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Économie Publié le mardi 8 mai 2012 | Le Quotidien d’Abidjan

Cherté de la vie : Les Ivoiriens sacrifiés par le gouvernement

© Le Quotidien d’Abidjan Par Prisca
Primature: Ahoussou Jeannot entame sa première visite de terrain dans plusieurs marches d`Abidjan
Mercredi 22 mars 2012.Abidjan .Le premier ministre Ahoussou Jeannot et plusieurs ministres effectuent une visite de terrain dans les marchés de Port-bouet ,Treichville, Adjamé Photo (DAGOBERT Banzio)
Le ministre du Commerce Dagobert Banzio était récemment au port de pêche d’Abidjan pour voir comment le poisson parvient à quai et les influences qui en accroissent le prix une fois sorti du port. L’un des acteurs de la filière a évoqué le coût du carburant qui demeure élevé. En fin de semaine dernière, ce sont des policiers et leur commissaire, Bamba Soualio qui ont perdu leurs postes. Sanctionnés au moment où ils s’y attendaient le moins par le Ministre de l’Intérieur. La faute, racket des automobilistes. La sanction, radiation du corps de la police. En clair, ils ont perdu leur travail. Cette sanction pourrait apparaître aux yeux de tous comme un début de solution à l’épineux problème de racket en Côte d’Ivoire. Mais l’on se demande pourquoi le ministre de l’Intérieur n’a pas d’abord fait une mise à pieds à ses éléments avant de passer à cette sanction suprême. La faute était-elle si lourde qu’elle ne pouvait conduire qu’à la radiation de ces pères de familles ? En tout cas, ils sont désormais des sans emplois. La réaction de Hamed Bakayoko cache en réalité un vrai problème. Le gouvernement n’a pas de réponse à l’équation de la cherté de la vie. Lors de sa tournée de constatation de l’application des prix communiqués par le gouvernement, le ministre Dagobert Banzio a choisi de visiter des grandes surfaces d’Abidjan. Les directeurs régionaux eux se chargeaient de faire le tour de quelques magasins à l’intérieur du pays où les prix varient chaque jour. Et là, le ministre Banzio s’est appesanti sur le prix des sacs de riz de luxe. Là où la complainte populaire concerne le riz « dénicachia » plus consommé par la majorité des Ivoiriens. L’essentiel aussi c’est le prix de l’huile fabriquée à Abidjan mais qui est d’un prix élevé. Que dire de la viande de bœuf. En dépit des rackets et autres taxes des Forces Nouvelles (ex-rébellion du nord) de 2003 à 2011, le prix au kilogramme de la viande de bœuf était encore abordable contrairement à ces derniers temps. Les prix oscillent entre 2000 et 2500F le kilogramme de viande. Sont-ce les taxes douanières à l’entrée nord qui influent ainsi sur le prix du marché ou la mauvaise foi de certains commerçants ? Le pauvre consommateur n’a pas de réponse et n’a de cesse de subir le diktat du marché. Les ivoiriens qui pensaient souffler un temps soit peu avec les solutions d’Ado sont étranglés par des prix qui ont atteints des seuils insupportables pour la basse classe. Après avoir subi les affres de la crise de dix ans, voilà que les ivoiriens ne parviennent plus à se nourrir et de plus en plus, dans les ménages, l’on ne fait qu’un seul repas. A Bouaké, ex-capitale de l’ex-rébellion des Forces Nouvelles, les prix ont pris l’ascenseur sans explication. Difficile de se nourrir et aujourd’hui, même les savons sont être loin des bourses. Le savon « kabakourou » est de plus en plus présent dans les pots de bain et le savon traditionnel noir fait un retour en force. Le tas de piment est cher au même titre que des produits sortis tout droit des champs des braves paysans. Acquis au bord champ à des prix qui sont des injures pour la conscience, ces produits agricoles sont revendus à des prix élevés. A la base, avant, l’on accusait les forces de l’ordre. Aujourd’hui, quoique n’ayant pas changé leur façon de se comporter sur les routes, il faudrait reconnaître l’effort opéré par le gouvernement dans la réduction des barrages de contrôle. Même si ceux qui demeurent essaient de combler le vide laissé par les autres.

