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Politique Publié le mardi 27 mars 2012 | Le Patriote

Wade complique la situation de Laurent Gbagbo

Le sort de Laurent Gbagbo, en détention à la prison de La Haye depuis quelques mois, s’est peut-être joué avant-hier, avec l’issue de la présidentielle au Sénégal.
Le président sortant de ce pays, Abdoulaye Wade, qui a su qu’il avait perdu l’élection face à son adversaire, Macky Sall, n’a même pas attendu la proclamation des résultats officielles pour reconnaître sa défaite et, fait notable, féliciter l’homme qui venait de le battre. Il n’a eu aucune gêne, dès le soir même du scrutin à 21 H, à s’emparer de son téléphone pour dire bravo à son jeune rival.
Le résultat de ce geste du vieux lion est aussi simple que bonjour : le rideau venait ainsi de tomber de lui-même sur un processus électoral dont bien des observateurs – les Sénégalais eux-mêmes en premier lieu – craignaient qu’il ne plonge le pays dans la tourmente sociale, pour ne pas dire plus.
Evidemment, il s’agira maintenant pour les vainqueurs de savourer pendant quelques jours leur victoire – c’est normal et légitime – et la vie va continuer, comme si rien ne s’était passé. Le nouveau président élu va être officiellement confirmé par la Cour constitutionnelle et va aussitôt se mettre au travail. Les Sénégalais le jugeront au résultat lors de la prochaine élection, dans cinq ans.
Quant au vaincu, il va certainement se dire, avec philosophie, que c’est la vie. Quand on va à une compétition, ou on la gagne ou on la perd. Abdoulaye Wade se gardera bien d’appeler ses partisans à prendre la rue pour résister. Aucun coups de feu ne sera tiré, même pas en l’air, à fortiori sur les centaines de partisans de Macky Sall qui vont manifester leur joie dans les rues. Personne ne va être massacré. Les forces de l’ordre et de défense, qui ont la claire conscience qu’ils sont au service de la République et non d’un individu, ne vont pas aller dévaliser les poudrières de leurs différents camps pour se mettre à mitrailler le peuple. Il ne viendra même pas à l’esprit de l’homme du « Sopi » d’aller louer des mercenaires à l’étranger pour exécuter cette sale besogne. Non ! La vie continue après les élections ! Les hommes passent, la nation reste.
Il est même possible, pourvu peut-être qu’il en manifeste le désir, que l’ancien opposant historique soit proposé à jouer un rôle, comme son compatriote Abdou Diouf, dans une institution internationale.
Voilà comment peuvent finir les démocrates. Des vieux jours paisibles, auréolés du respect et de la considération du monde entier.
Une chose est sûre et certaine : Wade ne se retrouvera jamais entre les quatre murs de la prison de la Haye. Parce qu’il n’a rien à reprocher. Mieux, par son geste, il a sauvé son peuple d’un possible naufrage.
Justement, cette posture va faire réfléchir certaines personnes, qui se trouvent, précisément, à …La Haye. Ca va faire tilt dans la tête de ceux qui sont chargés de juger Laurent Gbagbo. Ils vont se dire : « tiens, tiens ! Mais c’était aussi simple que ça ! Il suffisait à M. Gbagbo de faire exactement comme M. Wade et nous n’en serons pas là aujourd’hui ». Ils le diront parce qu’ils voient bien la frappante similitude entre les deux scénarii. Comme au Sénégal, Gbagbo est allé aux élections contre ses adversaires, il a remporté le premier tour. Mais, également comme au Sénégal, au deuxième tour, ses adversaires se sont mis ensemble et ont remporté la partie. Qu’est-ce qu’il y avait de si compliqué dans ça !? Massacrer 3000 personnes pour si peu ? Là-bas, à La Haye, les juges voudront certainement en tirer les conséquences, au détriment de Gbagbo.

KORE EMMANUEL
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