Le secrétaire général du collectif des bouchers de Côte d’Ivoire (Csbci) revient, dans cet entretien, sur les raisons de la flambée du prix de la viande et les éventuelles actions qui pourraient y mettre fin.
« La crise au Mali a un impact sur le coût de la viande en Côte d’Ivoire»
Vous comptez mettre sur pied un collectif de s des bouchers dont le protocole d’accord a été déjà signé, à quoi répond cette union ?
Il y avait quatre syndicats dans le milieu et étant donné que nous avons un objectif commun, nous avons décidé, face aux problèmes que nous rencontrons, de nous mettre ensemble pour parler d’une seule voix et trouver les solutions à nos difficultés.
Le prix du kilogramme de la viande est passé du simple au double. Qu’est-ce qui se passe réellement?
Depuis l’avènement du gouvernement Soro Guillaume, beaucoup a été fait. Le convoyage du bétail qui était de 645 000 Fcfa est passé à 75 000 Fcfa. Les tracasseries routières ont diminué. Mais si en dépit de cela le prix de la viande continue de monter, les Ivoiriens doivent comprendre que cela est imputable, en grande partie, à la crise armée qui sévit au Mali. Le désert malien est menacé donc les bergers se sont dispersés ainsi que leurs bêtes. Deuxième problème, c’est que le Burkina a trouvé un marché plus intéressant au Nigeria où les convois de bœufs se dirigent depuis un moment. Voilà ce qui explique la flambée des prix ces jours-ci. Mais, le gouvernement est train d’y remédier et tout entrera dans l’ordre sous peu.
Si les tracasseries routières ont diminué, certains de vos collègues sont animés de la mauvaise foi en continuant d’imputer la flambée des prix aux désagréments.
Ceux qui parlent encore de tracasseries ne sont pas de vrais acteurs de la filière. Aucun de nos correspondants au Mali ou au Burkina ne peut aujourd’hui parler de tracasserie. Toutefois, le nombre d’intermédiaires qu’il y a entre le cheviar (celui qui achète la bête, la tue pour la livrer aux bouchers Ndlr) et le marchand de bétail justifie souvent la flambée des prix. Quand chacun des trois ou quatre intermédiaires doit avoir des commissions, cela peut amener le boucher, qui est à la fin de la chaîne, à augmenter le prix de la viande. Raison pour laquelle aujourd’hui nous menons une sensibilisation auprès des cheviars pour qu’ils achètent les bêtes comptant directement avec les marchands de bétails qui viennent du Mali ou du Burkina. Parce que c’est souvent en achetant à crédit que les intermédiaires s’infiltrent dans la chaîne.
Si les intermédiaires sont écartés, le prix de la viande sera-t-il plus abordable ?
Oui, c’est pourquoi nous avons même trouvé récemment un président des cheviars et dans les jours à venir nous allons mettre fin à la présence des intermédiaires pour que les populations puissent respirer.
On pourrait donc conclure que ce sont les cheviars qui revendent cher aux bouchers qui à leur tour répercutent sur le kilogramme?
Le cheviar calcule le poids de la bête à vu d’œil. Ce n’est pas avec une balance qu’il détermine le poids. A vu d’œil, il estime le poids. Mais souvent lorsqu’il estime une bête à 150 kilo, il arrive, qu’après avoir abattu la bête, il se retrouve avec 130 kilo, soit 20 kilo de moins. Dans ces conditions, il vend la viande en en tenant compte, étant donné qu’une bête coûte en moyenne 200 000 Fcfa. Mais contrairement au cheviar, le boucher détaillant a lui une marge bénéficiaire autorisée par le gouvernement qui est de 12% au-delà de laquelle il ne doit pas aller.
Au terme d’une rencontre entre le ministère du Commerce et les acteurs de la filière, des prix avaient été arrêtés d’un commun accord, mais sur le terrain, cela n’a pas suivi.
