x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mercredi 7 mars 2012 | Fraternité Matin

Présidence de la Commission de l’UA : Le continent dans l’impasse ?

© Fraternité Matin Par Aristide
Gabon: les audiences accordées par le Président Ouattara à Libreville, en marge de la finale de la CAN, aux Présidents Yayi Boni et Jean Ping
Dimanche 12 février 2012. Libreville (Gabon). En marge de la finale de la CAN, le Président Alassane Ouattara a reçu le président de la Commission de l`Union africaine, le Gabonais Jean Ping
L’Union africaine est composée de cinq blocs régionaux. Trois, dont le Centre qui l’avait présenté, ainsi que l’Ouest et l’Est, s’étaient franchement portés en faveur de Ping. Le Nord, un moment hésitant, s’y était rallié finalement. Mais le président sortant de la Commission de l’Union africaine, le Gabonais Jean Ping n’a finalement pas été réélu. Candidat à sa propre succession face à Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, la ministre sud-africaine de l’Intérieur et ex-épouse du Président Jacob Zuma, M. Ping a échoué sur le fil à quatre voix près, lors du quatrième tour du vote des chefs d’Etat de l’Ua en janvier dernier. L’Afrique du Sud dont la candidate a été contrainte à jeter l’éponge conformément aux textes de l’Ua, a usé de sa minorité de blocage. Conséquence : un nouveau scrutin est prévu en juin prochain au sommet des chefs d’Etat prévu au Malawi.





Se confiant à un confrère à la veille du sommet, Jean Ping a fustigé le mode de campagne de son adversaire basé, selon lui, sur des contrevérités. « Mes concurrents, dit-il, malheureusement parfois, ont utilisé la désinformation, et parfois même la méchanceté, pour propager de fausses nouvelles. J’en veux pour preuve, la question du soutien de mon pays à ma candidature ou que j’ai dit que je n’allais plus me présenter ».
Revenant sur les circonstances de cette élection de janvier, M. Ping accuse le staff sud-africain d’utiliser la désinformation comme mode de conquête des voix. « Le Gabon a mis des avions à ma disposition pour faire ma campagne. Si je devais louer des avions moi-même pour cette campagne, je ne m’en sortirais pas. C’est un soutien total et précieux. Par ailleurs, le Gabon a mis à ma disposition son réseau diplomatique. Les ministres gabonais ont sillonné tout le continent, porteurs de lettres du président de la République. Et le 31 décembre dans ses vœux à la nation, le président a demandé à toute la nation de soutenir ma candidature », explique-t-il.
Jean Ping va plus loin. « Je ne parle pas des accusations graves, comme celles qui concernent la gestion du dossier libyen », Et au président sortant de s’interroger : « Qui a mal géré le dossier libyen ? Qui était au Conseil de sécurité à l’époque ? Qui a voté la résolution 1973 ? ».
Le président sortant de la Commission l’Ua, qui a été maintenu à son poste jusqu’à juin 2012, fait ainsi référence à l’Afrique du Sud qui a participé avec l’Ua à la prise de décision concernant le dossier libyen. Mais aussi le représentant de ce pays en tant que membre du Conseil de sécurité de l’Onu, a voté la résolution 1973 qui a permis à l’Otan d’opérer en Lybie. Curieusement, lors d’une visite à New York, le président sud-africain, Jacob Zuma, avait critiqué la gestion par le Conseil de sécurité de l'ONU de la crise survenue en Libye. Il avait alors exigé que l'organisme mondial tienne davantage compte des points de vue de l'Union africaine pour résoudre les problèmes de conflit sur le continent. Pourtant, il a participé à la prise de la décision qui a donné les pleins pouvoirs aux occidentaux d’envahir la Libye.
La déélagtion sud-africaine célébrant le Aujourd’hui, tous les observateurs se demandent également si l’on ne va pas droit vers une paralysie de l’institution continentale qui pourrait bien résulter d’un bras de fer entre une présidente issue de la première puissance économique africaine, membre du G20, des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), candidate au poste de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, et d’autres membres de l’UA.
En effet, selon plusieurs sources, c’est pour éviter ce risque que, depuis l’OUA, le responsable de l’institution panafricaine n’a jamais été ressortissant d’une « grande puissance » africaine.
Un spécialiste des questions de l’Afrique australe estime que « l’Afrique du Sud veut effacer l’image d’arrogance qui lui est prêtée en dehors de la région australe ». Elle est demeurée très discrète lors de la campagne d’avant janvier 2012. «Tard venue sur la scène africaine, souligne la source, adossée à sa puissance économique et à son leadership incontesté en Afrique australe, elle n’a pas toujours su faire preuve de subtilité vis-à-vis des autres. Il lui semblait naturel de tout pouvoir, de tout avoir. Sa participation à l’agence panafricaine Panapress avait échoué, par exemple, parce qu’elle exigeait de tout contrôler. Dans une institution où c’est un pays, une voix, cette manière de faire a toutes les chances d’échouer ». L’Afrique du Sud critique l’arrogance et l’hégémonie de certains pays développés ; force est de constater qu’elle-même fait preuve de la même arrogance et tente d’imposer son hégémonie aux autres pays africains par tous les moyens.
Pour sa part, et revenant sur le dossier libyen, Jean Ping a affirmé à un confrère que «L’Union africaine a réagi dès le 10 mars 2011, bien avant l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1973 le 17 mars, en proposant une feuille de route en cinq points qui excluait Mouammar Kadhafi: la cessation immédiate des hostilités, un gouvernement d’union nationale, la démocratisation, l’établissement d’un État de droit, le lancement d’un dialogue entre toutes les parties libyennes et la facilitation de l’acheminement de l’aide. Seule la Turquie en avait fait autant, avec des propositions proches des nôtres».

