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Politique Publié le lundi 11 juin 2012 | Le Temps

Après avoir été gazés, les policiers menacent

«Nous allons rééditer nos manifestations jusqu’à ce que nous rentrions dans nos droits ou que l’on nous rembourse les montants de nos cotisations dans l’opération immobilière des forces de l’ordre. Nous restons déterminés jusqu’à ce que le président Ouattara se saisisse de cette affaire et prête une oreille attentive à nos préoccupations». C’est par ces mots qu’un agent de la police nationale, furieux, a contacté, au téléphone, Le Temps «pour sa force d’audience», précise-il. Notre interlocuteur est revenu sur l’échec de l’opération immobilière qui fait des ex-Fds des grosses victimes d’une arnaque. Il prétend être un «officier» qui sort d’une réunion avec le Directeur général de la police nationale le Général Brindou M’Bia et le Commissaire Krouma Directeur du fonds de prévoyance de la police. Réunion qui a «fini en queue de poisson», les deux groupes n’ayant pu trouver un terrain d’entente, a-t-il indiqué. Dans notre communication téléphonique entrecoupée par moments et qui a duré une dizaine de minutes, «l’officier» a fait des graves révélations. En effet, il a accusé les deux responsables de la police nationale d’exercer des fortes pressions sur certains commissaires qui seraient favorables aux manifestations de mécontentement de leurs éléments. Rappelons que les policiers ont envahi le Plateau, la semaine dernière, pour protester contre les promoteurs de l’opération immobilière lancée à leur intention. Une bonne partie des commissaires de police, à en croire notre informateur, serait dans le viseur du général Brindou M’Bia et du Commissaire Krouma à qui les deux responsables auraient demandé de se désolidariser du mouvement d’humeur de leurs collègues. Mais, ces commissaires, toujours selon notre source, n’entendraient pas obtempérer et persisteraient à protéger les éléments sous leur responsabilité. Une attitude qui aurait eu le mérite d’irriter les grands patrons décidés à «étouffer» le scandale quitte à eux de trouver une issue négociée dans un délais raisonnable, avant que le chef de l’Etat ne s’en saisisse et prenne des décisions «contraignantes». C’est dans cet ordre d’idée, que, hier, un autre appel téléphonique nous fait entendre que le Directeur général de la police, fait émettre un appel radio à l’endroit de souscripteurs, 4000, au total. Ces derniers sont invités à se rendre dès cette semaine, à la Préfecture de police où les attendent des fiches d’identification. En vue d’un processus de remboursement. Disséminé à travers le pays, ils devront se munir de deux (2) photos d’identité au moment de remplir la fiche dans laquelle ils préciseront tous leurs identifiants afférents. Pour les policiers «révoltés» qui nous ont joints tard hier en fin de soirée, Brindou M’Bia fait du «dilatoire pour gagner du temps». Ce d’autant qu’ils sont convaincus que si Dramane Ouattara se saisit, enfin, du dossier de l’opération immobilière qui depuis des années fait couler beaucoup d’encre et de salive, il pourrait aller jusqu’à démettre de leurs fonctions respectives et poursuivre devant les tribunaux toutes les personnalités impliquées. Cependant, nos sources insistent pour dire que même si les Dg de la Police et du Fonds sont démis ou pas, là n’est plus la question. Le problème des policiers qui ne veulent pas lâcher le morceau, c’est qu’ils «n’accepteront plus d’être gazés» par leurs frères d’armes. Ils estiment, au contraire, que la réaction de la semaine dernière des autorités policières est anti confraternelle. D’où seraient-ils prêts à en tirer toutes les conséquences : «Nous sommes prêts à tout. Même si vous êtes gazés à nouveau par vos frères d’armes Frci?» Avons-nous risqué la question. «Ce serait une grosse erreur de leur part. Nous allons riposter. Car, nous avons pris toutes les dispositions. Nous allons réagir à leur gaz lacrymogène avec des grenades offensives. Qu’ils se le tiennent pour dit, chacun de nous affutera son arme pour notre manifestation de jeudi (Ndlr, 14 juin)». Que va-t-il se passer si le président Ouattara ne se hâte pas de recevoir les policiers de Côte d’Ivoire qui se sentent grugés dans une opération immobilière dans laquelle ils ont engloutis des sommes colossales et qui ont besoin d’être écoutés ? L’avenir nous situera.

Simplice Allard
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