Au cours de cette rencontre, l’Etat a demandé ce qui n’allait pas pour qu’il puisse intervenir. Les acteurs de la filière ont pointé du doigt les tracasseries. Alors le gouvernement a décidé d’y mettre fin. Mais le gouvernement n’a pas compris pourquoi la balance n’a pas baissé. Le ministre est venu à l’abattoir pour constater le problème. Mais les choses entreront dans l’ordre puisque toutes les propositions sont sur sa table.
Il est de plus en plus question d’un monopole dans la filière qui est détenu par Issiaka Sawadogo, Dramera et autres personnes.
Issiaka Sawadogo est pour le bien-être de la filière. Comme lui, il y a des acteurs de la filière qui sont des cautions morales pour des marchands du Mali et du Burkina. Quand ces personnes arrivent à la frontière qu’elles ne voient pas Issiaka Sawadogo ou d’autres, elles hésitent à entrer sur le territoire ivoirien avec leurs bêtes. Donc ces personnes permettent une fluidité routière pour ces commerçants. Issiaka Sawadogo nous a beaucoup aidés ainsi que d’autres bouchers au Burkina. Grâce à lui, la destination Côte d’Ivoire a été prisée. Malheureusement, la filière bétail et viande fait beaucoup de jaloux. Les questions de leadership enveniment les choses. C’est ce qui est à la base des dénigrements qui font passer souvent des personnes honnêtes pour des trouble-fête.
Aux dernières nouvelles, Issiaka Sawadogo serait décédé, le confirmez-vous ?
Non, il n’est pas décédé. Si c’était le cas, nous serions les premiers à le savoir.
Pourquoi vous n’arrivez pas à vous aligner sur les décisions du ministère du Commerce ?
C’est la question de l’inorganisation des bouchers, lorsque nous entendons que la viande est vendue à différents prix dans les communes d’Abidjan, cela nous dérange. Il y a aujourd’hui à peu près 3 000 bouchers, mais nous ne savons pas où ils sont logés. Les mairies ne savent pas combien de bouchers sont dans leurs communes. Si nous arrivons à répertorier tous ceux-là, nous pourrons mettre un système d’information dans les marchés pour informer les consommateurs. Et si un boucher vend la viande au-dessus du prix indiqué, les consommateurs nous appelleront à un numéro vert. Nous demandons au gouvernement de nous aider, parce que nous voulons mettre des tableaux dans tous les marchés où nous allons régulièrement marquer le prix de la viande. Pour mettre en place ce système d’information, il faut que les autorités s’impliquent réellement. Ainsi, nous allons fixer un prix unique dans tous les marchés. Ce que vous ne savez pas, c’est en Côte d’Ivoire que la viande est moins chère. Au Burkina, le kilo est à 1 750 et au Mali à 1700 Fcfa. Les bêtes qui viennent en Côte d’Ivoire sont de qualité parce qu’il faut bien élever les bêtes pour pouvoir les vendre en Côte d’Ivoire. Malheureusement nous n’arrivons pas à informer les consommateurs. Mais pour mettre fin à ces fluctuations, l’on doit envisager une véritable politique d’élevage en Côte d’Ivoire. Le ministre Konbenan Kouassi Adjoumani en a déjà parlé, mais il ne peut pas, seul, faire le travail.
Récemment, un accident a coûté la vie à un de vos collègues à l’abattoir de Port-Bouët, pouvez-vous nous dire dans quelles conditions vous travaillez ?
Les conditions se sont améliorées, mais le problème est que nous n’avons pas d’infirmerie et de groupe électrogène. En cas de coupure de courant, nous travaillons dans le noir. C’est donc sur ces points que nous attendions des gestes. Sinon la réhabilitation de l’abattoir a commencé.
L’actualité est à la formation d’un nouveau gouvernement, si d’aventure le ministre Dagobert Banzio devait partir, quel message vous pouvez lancer à son successeur ?
L’administration est une continuité, nous avons déjà des dossiers sur la table du ministre. Donc celui qui viendra va continuer. Mais nous pensons que Dagobert Banzio et Kobenan Adjoumani resteront.