Mais, cette feuille de route a été sèchement rejetée par le Conseil national de transition (CNT). Et Jean Ping de répliquer en faisant allusion aux pays de l’Otan: «Aujourd’hui, ceux qui n’avaient aucune feuille de route et avaient choisi une autre voie se tournent vers nous. Nous avions eu tort d’avoir eu raison trop tôt». Pour lui, les conséquences de ces actions ont débordé dans d'autres pays de la région.
M. Hamady Ould Hamady, ministre mauritanien des Affaires étrangères et de la Coopération, qui s’exprimait au nom du Groupe d’experts de haut niveau de l’Union africaine sur la crise libyenne, avait prévenu que la prolongation des opérations militaires en Libye pose de nouveaux défis « tant en ce qui concerne les chances d’une transition démocratique réussie que la sécurité et la stabilité des pays de la région ». Il a tenu ce discours devant le Conseil de sécurité des Nations unies en sa 6555e séance à New York le 15 juin 2011.
Selon le chef de la diplomatie mauritanienne, il fallait mettre fin, rapidement, aux souffrances de la population civile et créer les conditions d’un retour durable à la paix en Libye. M. Hamady a rappelé les principaux éléments de la feuille de route de l’Union africaine. A savoir la médiation de l’Ua auprès des autorités de Tripoli et de Bengazi qui visait la cessation immédiate de toutes les hostilités, la coopération des autorités libyennes pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, la protection des ressortissants étrangers et l’adoption de réformes politiques pour mettre un terme aux causes de la crise.
Comme Jean Ping, M. Hamady a ensuite défendu la gestion de la crise libyenne par l’Union africaine. Il a rappelé que le Sommet extraordinaire de l’Ua a été marqué par la surprise et la déception face « aux tentatives de marginalisation du continent dans la gestion d’un conflit qui le concernera en premier chef ». Il a souligné que l’Afrique, et en particulier les pays de la région, ont subi le plus l’impact du conflit, « tant sur le plan de la sécurité qu’en termes socioéconomiques ».

DOUA GOULY
doua@fratmat.info
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