Depuis le 21 février dernier, Touré Hamed Bouah, Pca de la Sarl Sophia Immobilier est emprisonné à la Maca. Il est accusé d’escroquerie, de détournement de fonds. Le projet de faire acquérir aux agents des ex-Fds, des terrains nus, n’a jusque-là pas abouti. Pourtant, bien beaucoup d’argent a circulé dans cette affaire qui met en scène Sophia immobilier de Touré Hamed Bouah, Azuréenne de Promotion de Djédjé Durant, et l’Etat de Côte d’Ivoire à travers le Bnetd, et le ministère de la Construction. Que s’est-t-il passé de 2003 à maintenant pour que Touré Boua se retrouve en prison ? Pour comprendre l’échafaudage, il faut peut-être remonter jusqu’au début de l’affaire. En septembre 1998, et se fondant sur le décret n° 97-620 du 22 octobre 1997 portant application de la loi n° 97- 254 du 4 septembre 1997 portant création d’une Concession d’aménagements fonciers, la société Sophia immobilier, par la personne de son président, Touré Hamed Bouah, a pris contact avec les détenteurs de droits coutumiers de l’axe Abidjan-Anyama pour entamer des lotissements dont le paiement sera fait en nature afin de constituer un patrimoine foncier devant accueillir le projet de réalisation d’un pôle urbain moderne, sur deux superficies de 12.000 ha et de 2.500 ha au nord-ouest et nord-est de la ville d’Abidjan. L’Etat de Côte d’Ivoire, qui voulait la maîtrise du nord du District d’Abidjan, a donné son accord de principe et a même mis l’ensemble de l’assiette foncière du projet à la disposition de Sophia dans le cadre d’un partenariat privé-public. L’attribution des terrains nus aux Fds n’est que le sous-projet n° 1 du vaste projet qui en comprend plus de 15 dont la construction de 50.000 logements sociaux, la construction d’un centre Olympique, d’un hôpital, d’une université, d’un centre commercial, d’un abattoir moderne et d’une gare routière nouvelle. L’assiette foncière lotie en 2003 est évaluée à 772 hectares dont 540 ha pour les détenteurs des droits coutumiers pour le patron de Sophia en guise de rémunération. Les attestations foncières des 772 ha ont- été faites au nom du patron de Sophia, quand les attributions des villageois ont été affectées au projet de fourniture de terrains nus avec pour promoteur principal, Azuréenne de Promotion dirigée par M. Djédjé Durant ? Azuréenne se verra remettre un mandat de commercialisation. Cette attribution des villageois est estimée à 540 ha pour un coût global de 5, 4 milliards de Fca en 2005. Ce qui revient à dire que ce sont 5,4 milliards qui doivent être versés aux villageois (en compensation, après commercialisation du total) pour que les terrains reviennent aux éventuels acquéreurs Fds. Après la formalisation du sous-projet 1, entre 2004 et 2007, dans les mains d’Azuréenne, le patron de Sophia formalise ses rapports avec l’Etat par la création d’une Sarl afin de solliciter son concours dans le cadre d’un partenariat privé-public. Et Sophia sera transformée en Sa avec Conseil d’administration. L’’Etat met le Bnedt en mission pour la réalisation des études d’avant-projet détaillé. Par ailleurs, la recette totale attendue de fourniture de terrains nus aux Fds est de 27 milliards Fcfa, selon les documents notariés établis chez Me Zouzoua Nathalie. Il se trouve que des milliers de Fds ont cotisé, beaucoup ont même soldé, mais nulle part, il n’y a trace de leur argent. Où l’argent est-il passé ? A quoi a-t-il servi en réalité ?
Qu’est-ce qui a donc bloqué ?
Si M. Djédjé Durant s’est vu confier la commercialisation des terrains, c’est bien lui qui devait recevoir les recettes. Et c’est sur ces recettes que les 5, 4 milliards de Fcfa destinés aux villageois devaient être pris. Faute de quoi, les terrains ne sauraient être libérés pour être cédés aux acquéreurs Fds. Or justement, le projet reste bloqué aujourd’hui pour non paiement de la purge des droits coutumiers. Au point où les milliers de souscripteurs Fds, à la fin du délai, ne peuvent entrer en possession de leurs terrains. L’Etat-major se saisit de l’affaire et sur sa plainte, le patron de Sophia est enfermé. Que devient donc celui qui a été chargé de la commercialisation des terrains et donc de la collecte des recettes et du paiement de la purge des villageois ? Dans un courrier adressé au ministre de la Défense, Amani Michel, le 9 août 2010, le conseiller gendarmerie notifiait « l’incapacité notoire du Dg d’Azuréenne de Promotion de faire face à la purge des droits coutumiers des propriétaires terriens du village d’Anyama-Adjamé, évalués à 4 milliards ». Il précise que « sur l’assiette foncière revenant à M. Dédjé Louis Durand, une superficie de 109 ha a été nettoyée, décapée, lotie et bornée (Ndlr par les soins de Sophia). 1008 lots sont disponibles, mais le promoteur étant en état d’insolvabilité, leur distribution annoncée depuis belle lurette a pris du plomb dans l’aile… Comme on peut le constater, M. Djédjé a toujours été le seul obstacle majeur à la réalisation du projet ». Mais comme toute réponse, le ministre a dit à suivre. Puis, le patron de Sophia, selon des témoignages, a été convoqué par des membres du gouvernement d’alors pour se voir intimer l’ordre d’abandonner son projet, s’il ne veut pas rester en prison.
Comment est-ce possible ? Voilà la grande question à laquelle le procès maintenant pourrait répondre.
EDDY PEHE
Qu’est-ce qui a donc bloqué ?
Si M. Djédjé Durant s’est vu confier la commercialisation des terrains, c’est bien lui qui devait recevoir les recettes. Et c’est sur ces recettes que les 5, 4 milliards de Fcfa destinés aux villageois devaient être pris. Faute de quoi, les terrains ne sauraient être libérés pour être cédés aux acquéreurs Fds. Or justement, le projet reste bloqué aujourd’hui pour non paiement de la purge des droits coutumiers. Au point où les milliers de souscripteurs Fds, à la fin du délai, ne peuvent entrer en possession de leurs terrains. L’Etat-major se saisit de l’affaire et sur sa plainte, le patron de Sophia est enfermé. Que devient donc celui qui a été chargé de la commercialisation des terrains et donc de la collecte des recettes et du paiement de la purge des villageois ? Dans un courrier adressé au ministre de la Défense, Amani Michel, le 9 août 2010, le conseiller gendarmerie notifiait « l’incapacité notoire du Dg d’Azuréenne de Promotion de faire face à la purge des droits coutumiers des propriétaires terriens du village d’Anyama-Adjamé, évalués à 4 milliards ». Il précise que « sur l’assiette foncière revenant à M. Dédjé Louis Durand, une superficie de 109 ha a été nettoyée, décapée, lotie et bornée (Ndlr par les soins de Sophia). 1008 lots sont disponibles, mais le promoteur étant en état d’insolvabilité, leur distribution annoncée depuis belle lurette a pris du plomb dans l’aile… Comme on peut le constater, M. Djédjé a toujours été le seul obstacle majeur à la réalisation du projet ». Mais comme toute réponse, le ministre a dit à suivre. Puis, le patron de Sophia, selon des témoignages, a été convoqué par des membres du gouvernement d’alors pour se voir intimer l’ordre d’abandonner son projet, s’il ne veut pas rester en prison.
Comment est-ce possible ? Voilà la grande question à laquelle le procès maintenant pourrait répondre.
EDDY PEHE