Mardi 22 mai, il est 12h. La gare des “woro-woro” (taxis communaux) affectée au trafic Cocody Saint Jean-Angré, ne connaît pas son ambiance habituelle. En effet, ces taxis de couleurs jaunes qui assurent quotidiennement cette ligne, sont quasiment invisibles. En lieu et place, des taxis compteurs, reconvertis en “woro-woro», essaient de satisfaire des clients irrités par le manque de véhicules. Pour en savoir davantage sur les raisons de ce changement, nous approchons un groupe de jeunes syndicalistes assis dans un coin de la gare. Ouattara Djakaridja, un des syndicalistes, nous informe que les chauffeurs sont en grève. « Tout est parti d’une rumeur annonçant une augmentation de 300 FCFA du billet journalier de l’Union des fédérations de syndicats de Cocody (Ufesco). Mais c’est simplement une intoxication. Depuis quelques jours, des personnes se sont levées pour dire aux chauffeurs que les billets achetés jusque là, à 700 FCFA, passeront à 1000 FCFA. Les chauffeurs, de leur côté, n’ont pas cherché à vérifier l’information. Ils ont tout de suite entamé leur grève qui, en réalité, est sans fondement», explique-t-il. Il insiste pour dire que cette décision n’a jamais été prise au niveau des syndicats de transporteurs. « Moi je suis du syndicat des transporteurs. C’est avec nous que les chauffeurs paient leur billet à 700 FCFA. Et cette information, nous la réfutons et appelons tous nos camarades à reprendre le service demain (Ndlr : aujourd’hui)», souligne-t-il. Pour Kouadio Kouakou Olivier, un autre membre du syndicat des transporteurs, “cette intoxication” provient des syndicats de chauffeurs qui veulent augmenter leur quota sur le billet. « Quand nous encaissons 700 FCFA sur chaque woro-woro, nous donnons 300 FCFA aux syndicats des chauffeurs. Malgré cela, ils veulent augmenter leur part en demandant aux chauffeurs de payer en plus, 300 FCFA », révèle-t-il. Au ‘‘Carrefour de la vie’’, nous surprenons des chauffeurs en train de deviser. Pour eux, la hausse du prix du billet ne relève pas d’une simple rumeur. Soumahoro Bakary fait savoir qu’il a même reçu un document annonçant l’augmentation du billet. « Nous sommes fatigués des syndicats et des ‘‘gnambros’’. Depuis 13 ans que j’exerce dans le métier, j’ai toujours payé les syndicats. Mais ces derniers n’ont jamais rien fait pour moi quand je suis en difficulté. Ils prétendent défendre les droits des chauffeursf mais en réalité, ce n’est pas le cas », déplore-t-il. Selon lui, les syndicats veulent augmenter le prix des billets pour que les chauffeurs n’aient plus à payer, aux “gnambros”, 100 FCFA sur chaque chargement. Ce qui n’agrée pas les chauffeurs. Aussi sont-ils déterminés à poursuivre la grève pour se faire entendre. Même si cet arrêt de travail leur fait perdre environ 15000 FCFA par jour. « Nous perdons de l’argent chaque jour mais le plus important pour nous est de mettre fin aux activités des syndicalistes. Car lorsqu’on se met en grève, eux aussi perdent de l’argent de leur côté parce qu’ils n’arrivent pas à nous prélever quelque chose », explique un des grévistes.
Soumba.O (Stagiaire)
Soumba.O (Stagiaire)
