Un deus-ex machina! L’arrestation à Lomé et l’extradition à Abidjan de Lida Kouassi Moïse, l’ancien ministre de la Défense et «sécurocrate» de l’ancien régime, a dévoilé un vaste plan de déstabilisation de la Côte d’Ivoire et du pouvoir Ouattara. Cet homme qui a toujours voulu le pouvoir pour lui-même, notamment avec l’avènement de la rébellion en septembre 2002, en demandant à l’ancien président de rester en Italie, le temps de mettre fin à la révolte de Guillaume Soro et de ses hommes, visait au moins deux principaux objectifs. Le premier, selon nos sources, visait le renversement les institutions de la République. Avec la présence des FRCI, des forces de l’ONU et de La Licorne, l’exercice du «sécurocrate» paraissait suicidaire. A défaut donc de prendre le pouvoir dans l’immédiat, les hommes de Laurent Gbagbo espéraient attenter à la vie du Chef de l’Etat et des principaux dirigeants ivoiriens, de sorte à créer le chaos généralisé et à faire tomber le pouvoir dans les mains du premier quidam. Lida Kouassi et ses hommes restent encore dans leur antienne et ancienne caricature: «Tout Sauf Ouattara». A cet effet, les documents saisis sur le principal commanditaire sont plus édifiants. Une liste de mercenaires recrutés dans la sous-région, de nombreux numéros de téléphone de frappes et un mode opératoire. Sur ce point, l’arrestation de Lida Kouassi a dérouté ses éléments et ce qui s’est passé à Taï, avec l’embuscade tendue aux casques bleus et aux FRCI, n’est que la face visible de l’iceberg. A la vérité, il s’agissait d’ouvrir des attaques aux différentes frontières, pour disperser le dispositif des FRCI, qui, dans leur entendement, déploieront toutes leurs énergies aux frontières et pendant ce temps, les miliciens tapis dans l’ombre en profiteront pour semer le désordre. Au niveau des moyens, Lida Kouassi n’en manquait pas, tout comme la plupart des barons en exil. Leur argent proviendrait essentiellement de deux circuits. De prime abord, de la casse des banques durant la crise postélectorale. Ils en ont pris dans leur fuite et sur place à Abidjan, des hommes et femmes se chargent de le leur en envoyer par des canaux divers. Selon notre source bancaire, à l’aide de prête-noms, Lida Kouassi et ses amis ont déposé de fortes sommes d’argent dans des filiales d’une banque basée sur les bords de l’océan atlantique, notamment au Togo, au Bénin et au Niger. C’est de là que partent les différentes transactions de déstabilisation. Un nom revient couramment dans les débats. Celui du frère de l’ancien ambassadeur de Côte d’Ivoire au Ghana. Il s’agit d’un certain Aka Aristides, patron d’une compagnie d’assurance aux pratiques peu catholiques. Cette maison créée pour les besoins de la cause, est une grande pourvoyeuse de fonds. Ainsi donc pour Lida Kouassi, avec ces moyens, il pouvait faire couler le nouveau régime issu des urnes. Pour lui, tout fonctionnerait comme du papier à musique, dans une parfaite symphonie. L’homme ne savait pas qu’il était pourchassé par un mandat d’arrêt international et que ses faits et gestes étaient suivis. Avec sa prise, et les documents saisis sur lui, beaucoup de gens ont commencé à trembler. Les enquêtes réserveront de grosses prises. Peur donc sur Abidjan!
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga