Le ministre Amadou Soumahoro a prononcé une conférence de presse le lundi 18 juin 2012, au siège de son parti à la rue Lepic aux II Plateaux. Il en a profité pour répondre au Pdci-Rda qui souhaite voir regroupés les quatre signataires du Rhdp, pour aller conquérir les voix des militants. Mais la position du Sgi du Rdr tranche totalement avec celle de Joël N’guessan porte-parole du même parti.
L’on se souvient qu’à l’occasion de son Bureau politique tenu le 2 juin 2012, le Pdci-Rda, avait souhaité que, contrairement aux législatives où l’alliance n’a pas fonctionné correctement, les quatre signataires de la plate-forme du Rhdp aillent en rangs serrés pour les joutes électorales à venir, sous la bannière de leur organisation commune. Le secrétaire général du Rdr, Amadou Soumahoro, s’est saisi de la conférence de presse qu’il a animée le lundi dernier pour répondre à son allié principal. En effet, selon Amadou Soumahoro « Ce problème sera réglé en famille. Nous allons nous retrouver pour réfléchir à toutes ces questions le moment venu ». Il a par ailleurs ajouté qu’il n’y a aucun problème au Rhdp. Le Sg du Rdr n’a pas manqué de souligner qu’à la présidentielle, il avait été convenu entre les alliés, que chacun devait présenter son candidat. Celui qui passerait au second tour, devant être soutenu par les autres. « C’est ce qui a été fait » a-t-il déclaré. Pour Amadou Soumahoro, c’est la même ligne qui a guidé les législatives, seulement qu’à ce niveau là, « il n’y avait pas un deuxième tour », a-t-il ironisé.
Comparaison n’est pas raison
Y a-t-il matière à comparaison entre la présidentielle dotée d’un second tour et les autres scrutins à un seul tour ? Sûrement pas. Anaky Kobéna du Mfa, on s’en souvient, avait réclamé à cor et à cri une candidature unique pour le Rhdp sans succès au moment d’aller à la présidentielle d’octobre 2010. Si l’on peut comprendre, la stratégie de candidature diversifiée au moment de la présidentielle, en raison de la volonté affichée par Laurent Gbagbo de braquer le pouvoir, ne justifie aucunement les tergiversations auxquelles l’on assiste actuellement au sein du Rhdp. Le vrai problème de cette plate-forme se trouve au sein du Rdr qui veut une chose et son contraire à la fois. Il n’y a pas deux Rdr. Bien sûr, Amadou Soumahoro en tant Secrétaire général ayant en charge la gestion quotidienne, est la voix officielle de ce parti. Mais Joel N’guessan en est aussi le porte-parole. Donc une des voix officielles du Rdr. Bien avant la conférence du lundi dernier, Joël N’guessan avait déjà donné la position de son parti sur les propositions faites par le Pdci-Rda. Pour lui, il n’est pas question d’aller aux municipales sous la bannière du Rhdp. Parce que cela reviendrait, selon lui, à faire « la promotion de parvenus ». Pour un même parti politique, deux attitudes et deux réponses différentes à la seule question posée par le Pdci. Ce clair-obscur du Rdr dénote bien d’une volonté manifeste de rouler dans la farine ses alliés. A-t-on réellement besoin de dire « Ce problème sera réglé en famille. Nous allons nous retrouver pour réfléchir à toutes ces questions le moment venu ? ». L’idée d’aller en rangs serrés aux élections, de gouverner ensemble ne réside-t-elle pas de façon intrinsèque dans les fondements du Rhdp ? Cette plate-forme n’avait-elle pas aussi pour objet de se transformer en parti politique unifié ? Quels sont en effet aujourd’hui les attitudes et gestes qui montrent que le Rhdp vit encore ?
