«Vous me demandez si je vais bien ? Je vous réponds qu`actuellement, ça ne va pas. Non. Ça ne peut pas aller lorsqu`on vient au tribunal pour suivre la comédie qui se passe ici au Palais de Justice. Ce qui se passe ici est une grosse comédie. Je vous le dis, c`est une grosse comédie. Il faut que les journalistes analysent cette affaire sans état d’âme avant d`écrire leurs articles. Tout ce qui se passe actuellement est comédie. Pourquoi est-ce que les ministres qui ont été impliqués dans la gestion des structures de la filière café - cacao ne sont pas inculpés ? Pourquoi ? Pourtant, on doit les entendre ! Ils ont tous joué un rôle important dans ce qui se passe. Il faut que le tribunal les appelle. Il faut qu`ils parlent pour que la vérité sorte. Ce ne sont pas de simples témoins. On ne peut pas dire que ce sont de simples témoins ! On ne peut pas continuer le procès comme ça. Sans leurs témoignages. Non. La vérité doit être entendue. Il faut que la vérité soit sue avec eux. Nous, nous avons les preuves avec nous. Et toute la Côte d`Ivoire doit savoir. Ce n`est pas normal ce qui se passe au tribunal ». C`est dans une véritable diatribe survoltée contre l`organisation du procès café – cacao que Henri Kassi Amouzou s`est directement lancé hier, mercredi 11 avril 2012, lorsque nous lui avons demandé « président, est-ce que ça va ? ». En marge de l`audience de la journée sur l`affaire café-cacao au Plateau, Henri Kassi Amouzou nous a confié qu`il regrette que le parquet et le tribunal ne planchent sur le fond de l`affaire. Ce, avec les ministres de l’Économie et des Finances et de l`Agriculture qui ont géré la filière café-cacao entre 2001 et 2008. L`homme nous a surpris par cette sortie virulente d`autant que depuis le début de cette affaire en juin 2008, cet ancien patron du Fonds de développement et de promotion des activités des producteurs de café et de cacao (Fdpcc) et ex-président de l`Association nationale des producteurs de café et de cacao de Côte d`Ivoire jusqu`en juin 2008 avait choisi de s`enfermer dans un mutisme légendaire. «Je ne parle pas à la presse. Je n`ai rien à dire», aimait-il à dire. Hier, il a mis fin à ce choix pour exprimer son ras-le-bol. « Les faits sont graves. Les experts douaniers qui sont venus témoigner ici ont évoqué plus de 1500 milliards de francs Cfa de détournement. Cela doit interpeller tout le monde. Moi, je peux affirmer qu`il y a plus que cela. Il faut que tous ceux qui sont impliqués y compris les ministres soient inculpés et soient appelés à la barre», a déclaré Henri Kassi Amouzou manifestement très remonté. Il a voulu qu`on lui fasse la photo (ci-contre) pour prouver qu`il assume ses affirmations écrites. Ce que nous avons fait avec aise en plein Palais de Justice aux environs de 11 heures. Relativement à l`audience du mercredi 11 avril, il faut noter que plusieurs banques attendues à titre de témoin à l`audience ont brillé par leur absence. Il s`agit notamment de la Banque nationale d`Investissement (Bni), la Bank of Africa (Boa), Bridge Bank, Ecobank et Standard Chartered Bank. Seules la Banque pour le Financement de l`Agriculture (Bfa), la Banque atlantique de Côte d`Ivoire (Baci) et Access Bank ont témoigné devant le président du tribunal Ahmed Coulibaly. Pour l`essentiel, il faut retenir que Yéboué Yao Bernard (Bfa), Yao Konan (Baci) et Djiohou Gérard (Access Bank) ont dû évoquer des mouvements sur les comptes de plusieurs structures gérant la filière café-cacao. Le fait qui a certainement impressionné plus d`une personne, ce sont les transferts d`argent estimés à plus de trois (3) milliards de francs Cfa reconnus par le représentant de la Baci sur le compte Baci d`un particulier dénommé Yoko Sylvère. Pour le 25 avril 2012, le ministère public a souhaité avoir auprès des représentants des banques entendus des informations précises sur les mouvements des comptes des différentes structures qui ont géré la filière café-cacao. Les banques absentes ont été convoquées au tribunal le lundi prochain 16 avril. Il faut noter que les ex-dirigeants de la filière café-cacao sont accusés de détournements de deniers publics, abus de biens sociaux, abus de confiance, faux et usage de faux dans des documents administratifs, faux et usage de faux en écritures publiques, de commerce et en écritures privées de banque, escroquerie, etc. Il est prévu qu`une centaine de témoins soit entendue dans cette affaire café-cacao.
Hermance K-N
Hermance K-N