Kuyo Anderson
« La crise au Mali a un impact sur le coût de la viande en Côte d’Ivoire»
Vous comptez mettre sur pied un collectif de s des bouchers dont le protocole d’accord a été déjà signé, à quoi répond cette union ?
Il y avait quatre syndicats dans le milieu et étant donné que nous avons un objectif commun, nous avons décidé, face aux problèmes que nous rencontrons, de nous mettre ensemble pour parler d’une seule voix et trouver les solutions à nos difficultés.
Le prix du kilogramme de la viande est passé du simple au double. Qu’est-ce qui se passe réellement?
Depuis l’avènement du gouvernement Soro Guillaume, beaucoup a été fait. Le convoyage du bétail qui était de 645 000 Fcfa est passé à 75 000 Fcfa. Les tracasseries routières ont diminué. Mais si en dépit de cela le prix de la viande continue de monter, les Ivoiriens doivent comprendre que cela est imputable, en grande partie, à la crise armée qui sévit au Mali. Le désert malien est menacé donc les bergers se sont dispersés ainsi que leurs bêtes. Deuxième problème, c’est que le Burkina a trouvé un marché plus intéressant au Nigeria où les convois de bœufs se dirigent depuis un moment. Voilà ce qui explique la flambée des prix ces jours-ci. Mais, le gouvernement est train d’y remédier et tout entrera dans l’ordre sous peu.
Si les tracasseries routières ont diminué, certains de vos collègues sont animés de la mauvaise foi en continuant d’imputer la flambée des prix aux désagréments.
Ceux qui parlent encore de tracasseries ne sont pas de vrais acteurs de la filière. Aucun de nos correspondants au Mali ou au Burkina ne peut aujourd’hui parler de tracasserie. Toutefois, le nombre d’intermédiaires qu’il y a entre le cheviar (celui qui achète la bête, la tue pour la livrer aux bouchers Ndlr) et le marchand de bétail justifie souvent la flambée des prix. Quand chacun des trois ou quatre intermédiaires doit avoir des commissions, cela peut amener le boucher, qui est à la fin de la chaîne, à augmenter le prix de la viande. Raison pour laquelle aujourd’hui nous menons une sensibilisation auprès des cheviars pour qu’ils achètent les bêtes comptant directement avec les marchands de bétails qui viennent du Mali ou du Burkina. Parce que c’est souvent en achetant à crédit que les intermédiaires s’infiltrent dans la chaîne.
Si les intermédiaires sont écartés, le prix de la viande sera-t-il plus abordable ?
Oui, c’est pourquoi nous avons même trouvé récemment un président des cheviars et dans les jours à venir nous allons mettre fin à la présence des intermédiaires pour que les populations puissent respirer.
On pourrait donc conclure que ce sont les cheviars qui revendent cher aux bouchers qui à leur tour répercutent sur le kilogramme?
Le cheviar calcule le poids de la bête à vu d’œil. Ce n’est pas avec une balance qu’il détermine le poids. A vu d’œil, il estime le poids. Mais souvent lorsqu’il estime une bête à 150 kilo, il arrive, qu’après avoir abattu la bête, il se retrouve avec 130 kilo, soit 20 kilo de moins. Dans ces conditions, il vend la viande en en tenant compte, étant donné qu’une bête coûte en moyenne 200 000 Fcfa. Mais contrairement au cheviar, le boucher détaillant a lui une marge bénéficiaire autorisée par le gouvernement qui est de 12% au-delà de laquelle il ne doit pas aller.
Au terme d’une rencontre entre le ministère du Commerce et les acteurs de la filière, des prix avaient été arrêtés d’un commun accord, mais sur le terrain, cela n’a pas suivi.