Le Rdr dans une logique de « je t’aime, moi non plus »
Le Pdci, L’Udpci et le Mfa restent encore attachés à l’idéal du départ. Ces partis se souviennent encore des nuits d’angoisse que leur ont fait subir les chiens de garde de Laurent Gbagbo. Les enlèvements, les disparitions, les cris stridents de gens qu’on brûlait vifs au nom d’un nationalisme débridé et exacerbé ont connu une fin grâce à l’union sacrificielle des responsables du Rhdp. Parvenu à une relative paix, le pays est encore secoué par des spasmes intermittents dus aux incessantes attaques de voyous tapis dans la forêt de Taï. Ce n’est pas encore l’agonie, mais c’est loin de la guérison totale tant espérée. Entre temps, la merveilleuse idylle entretenue par les quatre responsables politiques du Rhdp au plus fort de la crise postélectorale, semble désormais se conjuguer au passé simple. Quand Le Pdci, L’Udpci et le Mfa disent au Rdr : ‘’nous voulons marcher ensemble avec toi’’, ce parti répond ‘’ il faut qu’on en discute’’. Ou encore ‘’nous ne voulons pas faire la promotion de parvenus’’ de ‘’Has been’’, pour ne pas dire des gens dépassés ou gens du passé. Fini les réunions de la Conférence des présidents du Rhdp, du Directoire du Rhdp et leurs communiqués qui ont donné tant d’espoir aux Ivoiriens. Le Rdr vainqueur de la présidentielle, vainqueur aussi des législatives semble développer un complexe de supériorité face à ses alliés. Et puis, il ne faut pas se leurrer, les militants du Rdr veulent bien savourer leur victoire et certainement rééditer leur exploit de mars 2001 lors des élections municipales. Le refus de procéder à un nouveau découpage électoral avant les municipales tel que souhaité par le Pdci, alors qu’il a suffi d’une ordonnance pour qu’un nouveau découpage se fasse lors des législatives, témoigne bien de la fin du rêve commun. Quand Le Pdci, L’Udpci et le Mfa souhaitent une suite à leur idylle avec leur Rdr, celui-ci reste constamment dans une logique de « je t’aime, moi non plus ». Faut-il alors continuer à croire à un avenir du Rhdp avec le Rdr ? Le temps nous le dira.
Jean Philippe Okann
L’on se souvient qu’à l’occasion de son Bureau politique tenu le 2 juin 2012, le Pdci-Rda, avait souhaité que, contrairement aux législatives où l’alliance n’a pas fonctionné correctement, les quatre signataires de la plate-forme du Rhdp aillent en rangs serrés pour les joutes électorales à venir, sous la bannière de leur organisation commune. Le secrétaire général du Rdr, Amadou Soumahoro, s’est saisi de la conférence de presse qu’il a animée le lundi dernier pour répondre à son allié principal. En effet, selon Amadou Soumahoro « Ce problème sera réglé en famille. Nous allons nous retrouver pour réfléchir à toutes ces questions le moment venu ». Il a par ailleurs ajouté qu’il n’y a aucun problème au Rhdp. Le Sg du Rdr n’a pas manqué de souligner qu’à la présidentielle, il avait été convenu entre les alliés, que chacun devait présenter son candidat. Celui qui passerait au second tour, devant être soutenu par les autres. « C’est ce qui a été fait » a-t-il déclaré. Pour Amadou Soumahoro, c’est la même ligne qui a guidé les législatives, seulement qu’à ce niveau là, « il n’y avait pas un deuxième tour », a-t-il ironisé.