Des « régies » sans mandat

Le piment frais cultivé en contre-saison provient de Ferké. De la capitale de la région du « Tchologo » à Abidjan, les forces de l’ordre commis à la sécurisation des usagers ne se privent pas de faire payer le prix fort aux chauffeurs de gros camions. Ceux-ci sans coup férir répercutent le manque à gagner sur les commerçantes qui sont bien obligées de se rattraper sur les consommateurs. Les colonnes de camions sont encore visibles aux différents corridors des villes où il y a de grands barrages de contrôle. Ou plutôt d’encaissement illégal de frais financiers. Sous le prétexte vrai du contrôle de police, les agents font perdre du temps aux chauffeurs et commerçantes. L’origine du mal est donc connue. On s’étonne que le ministre du Commerce qui a sous sa tutelle l’office pour la commercialisation des produits vivriers (Ocpv) ne puisse pas endiguer cette saignée financière au détriment des chauffeurs et commerçantes. Les agents de l’Ocpv sont devenus eux aussi des vendeurs de tickets et des racketteurs invétérés. Plutôt que de favoriser la libre évacuation des produits agricoles périssables, ils créent des misères aux commerçantes. Le rôle de l’Ocpv mérite d’être expliqué à tous. S’il faut payer pour charger un camion de bananes ou de piment, il faudrait l’annoncer avec les différents montants avec la garantie que le reçu de l’Ocpv facilite la fluidité routière si tant est-il que les pièces afférents au véhicule sont à jour. Car, on bien l’impression que le gouvernement joue à un mauvais jeu avec les ivoiriens.

Le carburant, essence et gasoil hors prix

Le Président sénégalais avait annoncé à ses compatriotes une baisse substantielle des prix des denrées de première nécessité. Cela a été fait. C’est dire que quand l’Etat veut faire jouer son imperium, il peut le faire sans anicroche. Or, chez nous, les experts en énergie du Rdr avaient en son temps démontré que l’on pouvait réduire considérablement les prix à la pompe du carburant. Près d’un an après l’accession à la magistrature suprême du champion des républicains, aucune diminution n’a été opérée. Aux compteurs des stations-services, ce sont toujours les prix au litre de 774F et 615F pour l’essence et le gasoil. Lors de la visite du ministre Dagobert Banzio au port de pêche, la complainte contre le prix élevé du prix du carburant a été remis sur la table. Que se passe-t-il ? Ne peut-on pas expliquer de façon claire les raisons de cette non-diminution des prix du carburant ? On sait que la Société ivoirienne de raffinage était au bord de la faillite. Des banques sont venues à sa rescousse. Le remboursement des fonds est-il imputé aux usagers et aux ménages ? Autant de questions que se posent les ivoiriens fatigués de subir les hausses et maintien des prix du transport. La semaine dernière, le collectif pour la défense des droits du consommateur (Cddc), organisation non gouvernementale basée à Korhogo a manifesté contre le prix élevé des prix du transport entre Korhogo et Abidjan qui est de 10000F. Les transporteurs arguent que les intrants des véhicules automobiles ont connu des hausses. Jusqu’à quel niveau ? Nul ne le sait mais toujours est-il que les ivoiriens payent le prix fort de l’indifférence du gouvernement qui a des préoccupations plus importantes comme la réconciliation nationale. Il a été demandé aux ivoiriens d’attendre le mois de Juin prochain pour (enfin !) voir le bout du tunnel. Avec l’atteinte du point d’achèvement pour l’éligibilité de la Côte d’Ivoire au programme pays pauvres très endettés (Ppte). D’ici là, combien d’ivoiriens tiendront le coup de cette souffrance sans fin ? C’est bien là la question tant les espoirs s’amenuisent au fil du temps. Les solutions ne sont toujours opérationnelles.

Adam’s Régis Souanga
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