Dans les lycées et grandes écoles de la Côte d’Ivoire, le harcèlement des jeunes filles prend de l’ampleur. Ce que certaines élèves ont accepté de dénoncer.
Il n’est pas du tout bon d’être une belle fille, et fréquenter une école de formation ou encore une Université en Côte d’Ivoire, sans être l’objet d’une cour assidue de la part des enseignants et autres éducateurs. A Abidjan, le phénomène commence à envahir les grandes écoles de formation. Les Lycées et collèges ne sont non plus épargnés par ce fléau qui risque de mener à la perdition les filles. Dans la commune de Yopougon, il existe une grande école avec un enseignement jugé assez bien par de nombreux parents d’élèves. Pour le sérieux de l’enseignement dispensé dans cet établissement, les parents n’éprouvent aucune peine à faire inscrire leurs filles. Il y a aussi le fait que cette école est bien placée. Les parents estiment que, l’on ne perd pas de temps pour y accéder, et tous les taxis de ladite commune passent tous non loin de son emplacement. Ce qui représente en termes de gain, une aubaine pour de nombreuses familles qui aimeraient faire un tout petit peu d’économies en ces temps de vaches maigres.
J’ai envie d’abandonner les cours
C’est dans cette atmosphère de droit de cuissage que, nous avons rencontré Mlle Francine B. Elle est étudiante dans une grande école de formation à Yopougon. Sa silhouette fait d’elle, l’étudiante la plus courtisées de l’établissement. Francine est en effet, une belle fille. Elle avoisine environs les 180 centimètres de taille. Ses yeux en forme de noisettes illuminent son visage sur lequel pointe un nez fin, mis en valeur par un fond de teint qui ressort sa couleur d’ébène. C’est l’élégance affirmée. Francine fascine donc. Et reste attirante dès qu’elle franchie le seuil de son établissement. Elle attire tous les regards sur elle et cela, nous l’avons remarqué. Ses camarades de classe racontent que, malgré sa beauté reconnue par ses amies de l’école, elle est très discrète, voire timide. Dès que nous l’avons vue arriver, nous sommes allés exprès à sa rencontre pour tester sa timidité. Lorsqu’on arrive à son niveau, vers la porte d’entrée, elle tente de nous dévier sans lever les yeux. Nous nous précipitons vers elle pour la rassurer que nous ne sommes pas venus pour la draguer. Elle ne s’arrête pas. Nous usons de notre privilège d’homme de presse pour l’influer et l’obliger à marquer un arrêt. Un peu énervé d’être suivie, elle s’arrête brusquement et ouvre ses yeux pour nous dévisager. Sans aucune intimidation, nous lui demandons si nous pouvions nous retirer à l’écart pour échanger. Rassurée, elle n’oppose pas de résistance. Mais, elle s’empresse pour dire qu’elle n’est pas mannequin. Puis, elle retire son sac de son épaule pour le tenir dans la main. La première question que nous lui posons est de savoir si elle est consciente de sa beauté. Elle esquisse un large sourire en guise d’approbation et baisse la tête. Après lui avoir donné de l’assurance, elle accepte enfin de nous dire le calvaire qu’elle vit dans cette école où elle fréquente depuis bientôt deux ans. «Je ne supporte plus les regards des hommes. Ils veulent tous me chuchoter quelque chose à l’oreille. Cela m’agasse un peu. Je ne peu même pas me balader toute seule dans cette école comme les autres filles sans être suivie par un homme. J’en est marre. A plusieurs reprises, j’ai failli abandonner l’école et les cours pour aller ailleurs. Je n’en peu plus», raconte avec amertume, Francine B. Puis, elle soupire profondément avant de reprendre son souffle. Elle a envie de relater la vie qu’elle vit ici dans cette école mais, hésite un peu. Je tente une fois encore de la rassurer en lui racontant une histoire drôle pour la sortir de sa timidité. Revenue à elle-même, Francine B. éclate enfin. «J’ai trop de problèmes dans cette école. En classe par exemple, lorsque le professeur qui a tenté de me draguer et qui a reçu une réponse négative m’interroge, j’ai du mal à lui donner une bonne réponse. Même si je sais la réponse à sa question, j’éprouve une certaine gêne à lui donner une réponse. Je le déteste. Mais, je n’ose pas lui dire cela. Il arrive qu’il profite de l’occasion, pour m’humilier devant mes camarades. Cela est très dur pour moi. Mais, je n’ai pas le choix. J’ai peur de le dénoncer», soutient Francine B.