Au cours de cette rencontre, l’Etat a demandé ce qui n’allait pas pour qu’il puisse intervenir. Les acteurs de la filière ont pointé du doigt les tracasseries. Alors le gouvernement a décidé d’y mettre fin. Mais le gouvernement n’a pas compris pourquoi la balance n’a pas baissé. Le ministre est venu à l’abattoir pour constater le problème. Mais les choses entreront dans l’ordre puisque toutes les propositions sont sur sa table.
Il est de plus en plus question d’un monopole dans la filière qui est détenu par Issiaka Sawadogo, Dramera et autres personnes.
Issiaka Sawadogo est pour le bien-être de la filière. Comme lui, il y a des acteurs de la filière qui sont des cautions morales pour des marchands du Mali et du Burkina. Quand ces personnes arrivent à la frontière qu’elles ne voient pas Issiaka Sawadogo ou d’autres, elles hésitent à entrer sur le territoire ivoirien avec leurs bêtes. Donc ces personnes permettent une fluidité routière pour ces commerçants. Issiaka Sawadogo nous a beaucoup aidés ainsi que d’autres bouchers au Burkina. Grâce à lui, la destination Côte d’Ivoire a été prisée. Malheureusement, la filière bétail et viande fait beaucoup de jaloux. Les questions de leadership enveniment les choses. C’est ce qui est à la base des dénigrements qui font passer souvent des personnes honnêtes pour des trouble-fête.
Aux dernières nouvelles, Issiaka Sawadogo serait décédé, le confirmez-vous ?
Non, il n’est pas décédé. Si c’était le cas, nous serions les premiers à le savoir.
Pourquoi vous n’arrivez pas à vous aligner sur les décisions du ministère du Commerce ?
C’est la question de l’inorganisation des bouchers, lorsque nous entendons que la viande est vendue à différents prix dans les communes d’Abidjan, cela nous dérange. Il y a aujourd’hui à peu près 3 000 bouchers, mais nous ne savons pas où ils sont logés. Les mairies ne savent pas combien de bouchers sont dans leurs communes. Si nous arrivons à répertorier tous ceux-là, nous pourrons mettre un système d’information dans les marchés pour informer les consommateurs. Et si un boucher vend la viande au-dessus du prix indiqué, les consommateurs nous appelleront à un numéro vert. Nous demandons au gouvernement de nous aider, parce que nous voulons mettre des tableaux dans tous les marchés où nous allons régulièrement marquer le prix de la viande. Pour mettre en place ce système d’information, il faut que les autorités s’impliquent réellement. Ainsi, nous allons fixer un prix unique dans tous les marchés. Ce que vous ne savez pas, c’est en Côte d’Ivoire que la viande est moins chère. Au Burkina, le kilo est à 1 750 et au Mali à 1700 Fcfa. Les bêtes qui viennent en Côte d’Ivoire sont de qualité parce qu’il faut bien élever les bêtes pour pouvoir les vendre en Côte d’Ivoire. Malheureusement nous n’arrivons pas à informer les consommateurs. Mais pour mettre fin à ces fluctuations, l’on doit envisager une véritable politique d’élevage en Côte d’Ivoire. Le ministre Konbenan Kouassi Adjoumani en a déjà parlé, mais il ne peut pas, seul, faire le travail.
Récemment, un accident a coûté la vie à un de vos collègues à l’abattoir de Port-Bouët, pouvez-vous nous dire dans quelles conditions vous travaillez ?
Les conditions se sont améliorées, mais le problème est que nous n’avons pas d’infirmerie et de groupe électrogène. En cas de coupure de courant, nous travaillons dans le noir. C’est donc sur ces points que nous attendions des gestes. Sinon la réhabilitation de l’abattoir a commencé.
L’actualité est à la formation d’un nouveau gouvernement, si d’aventure le ministre Dagobert Banzio devait partir, quel message vous pouvez lancer à son successeur ?
L’administration est une continuité, nous avons déjà des dossiers sur la table du ministre. Donc celui qui viendra va continuer. Mais nous pensons que Dagobert Banzio et Kobenan Adjoumani resteront.
Kuyo Anderson