Ils vont de sites en sites, les habitants du nouveau site baptisé ‘’Quartier Corridor 3s’’, situé à l’entrée de San-Pedro, au corridor, en provenance de Soubré et de Sassandra. Le vendredi 27 avril dernier, une forte délégation des habitants de ce quartier décide de rencontrer le Préfet de région, Dr N’guessan Obouo Jacques, préfet de San-Pedro. Afin de lui exposer leur préoccupation. Malheureusement pour eux, le Préfet n’a pu les recevoir, car en route pour une mission à l’intérieur de son département. Cherchant à savoir les raisons de leur déplacement, certains qui ont requis l’anonymat nous ont confié : « Nous sommes les habitants du quartier Corridor 3s. Des agents de la mairie sont allés nous voir pour nous dire qu’ils vont nous déguerpir bientôt. La raison, un opérateur immobilier a acheté le site sur lequel nous habitons depuis de longues années ». En effet, suite aux nombreux déguerpissements successifs qui ont été opérés dans plusieurs quartiers de San-Pedro, certains habitants se sont repliés sur ce site, à l’entrée de la ville. « C’est M. Hemy Daniel, chef canton, chef du village de Magné qui nous a autorisé à nous y installer », ont-ils expliqué. Avant d’ajouter : « Nous avons payé chaque lot à 10 000 FCFA, plus 2000 FCFA pour les frais de lotissement. Ensuite, nous avons encore payé 5 000 FCFA pour la construction d’une école ». Aujourd’hui, Corridor 3s est un nouveau quartier précaire de plusieurs milliers d’âmes qui se dresse à l’entrée Nord de San-Pedro. On y trouve une école primaire. Au début en baraque, aujourd’hui reconstruite en partie (3 classes en dur) par l’ONUCI et une école privée. Des centres privés de santé, abusivement appelés cliniques, attendent les malades. C’est bien avant 2004 que des déguerpis de certains quartiers de la ville ont trouvé refuge sur ce site appartenant au village communal Magné. Le Directeur de l’école, M. Bimin Alphonse, qui a acquis son lot dans les mêmes conditions décrites plus haut, nous confie : « Les gens ont commencé à venir ici depuis 2004. A l’époque, je servais en ville et je dormais ici. Lorsque l’école a été ouverte, j’ai demandé à y être affecté et j’en suis aujourd’hui le Directeur. Ce sont les autochtones Kroumen qui donnent ces lots de façon provisoire. Nous espérons que nous serions des bénéficiaires de ce lot lorsque le lotissement sera fait ». Faisant allusion au déguerpissement, il a expliqué que c’est au retour des congés de pâques qu’il a fait certains constats. « j’ai remarqué que des gens sont venus mettre des croix (Ndlr : ce qui signifie à détruire) sur nos bâtiments y compris l’école. Il semblerait que les autochtones auraient vendu ce site à un libanais ». Concernant le chef du village du nom de Hemy Daniel, celui-là même qui leur a cédé les lots, il poursuivra : « Approché, M. Hemy m’a dit qu’il a effectivement vendu un espace à un libanais. Mais ce n’est pas le site sur lequel nous habitons, mais plutôt le bas-fond situé de l’autre côté. Et que le libanais lui aurait dit qu’il remblaierait le site en question pour y construire une usine ». C’est donc une autre affaire de déguerpissement qui pourrait entrainer des mésententes comme celle du Bardot 5-1, 5-2 et Popo qui en leur temps, avait défrayé la chronique à San-Pedro. Pour en savoir davantage, nous décidons de rentrer en contact avec la municipalité. Malheureusement, impossible de joindre le maire Clément Nabo. L’un de ses proches nous faisant savoir qu’il est hors du pays. Finalement nous arrivons à joindre un des adjoints au maire. « Je n’en sais rien. Depuis trois ans, c’est comme ça. Nous ne sommes pas associés aux décisions de la mairie. Je ne sais pas de quoi il s’agit. Donc je n’ai aucune information à vous donner », a répondu cet adjoint au maire. Une affaire de déguerpissement qui doit être résolue car les riverains continuent de construire pendant que le promoteur, avec ses titres fonciers, continue de réclamer son site. Il est donc temps que les autorités prennent connaissance ce dossier.
SORY BLINTIAKA (Correspondant)
SORY BLINTIAKA (Correspondant)