Le départ de Nicolas Sarkozy de l’Elysée, le 6 mai 2012, a bouleversé le complot international contre le Président Gbagbo détenu injustement à la Cour pénale internationale. Le Procureur sortant de cette Cour, Luis Moreno Ocampo, une des figures de proue de ce complot, a été également sonné par cette défaite de Sarkozy. Au point où à deux semaines de son départ, ce Procureur argentin se retrouve en Côte d’Ivoire. Le samedi 1er juin 2012, il a donné une conférence de presse à l’hôtel Tiama. Sous escorte de la garde rapprochée de Dramane Ouattara depuis son arrivée, Ocampo a soufflé le chaud et le froid en douchant les ardeurs du camp Ouattara qui a condamné le Président Gbagbo avant même qu’il ne soit jugé. «Jusqu’au moment où je vous parle, jusqu’à la date de l’audience de confirmation des charges, le Président Laurent Gbagbo est toujours innocent. Et ce par le principe de la présomption d’innocence. Il est libre et a le droit de présenter tout argument pour se défendre», éclaire-t-il. Tardivement peut-être. Poursuivant, l’argentin soutient comme à son habitude que les plus graves crimes durant la crise postélectorale, ont été commis par le camp Gbagbo. Le procureur se base honteusement sur les articles tirés de la presse Rhdp, pour fonder son argumentaire aussi partisan. Mais, Ocampo, qui sait que son premier soutien Sarkozy, n’est plus aux affaires en France, se rétracte en disant que : «Seuls les juges prendront la décision finale. Aucun acteur politique ou étatique et institutionnel ne pourra influencer la procédure judiciaire. Même Ban Ki Moon, ne peut pas influencer ce procès qui sera équitable», admet-il. Ocampo fait aussi savoir qu’il a rencontré l’unique parti d’opposition, en l’occurrence le Fpi. Qui lui a fait part de ses préoccupations concernant l’audience du 18 du juin. A cet effet, il assure que la Cpi fera tout son possible pour qu’une forte délégation du parti du Président Gbagbo, soit présente le 18 juin à la Haye. «C’est important que le Fpi soit présent à La Haye », précise Luis Moreno. Malheureusement pour lui, c’est la Gambienne Fatou Bensouda, qui sera dans la salle d’audience pour présenter ses fallacieuses charges contre Gbagbo. D’ailleurs, le nouveau Procureur prêtera serment le 15 juin 2012. Le verdict de cette audience qui va se dérouler en quelques jours, ne sera pas donné maintenant, a confirmé Ocampo. «Les juges prendront un certain temps pour délibérer et cela peut prendre des mois», souligne-t-il. L’Argentin est conscient que rien n’est encore joué. Il est hanté par ses nombreux échecs dans le passé. «Si les charges sont confirmées, l’ancien président de la République Gbagbo ira en procès. Mais, si les charges sont rejetées, il sera libéré. Parce que nous avons perdu des procès, où les juges ont rejeté toutes nos charges, comme ce fut le cas en 2005. Donc les juges peuvent rejeter mes charges ou non», se souvient-il amèrement. Pour lui, il est important que les populations ivoiriennes suivent l’audience du18 juin pour comprendre ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. La salle d’audience de la Cpi, est une opportunité pour faire éclater la vérité à la face du monde, se console-t-il. «La vérité qui sera dite à La Haye, va contribuer à réconcilier les Ivoiriens», estime le procureur sortant. Il avoue que d’autres crimes graves ont été commis par les forces pro-Ouattara. Ces crimes, soutient-il, font toujours l’objet d’enquête au niveau de la Cpi. «Nous croyons que des crimes ont été commis à Duékoué, il y a des responsables. Nous enquêtons sur tous les crimes et sur les hauts responsables qui y sont impliqués. Nous continuons les enquêtes et justice sera rendue aux victimes», relate Ocampo. Le procureur sortant soutient qu’il a raison de penser que le président Gbagbo a commis les plus graves crimes durant la crise postélectorale. Cependant il reconnaît encore que «ce sont les juges qui vont décider si j’ai tort ou si j’ai raison. En toute indépendance et impartialité, ils départageront les deux parties». Ocampo a par ailleurs souligné qu’il n’a pas daigné rencontrer le président de l’Assemblée nationale, Soro Guillaume. Quand on lui demande pourquoi l’avoir félicité alors ? Il se défend maladroitement en ces termes : «Il ne faut surtout pas confondre la courtoisie et mon mandat judiciaire». Simplement triste, pour un Procureur qui ressasse partout qu’il est impartial.
Fabrice Tété
Fabrice Tété