J’ai peur d’expliquer cela à mon père
Nous encourageons Francine à résister aux avances des garçons. Nous lui demandons aussi de rester inflexible face aux menaces de ceux qui seront tenté de la brutaliser, parce qu’elle a refusé leur avance. Puis, nous prenons congé d’elle. Dans les encablures de cette grande école, existe un lycée. Nous nous approchons d’un groupe de jeunes filles à qui, nous demandons si elles sont informées sur le phénomène de harcèlement. Elles observent un moment de silence et une courageuse parmi elles se décide à parler. « Cela existe dans notre lycée. J’en suis une victime », explique K.Z en classe de terminale. Elle présente une physionomie de poupée. Elle raconte que depuis la rentrée scolaire 2011 2012, elle est devenue la proie des professeurs dans son école. Pour elle, être belle dans une école ou dans un lycée, signifie qu’on est une fille avec laquelle tous les garçons doivent s’amuser. Elle n’apprécie pas du tout que, les garçons de son lycée et surtout le corps enseignant, la prenne pour une prostituée. Elle est très remontée et est décidée à rendre compte cette fois-ci, à son père, des agissements des professeurs et aussi, du comportement des petits garçons de son école. «Il y a deux semaines, un de mes professeurs m’a abordée dans le couloir du Lycée. Il m’a invitée à le rejoindre dans un coin reculé afin qu’il puisse me dire ce dont il a besoin. J’ai décliné l’offre. Mais depuis ce jour, j’ai des problèmes avec cet enseignant. Il me boude. Lorsqu’il m’interroge en classe, c’est comme si j’étais la dernière de cet établissement. Pour l’instant, je continue de garder le calme. Mais s’il continue ses bêtises, j’irai dire cela à mon père. Il est vrai que j’ai peur de mon père, mais cette fois-ci, j’irai lui dire cela». K.Z n’est pas la seule à subir les attaques des hommes dans son lycée. Sa voisine, R.V en sait quelque chose. Elle est aussi une victime qui cache son impuissance face à l’ardeur des professeurs de son lycée. Elle raconte que, depuis qu’elle a été affectée dans cette école, elle est l’objet de harcèlement des éducateurs et autres professeurs. Elle regrette le fait que personne ne fait attention à tout ce qui arrive aux filles dans ce lycée. Elle nous précise même que, dès que des filles sont agressées par les garçons et qu’elles vont se plaindre aux responsables tels qu’aux éducateurs, elles ne sont pas prises au sérieux. D’ailleurs, elles sont traitées de filles légères qui cherchent toujours à créer des problèmes aux autres. Cette réaction des éducateurs qui eux-mêmes, cherchent à les avoir crée une tension entre les lycéennes et leurs responsables. «Je ne me laisserai plus faire. Je suis toujours prête à bondir sur un garçon qui tenterait de m’aborder dans ces temps. Je reste aujourd’hui sur mes gardes. Car, les éducateurs sont en complicité avec les profs. Ils veulent tous nous avoir comme leurs copines. Et cela, moi, je refuse», conclu tristement Mlle K.Z.
Jean-Baptiste Essis
jean.essis@gmail.com
Il n’est pas du tout bon d’être une belle fille, et fréquenter une école de formation ou encore une Université en Côte d’Ivoire, sans être l’objet d’une cour assidue de la part des enseignants et autres éducateurs. A Abidjan, le phénomène commence à envahir les grandes écoles de formation. Les Lycées et collèges ne sont non plus épargnés par ce fléau qui risque de mener à la perdition les filles. Dans la commune de Yopougon, il existe une grande école avec un enseignement jugé assez bien par de nombreux parents d’élèves. Pour le sérieux de l’enseignement dispensé dans cet établissement, les parents n’éprouvent aucune peine à faire inscrire leurs filles. Il y a aussi le fait que cette école est bien placée. Les parents estiment que, l’on ne perd pas de temps pour y accéder, et tous les taxis de ladite commune passent tous non loin de son emplacement. Ce qui représente en termes de gain, une aubaine pour de nombreuses familles qui aimeraient faire un tout petit peu d’économies en ces temps de vaches maigres.
