Les chefs, les auxiliaires de chef et les détenteurs de siège traditionnel de village ou de province de l’Arrière-Zanzan dans les sous-préfectures de Pinda-Boroko et d’Appimadoum (département de Bondoukou) s’organisent. Ils ont décidé, au cours d’une assemblée générale constitutive tenue le 2 mai 2012 dernier, de mettre en place une association «Crôyè» qui signifie solidarité. Ce, pour atteindre plusieurs objectifs qu’ils se sont fixés en vue de leur épanouissement social, économique, culturel, religieux et politique. Car depuis des lustres, le rôle des chefs traditionnels dans leur fonction de gardiens de la société, de préservation et de respect des us et coutumes face à la monté du modernisme est en perdition. On les «utilise» à tort ou à raison dans des cérémonies comme «de simples trophées de décoration», sans aucun respect pour leur statut, déplorent-ils. Toutes choses qui ne les honorent pas. Parlant de la politique, ils conviennent que «le chef ne doit pas afficher son militantisme avéré pour une formation politique car il est le père de tous les enfants du village». Aussi, en tant qu’auxiliaire de l’administration, le chef doit-il accueillir tous les partis politiques reconnus au même titre, ont-ils insistés. Pour Dr Bini Kouakou, chef de village de Pinda et président élu pour un mandat de trois ans à la tête de cette association, un vide vient d’être comblé. «Cette association scelle l’unité de tous les fils et filles de cette contré. C’est un creuset qui va nous permettre de poser les vrais problèmes de développement, avec l’appui des cadres qui vont bientôt se fédérer dans une mutuelle pour nous accompagner», s’est-il réjoui. Se prononçant sur l’activité de commercialisation de la noix de cajou, le tout nouveau président de l’association «Croyè» qui regroupe 24 villages situés le long de la frontière ivoiro-ghanéenne, dira que : «Nous sommes à la frontière et il y a un trafic incroyable de l’anacarde qui s’opère. Il faut que nous soyons unis pour freiner cela. Parce qu’on dit qu’à Bondoukou, nous n’avons pas d’usine. Mais si vous faites partir l’anacarde au Ghana, comment on peut savoir que vous produisez de l’anacarde ici ? C’est donc une concertation que nous allons mener avec les chefs. Mais le problème principal, c’est comment désenclaver cette région qui manque de routes pour l’évacuation de nos productions ? Là aussi, les positions sont partagées avec les pratiques de fixation des prix de chaque côté de la frontière. Même quand vous voulez aller à Abidjan, il y a les tracasseries routières. Même pour le stockage des produits à Abidjan, nous avons des problèmes».
Pascal Assibondry
Correspondant régional
Pascal Assibondry
Correspondant régional