sait très bien également. C’est pourquoi, Soro maintient ses hommes en armes sur le terrain. Car eux, de toute évidence, ne sont pas prêts à laisser leur patron être transféré à la CPI. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles le retour de Gbagbo en terre ivoirienne est envisagé.»
A entendre le collaborateur de Ouattara, on se rend à l’évidence que Ouattara n’est pas politique. Il s’est laissé avoir par Sarkozy et les extrémistes de son camp en déportant le fils du peuple qu’est Laurent Gbagbo à la CPI, très loin des terres de ses ancêtres. Aujourd’hui, il a les mains et pieds liés.
Mais c’est aussi et surtout le manque d’humilité qui conduit à ce genre d’erreur. Si le nouvel fort du pays avait eu l’humilité de savoir qu’il est, lui aussi, comptable de tous ces morts et autres atrocités que la Côte d’Ivoire a connus pendant cette guerre absurde, il n’aurait pas déporté le président Gbagbo à La Haye. Car l’humilité entraine forcément la sagesse. C’est pourquoi, on dit d’elle qu’elle est la marque des grands hommes.
Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr