Situé à l’extrême nord de la ville de Tengrela, sur le chemin menant à la frontière du Mali (Tengrela est à quelque 5 à 6 km de la frontière du Mali), le lycée moderne de Tengrela, par son aspect, rappelle la volonté du premier président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, de donner la chance à tous les enfants de son pays, sans exclusion, d’étudier dans les meilleures conditions. Son cadre avec une grande cour bordée d’arbres et quelques vestiges du passé trouvés sur place montrent que ce lycée a été la fierté du département, longtemps avant la crise. Créé en 1978, ce lycée était doté de toutes les commodités dont l’internat pour garçons et filles, une cantine, des terrains de sport, une infirmerie, des matériels didactiques, etc. Mais aujourd’hui, le lycée moderne de Tengrela, à l’instar de la plupart des écoles de la zone du nord de la Côte d’Ivoire, est fortement marqué par les affres de la crise de 2002. C’est dans le dénuement que enseignants, personnels d’encadrement, responsables de l’administration essaient, bon an mal an, de transmettre le savoir et la connaissance aux 1712 élèves que compte le lycée. Selon l’intendant trouvé sur place, Koffi Kouamé Marcel, depuis la crise de 2002, le lycée est sinistré : « Au cours de la crise de 2002, le lycée a été pillé. Et nous manquons de tout. Tout est à refaire ici» a-t-il déploré.
Le problème d’infrastructures
Le lycée est fouetté par un coup de vieux. Les bâtiments tombent en ruine. Les herbes envahissent la cour, le temps et les intempéries ont lessivé les murs et la poussière rouge a pris la place de la peinture. En outre, il n’y a que récemment, selon l’intendant, les salles de classe ont été électrifiées, sinon le lycée n’est pas éclairé à 100%. Il n’y a plus d’infirmerie. Et l’internat a cessé d’accueillir ses pensionnaires depuis belle lurette. La présence du collège technique au sein du lycée accentue, selon l’intendant, les problèmes d’infrastructures du lycée: «Le site appartient au lycée. Ils sont venus s’installer. On dit que c’est le président du Conseil général qui les a mis là, mais je n’ai vu aucun papier. Et parfois quand ils font la mécanique avec les soudures, le bruit gêne les élèves. Une partie des dortoirs est utilisée comme des salles de classe, notre buanderie est utilisée comme des ateliers» a-t-il affirmé. A cela, il faut ajouter le manque de tables-bancs. Une visite guidée par l’intendant et son censeur, Ben Goualié, a permis d’en faire le constat ; dans les 8 bâtiments que compte le lycée, sur 28 salles de classes, 6 ne sont pas utilisées par manque de tables-bancs. La conséquence, les élèves sont parqués dans des salles parfois en un surnombre surréaliste. La classe de 1ère A, par exemple, est une véritable boite de sardine. Elle contient 113 élèves qui s’asseyent à 3 ou à 4 par table-banc. « Il n’est pas rare, à cause de la proximité, de constater que plusieurs élèves ont les mêmes réponses à un devoir et la même note» a fait remarquer le censeur Ben Goualié. Les responsables du lycée évoquent aussi le problème de la clôture. «C’est un gros problème pour la sécurité au sein du lycée. Il y a aussi qu’en l’absence d’une clôture, les moutons, les bœufs et les ânes flânent dans l’école perturbant ainsi la quiétude des élèves. Plus grave, les habitants n’hésitent pas à traverser le lycée parfois à moto pour aller au champ» a regretté Koffi Kouamé. Au niveau de la cantine, seulement 50 élèves ont droit au repas à l’école par manque de moyen suffisant. La cuisine ne dispose pas d’eau courante et de chambre froide. C’est dans des bidons que le chef cuisinier parcourt la ville à la recherche d’eau.
La question du déficit en personnel
A part le personnel enseignant qui a été étoffé par l’affectation tout récemment de 30 enseignants, les besoins en personnel au lycée, selon l’intendant, sont énormes. Au niveau du personnel d’encadrement, il n’y a pas d’inspecteur d’éducation. Au niveau de l’infirmerie, l’intendant a déploré l’occupation de l’infirmerie par le Collège d’enseignement technique : « Jusque-là, on ne nous a jamais affecté un infirmier » a-t-il ajouté. En plus, il n’y a qu’eux éducateurs aidés par deux bénévoles. «On a encore besoin d’éducateurs et de conseillers d’éducation» a-t-il affirmé.
Le matériel didactique pillé
L’intendant a été catégorique « tout a été pillé, nous n’avons même plus de laboratoire ». Ce qui fait que les enseignants de sciences physiques et de Svt sont obligés de donner que des cours théoriques sans faire de l’expérience. Pour l’intendant, cette situation perdure et c’est préjudiciable à une bonne étude des enfants : « On a toujours fait des demandes ; on nous a toujours répondu que la situation est difficile depuis longtemps donc on attend ». A Tengrela, former les enfants est un parcours du combattant. Et les difficultés qui minent le lycée moderne impactent négativement le rendement des élèves. L’année scolaire passée, le lycée n’a eu au baccalauréat que 7 admis et 15 au Bepc. On déplore aussi 17 grossesses au sein de l’établissement.
FRANÇOIS KONAN
Envoyé spécial à Tengrela
Le problème d’infrastructures
Le lycée est fouetté par un coup de vieux. Les bâtiments tombent en ruine. Les herbes envahissent la cour, le temps et les intempéries ont lessivé les murs et la poussière rouge a pris la place de la peinture. En outre, il n’y a que récemment, selon l’intendant, les salles de classe ont été électrifiées, sinon le lycée n’est pas éclairé à 100%. Il n’y a plus d’infirmerie. Et l’internat a cessé d’accueillir ses pensionnaires depuis belle lurette. La présence du collège technique au sein du lycée accentue, selon l’intendant, les problèmes d’infrastructures du lycée: «Le site appartient au lycée. Ils sont venus s’installer. On dit que c’est le président du Conseil général qui les a mis là, mais je n’ai vu aucun papier. Et parfois quand ils font la mécanique avec les soudures, le bruit gêne les élèves. Une partie des dortoirs est utilisée comme des salles de classe, notre buanderie est utilisée comme des ateliers» a-t-il affirmé. A cela, il faut ajouter le manque de tables-bancs. Une visite guidée par l’intendant et son censeur, Ben Goualié, a permis d’en faire le constat ; dans les 8 bâtiments que compte le lycée, sur 28 salles de classes, 6 ne sont pas utilisées par manque de tables-bancs. La conséquence, les élèves sont parqués dans des salles parfois en un surnombre surréaliste. La classe de 1ère A, par exemple, est une véritable boite de sardine. Elle contient 113 élèves qui s’asseyent à 3 ou à 4 par table-banc. « Il n’est pas rare, à cause de la proximité, de constater que plusieurs élèves ont les mêmes réponses à un devoir et la même note» a fait remarquer le censeur Ben Goualié. Les responsables du lycée évoquent aussi le problème de la clôture. «C’est un gros problème pour la sécurité au sein du lycée. Il y a aussi qu’en l’absence d’une clôture, les moutons, les bœufs et les ânes flânent dans l’école perturbant ainsi la quiétude des élèves. Plus grave, les habitants n’hésitent pas à traverser le lycée parfois à moto pour aller au champ» a regretté Koffi Kouamé. Au niveau de la cantine, seulement 50 élèves ont droit au repas à l’école par manque de moyen suffisant. La cuisine ne dispose pas d’eau courante et de chambre froide. C’est dans des bidons que le chef cuisinier parcourt la ville à la recherche d’eau.
La question du déficit en personnel
A part le personnel enseignant qui a été étoffé par l’affectation tout récemment de 30 enseignants, les besoins en personnel au lycée, selon l’intendant, sont énormes. Au niveau du personnel d’encadrement, il n’y a pas d’inspecteur d’éducation. Au niveau de l’infirmerie, l’intendant a déploré l’occupation de l’infirmerie par le Collège d’enseignement technique : « Jusque-là, on ne nous a jamais affecté un infirmier » a-t-il ajouté. En plus, il n’y a qu’eux éducateurs aidés par deux bénévoles. «On a encore besoin d’éducateurs et de conseillers d’éducation» a-t-il affirmé.
Le matériel didactique pillé
L’intendant a été catégorique « tout a été pillé, nous n’avons même plus de laboratoire ». Ce qui fait que les enseignants de sciences physiques et de Svt sont obligés de donner que des cours théoriques sans faire de l’expérience. Pour l’intendant, cette situation perdure et c’est préjudiciable à une bonne étude des enfants : « On a toujours fait des demandes ; on nous a toujours répondu que la situation est difficile depuis longtemps donc on attend ». A Tengrela, former les enfants est un parcours du combattant. Et les difficultés qui minent le lycée moderne impactent négativement le rendement des élèves. L’année scolaire passée, le lycée n’a eu au baccalauréat que 7 admis et 15 au Bepc. On déplore aussi 17 grossesses au sein de l’établissement.
FRANÇOIS KONAN
Envoyé spécial à Tengrela