Comparaison n’est pas raison
Y a-t-il matière à comparaison entre la présidentielle dotée d’un second tour et les autres scrutins à un seul tour ? Sûrement pas. Anaky Kobéna du Mfa, on s’en souvient, avait réclamé à cor et à cri une candidature unique pour le Rhdp sans succès au moment d’aller à la présidentielle d’octobre 2010. Si l’on peut comprendre, la stratégie de candidature diversifiée au moment de la présidentielle, en raison de la volonté affichée par Laurent Gbagbo de braquer le pouvoir, ne justifie aucunement les tergiversations auxquelles l’on assiste actuellement au sein du Rhdp. Le vrai problème de cette plate-forme se trouve au sein du Rdr qui veut une chose et son contraire à la fois. Il n’y a pas deux Rdr. Bien sûr, Amadou Soumahoro en tant Secrétaire général ayant en charge la gestion quotidienne, est la voix officielle de ce parti. Mais Joel N’guessan en est aussi le porte-parole. Donc une des voix officielles du Rdr. Bien avant la conférence du lundi dernier, Joël N’guessan avait déjà donné la position de son parti sur les propositions faites par le Pdci-Rda. Pour lui, il n’est pas question d’aller aux municipales sous la bannière du Rhdp. Parce que cela reviendrait, selon lui, à faire « la promotion de parvenus ». Pour un même parti politique, deux attitudes et deux réponses différentes à la seule question posée par le Pdci. Ce clair-obscur du Rdr dénote bien d’une volonté manifeste de rouler dans la farine ses alliés. A-t-on réellement besoin de dire « Ce problème sera réglé en famille. Nous allons nous retrouver pour réfléchir à toutes ces questions le moment venu ? ». L’idée d’aller en rangs serrés aux élections, de gouverner ensemble ne réside-t-elle pas de façon intrinsèque dans les fondements du Rhdp ? Cette plate-forme n’avait-elle pas aussi pour objet de se transformer en parti politique unifié ? Quels sont en effet aujourd’hui les attitudes et gestes qui montrent que le Rhdp vit encore ?
Le Rdr dans une logique de « je t’aime, moi non plus »
Le Pdci, L’Udpci et le Mfa restent encore attachés à l’idéal du départ. Ces partis se souviennent encore des nuits d’angoisse que leur ont fait subir les chiens de garde de Laurent Gbagbo. Les enlèvements, les disparitions, les cris stridents de gens qu’on brûlait vifs au nom d’un nationalisme débridé et exacerbé ont connu une fin grâce à l’union sacrificielle des responsables du Rhdp. Parvenu à une relative paix, le pays est encore secoué par des spasmes intermittents dus aux incessantes attaques de voyous tapis dans la forêt de Taï. Ce n’est pas encore l’agonie, mais c’est loin de la guérison totale tant espérée. Entre temps, la merveilleuse idylle entretenue par les quatre responsables politiques du Rhdp au plus fort de la crise postélectorale, semble désormais se conjuguer au passé simple. Quand Le Pdci, L’Udpci et le Mfa disent au Rdr : ‘’nous voulons marcher ensemble avec toi’’, ce parti répond ‘’ il faut qu’on en discute’’. Ou encore ‘’nous ne voulons pas faire la promotion de parvenus’’ de ‘’Has been’’, pour ne pas dire des gens dépassés ou gens du passé. Fini les réunions de la Conférence des présidents du Rhdp, du Directoire du Rhdp et leurs communiqués qui ont donné tant d’espoir aux Ivoiriens. Le Rdr vainqueur de la présidentielle, vainqueur aussi des législatives semble développer un complexe de supériorité face à ses alliés. Et puis, il ne faut pas se leurrer, les militants du Rdr veulent bien savourer leur victoire et certainement rééditer leur exploit de mars 2001 lors des élections municipales. Le refus de procéder à un nouveau découpage électoral avant les municipales tel que souhaité par le Pdci, alors qu’il a suffi d’une ordonnance pour qu’un nouveau découpage se fasse lors des législatives, témoigne bien de la fin du rêve commun. Quand Le Pdci, L’Udpci et le Mfa souhaitent une suite à leur idylle avec leur Rdr, celui-ci reste constamment dans une logique de « je t’aime, moi non plus ». Faut-il alors continuer à croire à un avenir du Rhdp avec le Rdr ? Le temps nous le dira.
Jean Philippe Okann