Anciens de la Force d`Intervention rapide Para-commandos (Firpac), les lieutenants Souleymane Bamba et Dié Serge Armand font, tous les deux, partie du commandement de la compagnie de combats du Bataillon de sécurisation de l`Ouest (Bso). Plus hommes de terrain que bureaucrates, ils revendiquent un mental d`acier et se disent préparés à toutes éventualités, malgré le peu de moyens. Ils ont pour eux aussi leur expérience, aguerris par les missions onusiennes en Centrafrique, notamment, et par les longues années de guerre qu`a connues la Côte d`Ivoire. Pour eux, le soldat ne se mesure pas forcément à la quantité de ses armes, ni de ses munitions. Une mission peut se faire avec deux ou trois kalachnikov. Même, sans armes, la tenue doit faire la différence à leurs yeux. On l`a dit : question de mental. Le Bso a pu déjà faire baisser l`indice d’insécurité dans le grand ouest. Reste à aligner toutes les troupes à l`esprit de la nouvelle armée. Après dix ans de rébellion, leurs éléments doivent désormais intégrer pleinement l`esprit républicain de l`armée, savoir qu`ils sont des militaires au service de toutes les populations, sans distinction d`obédience politique, ni d`origine ethnique, savoir surtout se plier à la rigueur de la discipline militaire, obéir aux chefs, à tous les chefs, pas seulement aux commandants Koné Zakaria, Cherif Ousmane, Losseni Fofana et autres hauts gradés de l`ex-rébellion. La sensibilisation s`étend aussi aux anciens adversaires, les miliciens pro-Gbagbo refugiés au Libéria. "On vient de boucler une tournée. Nous avons dit à nos frères qui sont de l`autre côté, qu`il vaut mieux pour eux, renter au pays que de souffrir le martyre là-bas", confie le lieutenant Bamba. L`état des voies ralentit cependant la rapidité des opérations. Il faut descendre à Duekoué, remonter par San-Pedro, pour atteindre Taï. Lors des incidents du 26 mars 2011 qui ont émaillé les législatives partielles, il a fallu 2 à 3 heures aux troupes pour joindre Facobly pourtant située à 45 Km de Man. Le Lt Bamba et ses collaborateurs travaillent aussi au renforcement de la collaboration avec les populations en vue de dénicher les caches d`armes, notamment dans les localités telle que Toulepleu. La réconciliation avec les civils passe aussi par les fréquentes médiations des commandants du Bso entre leurs hommes et les propriétaires des maisons occupées par les soldats. Le commandant en chef du Bso, Losseni Fofana dit Loss, a donné ordre d`évacuer les maisons naguère occupées. Mais, c`est le principe du cas par cas. Des propriétaires de maisons préfèrent souvent louer aux militaires leurs maisons. En retour, des militaires qui ont réhabilité ces maisons qu`ils ont longtemps occupées, réclament parfois dédommagement. Au Bso, l`on est catégorique : tous les services anciennement sous son contrôle ont été rétrocédés. Il en va ainsi de la prison, des camps de gendarmerie et des commissariats de police. Reste à chacun de jouer sa partition dans le cadre du nouvel ordre.
Benoit HILI
Envoyé spécial à Man
Benoit HILI
Envoyé spécial à Man