Ce vendredi, la cour du commissariat du 8ème arrondissement de Cocody est clairsemée. Les carcasses de nombreux véhicules qui agonisaient à l’entrée, ont été enlevées. L’affluence habituelle dans les locaux du bâtiment avant la crise postélectorale, semble n’avoir jamais existé : la cour est presque vide. A l’entrée, un policier observe avec oisiveté les passants. Il nous interpelle pour s’enquérir du but de notre présence. Lorsque nous nous présentons comme des personnes venues établir une attestation d’identité, son visage s’illumine. En général, il faut monter au premier pour s’adresser à un service administratif. Mais il se dit disponible à fournir toutes les informations nécessaires pour l’établissement du document. A l’entendre, il est la personne la mieux indiquée. Il faut juste fournir, un extrait de naissance, un certificat de nationalité, une pièce du parent et ajouter à cela la somme de 2.500 Fcfa. Nous lui signalons que nous n’avons pas de certificat de nationalité. « Pas de problème, indique-t-il. Ça peut s’arranger. Envoyez 5.000 Fcfa, on s’occupe de tout». Nous lui promettons de revenir avec l’argent et les documents. Il s’empresse de donner son numéro de téléphone. C’est à lui et à lui seul qu’il faut s’adresser lorsque nous reviendrons avec l’argent. Il insiste là-dessus. On devine facilement que c’est une bonne affaire pour lui. « Et faites-vite, parce que souvent le papier manque », ajoute-t-il. Quel papier ? Il fait allusion au papier utilisé pour confectionner l’attestation. En réalité, cette technique est utilisée dans beaucoup de commissariats pour mettre la pression sur le demandeur. C’est simple, lorsque vous ne voulez pas vous montrer « généreux », plutôt que de livrer l’attestation en deux jours, c’est souvent une semaine qu’il faut passer à faire des aller et retour. Motif : le papier est fini et la commande n’est pas encore arrivée. Mais si vous êtes disponible à donner des dessous de table, comme par miracle, ce fameux papier arrive aussitôt. Au commissariat du 22ème arrondissement, le racket est beaucoup plus subtil. Payez seulement les 2.500 Fcfa, exigés ! Seule consolation, ici, ont s’efforce de livrer l’attestation à temps. Pareil au commissariat du 14ème arrondissement d’Abobo, où c’est 2500 Fcfa ou rien. « Ils se sont passés le mot ou quoi !, s’écrie une source proche de la direction générale de la police, au Plateau. L’établissement d’une attestation d’identité est fixé à 1.000 Fcfa partout sur l’étendue du territoire ». La campagne de moralisation que le directeur général de la police nationale a entrepris, doit mettre fin à ces pratiques, note-elle. « Le policier qui sera pris en train de racketter sera arrêté », menace notre interlocuteur. Brédou M’Bia compte, dit-il, mener une action d’envergure pour mettre un terme à ce type de pratique d’un autre âge.
Raphaël Tanoh
Raphaël Tanoh