J’ai envie d’abandonner les cours
C’est dans cette atmosphère de droit de cuissage que, nous avons rencontré Mlle Francine B. Elle est étudiante dans une grande école de formation à Yopougon. Sa silhouette fait d’elle, l’étudiante la plus courtisées de l’établissement. Francine est en effet, une belle fille. Elle avoisine environs les 180 centimètres de taille. Ses yeux en forme de noisettes illuminent son visage sur lequel pointe un nez fin, mis en valeur par un fond de teint qui ressort sa couleur d’ébène. C’est l’élégance affirmée. Francine fascine donc. Et reste attirante dès qu’elle franchie le seuil de son établissement. Elle attire tous les regards sur elle et cela, nous l’avons remarqué. Ses camarades de classe racontent que, malgré sa beauté reconnue par ses amies de l’école, elle est très discrète, voire timide. Dès que nous l’avons vue arriver, nous sommes allés exprès à sa rencontre pour tester sa timidité. Lorsqu’on arrive à son niveau, vers la porte d’entrée, elle tente de nous dévier sans lever les yeux. Nous nous précipitons vers elle pour la rassurer que nous ne sommes pas venus pour la draguer. Elle ne s’arrête pas. Nous usons de notre privilège d’homme de presse pour l’influer et l’obliger à marquer un arrêt. Un peu énervé d’être suivie, elle s’arrête brusquement et ouvre ses yeux pour nous dévisager. Sans aucune intimidation, nous lui demandons si nous pouvions nous retirer à l’écart pour échanger. Rassurée, elle n’oppose pas de résistance. Mais, elle s’empresse pour dire qu’elle n’est pas mannequin. Puis, elle retire son sac de son épaule pour le tenir dans la main. La première question que nous lui posons est de savoir si elle est consciente de sa beauté. Elle esquisse un large sourire en guise d’approbation et baisse la tête. Après lui avoir donné de l’assurance, elle accepte enfin de nous dire le calvaire qu’elle vit dans cette école où elle fréquente depuis bientôt deux ans. «Je ne supporte plus les regards des hommes. Ils veulent tous me chuchoter quelque chose à l’oreille. Cela m’agasse un peu. Je ne peu même pas me balader toute seule dans cette école comme les autres filles sans être suivie par un homme. J’en est marre. A plusieurs reprises, j’ai failli abandonner l’école et les cours pour aller ailleurs. Je n’en peu plus», raconte avec amertume, Francine B. Puis, elle soupire profondément avant de reprendre son souffle. Elle a envie de relater la vie qu’elle vit ici dans cette école mais, hésite un peu. Je tente une fois encore de la rassurer en lui racontant une histoire drôle pour la sortir de sa timidité. Revenue à elle-même, Francine B. éclate enfin. «J’ai trop de problèmes dans cette école. En classe par exemple, lorsque le professeur qui a tenté de me draguer et qui a reçu une réponse négative m’interroge, j’ai du mal à lui donner une bonne réponse. Même si je sais la réponse à sa question, j’éprouve une certaine gêne à lui donner une réponse. Je le déteste. Mais, je n’ose pas lui dire cela. Il arrive qu’il profite de l’occasion, pour m’humilier devant mes camarades. Cela est très dur pour moi. Mais, je n’ai pas le choix. J’ai peur de le dénoncer», soutient Francine B.
J’ai peur d’expliquer cela à mon père
Nous encourageons Francine à résister aux avances des garçons. Nous lui demandons aussi de rester inflexible face aux menaces de ceux qui seront tenté de la brutaliser, parce qu’elle a refusé leur avance. Puis, nous prenons congé d’elle. Dans les encablures de cette grande école, existe un lycée. Nous nous approchons d’un groupe de jeunes filles à qui, nous demandons si elles sont informées sur le phénomène de harcèlement. Elles observent un moment de silence et une courageuse parmi elles se décide à parler. « Cela existe dans notre lycée. J’en suis une victime », explique K.Z en classe de terminale. Elle présente une physionomie de poupée. Elle raconte que depuis la rentrée scolaire 2011 2012, elle est devenue la proie des professeurs dans son école. Pour elle, être belle dans une école ou dans un lycée, signifie qu’on est une fille avec laquelle tous les garçons doivent s’amuser. Elle n’apprécie pas du tout que, les garçons de son lycée et surtout le corps enseignant, la prenne pour une prostituée. Elle est très remontée et est décidée à rendre compte cette fois-ci, à son père, des agissements des professeurs et aussi, du comportement des petits garçons de son école. «Il y a deux semaines, un de mes professeurs m’a abordée dans le couloir du Lycée. Il m’a invitée à le rejoindre dans un coin reculé afin qu’il puisse me dire ce dont il a besoin. J’ai décliné l’offre. Mais depuis ce jour, j’ai des problèmes avec cet enseignant. Il me boude. Lorsqu’il m’interroge en classe, c’est comme si j’étais la dernière de cet établissement. Pour l’instant, je continue de garder le calme. Mais s’il continue ses bêtises, j’irai dire cela à mon père. Il est vrai que j’ai peur de mon père, mais cette fois-ci, j’irai lui dire cela». K.Z n’est pas la seule à subir les attaques des hommes dans son lycée. Sa voisine, R.V en sait quelque chose. Elle est aussi une victime qui cache son impuissance face à l’ardeur des professeurs de son lycée. Elle raconte que, depuis qu’elle a été affectée dans cette école, elle est l’objet de harcèlement des éducateurs et autres professeurs. Elle regrette le fait que personne ne fait attention à tout ce qui arrive aux filles dans ce lycée. Elle nous précise même que, dès que des filles sont agressées par les garçons et qu’elles vont se plaindre aux responsables tels qu’aux éducateurs, elles ne sont pas prises au sérieux. D’ailleurs, elles sont traitées de filles légères qui cherchent toujours à créer des problèmes aux autres. Cette réaction des éducateurs qui eux-mêmes, cherchent à les avoir crée une tension entre les lycéennes et leurs responsables. «Je ne me laisserai plus faire. Je suis toujours prête à bondir sur un garçon qui tenterait de m’aborder dans ces temps. Je reste aujourd’hui sur mes gardes. Car, les éducateurs sont en complicité avec les profs. Ils veulent tous nous avoir comme leurs copines. Et cela, moi, je refuse», conclu tristement Mlle K.Z.
Jean-Baptiste Essis
jean.essis@gmail.com