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Société Publié le samedi 12 mai 2012 | Le Patriote

Cheick Diop, (président de ‘’Avocats sans frontières’’ section Côte d’Ivoire) : “Les coûts ne permettent pas à tout le monde de saisir la justice”

Inaccessibilité à la Justice, cherté du coût des prestations. Dr Cheick Diop, président de la section ivoirienne d’Avocats sans frontières relève les tares qui minent le système judiciaire en Côte d’Ivoire. Il donne au passage sa position sur la détention provisoire des responsables de l’ancien régime.

Le Patriote: Vous avez lancé officiellement les activités de la section ivoirienne d’Avocats sans frontières. Et depuis lors, plus rien…

Cheick Diop: Nous sommes sur le terrain. Pas spécialement à Abidjan. Il y a quelques semaines de cela, je revenais de Bouaflé où je suis allé assister quelqu’un qui avait besoin d’un avocat.

LP: Quelles sont donc les missions d’Avocats sans frontières?

CD: C’est de pallier à la carence ou essayer de faire protéger les droits de la défense qui sont le devoir qu’à tout individu de se faire assister.

Vous savez en matière de droit, l’on parle un langage particulier. Et lorsque vous n’êtes pas un professionnel, il est difficile de le comprendre.

Le second, c’est souvent au plan international que cela se passe. Lorsqu’un Avocat est lui-même mis en difficulté dans un pays, l’on fait appel aux membres d’Avocats sans frontières d’un pays donné pour aller l’assister, quand il n’y a aucun avocat ou lorsqu’on estime que les avocats du pays ne sont à même d’avoir la liberté de défendre.


LP: Quels sont les coûts lorsque vous assistez les populations?

CD: L’assistance se fait absolument gratuitement. Ceux que nous assistons n’ont rien à débourser. C’est l’organisation qui prend tout en charge. C’est pourquoi nous n’assistons que les populations vulnérables. Nous n’assistons pas ceux qui ont les moyens de prendre un Avocat, ou ceux qui ont les moyens de profiter de l’aide juridictionnelle que l’Etat accorde. Pour l’aide juridictionnelle, il y a des mécanismes qui sont mis en place par l’Etat pour venir au secours à ceux qui ne peuvent pas payer un Avocat. Sauf que ce mécanisme n’est pas trop vulgarisé.

LP: Que peut bien apporter Avocats sans frontières à la Côte d’Ivoire qui sort de crise?
CD: Avocats sans frontières peut apporter beaucoup. La sortie de crise nous permet de faire le bilan des dégâts. Après ce bilan, il faudrait que ceux qui ont subi des préjudices demandent une indemnisation. Et l’Etat, une fois encore a des mécanismes qu’il met en place.

LP: L’avocat exerce dans un secteur qui est l’objet de critiques acerbes…
CD: Cela dépend de là où on se place. La preuve, les différents régimes qui se sont succédé ont toujours parlé de la mauvaise réputation de la Justice. Ce que nous observons, c’est qu’avant que la population ne prenne position, il faut qu’elle fasse sa propre autocritique. Personne ne veut que son parent passe une nuit dans un commissariat ni à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). Alors que chacun doit accepter les conséquences de ses actes. A partir du moment où personne ne veut assumer ses actes, il y a toujours des interventions. Allez-y au Parquet du Tribunal. On assiste à des va et viens incessants. Chacun veut intervenir au profit de son parent qui a commis un acte répréhensible. A partir du moment où l’on demande des services, il ne peut pas en même temps se retourner pour dire qu’il y a un problème et dire que la Justice ne fait pas son travail.

LP: L’une des questions qui défraie la chronique aujourd’hui, c’est la détention provisoire de certains responsables de l’ancien régime.
CD: Je dois avouer que je suis surpris d’entendre tout ce qui se dit à ce sujet. Ce que nous observons, c’est que même si nous avons un bon système de codification, même si nous avons les textes qu’il faut, l’application est toujours difficile. Chaque fois, l’on s’interroge s’il est normal que le juge d’instruction retienne telle ou telle personne? Mais ce que l’on observe, c’est que depuis des années, l’on a utilisé ce système pour tout le monde. Pour des citoyens ordinaires. Notre association est là pour analyser le système, pour accompagner et critiquer. A la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), il y a des personnes qui ont été arrêtées alors que les charges ne sont pas suffisantes contre elles. Notre préoccupation, ce doit être comment améliorer notre système pour que la liberté soit la règle et que l’on ne mette pas un individu en détention préventive aussi facilement. Et que si l’on le faisait, et s’il s’avère au finish que cet individu a été mis injustement derrière les barreaux, que l’Etat soit prêt pour en assumer les conséquences.
Réalisée par COULIBALY Zoumana
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