Classée 33 ème pays pauvre très endetté (PPTE), par le Fonds monétaire
international (FMI) et la Banque mondiale, la Côte d`Ivoire vient de passer le cap du point d`achèvement de l`Initiative PPTE. La première bonne nouvelle, c`est l`effacement d`une ardoise de la dette extérieure de près de 2 000 milliards de FCFA.
Des ressources qui seront désormais injectées dans les dépenses pro-pauvres, c`est-à-dire des dépenses décrites dans le Plan national de développement (PND). Au-delà de cette manne financière importante dont la Côte d`Ivoire va bénéficier pour amorcer son développement socio-économique post-crise, le pays devient désormais crédible
aux yeux des institutions internationales. C`est-à-dire que la Côte d`Ivoire peut aller emprunter encore des ressources auprès de partenaires extérieurs. Mais, il s`agira cette fois-ci d`un endettement intelligent, étant entendu que les partenaires au
développement seront désormais très regardants sur la question. En attendant que des spécialistes se prononcent sur les acquis pour la Côte d`Ivoire avec l`obtention de cette initiative, il faut noter qu`il s`agit d`une bouffée d`oxygène pour les autorités ivoiriennes.
En effet, la Côte d`Ivoire soufflera un peu, puisqu`elle ne sera plus amenée à apurer sa dette extérieure, du moins pendant un bon moment. Mais, comme aime à le dire le ministre de l`Economie et des finances, Charles Diby Koffi, le point d`achèvement n`est pas une fin en soi. Invité du 20 heures de la télévision première chaîne le lundi 4 juin 2012, le ministre Diby a donné un avant-goût de ce qu`est le point d`achèvement du PPTE. « L`obtention du PPTE n`est pas une valise d`argent à destination de la Côte d`Ivoire. Mais, lorsque vous consacrez le 1/3 de votre budget à payer la dette extérieure et que vous vous battez pour que cette dette soit annulée, ce que vous utilisez pour payer la dette extérieure, vous l`utiliserez désormais pour investir, pour créer le patrimoine et créer de la richesse dans le pays. Voilà pourquoi le PPTE est important. Le PPTE n`est pas le point d`achèvement de nos problèmes.
Mais, c`est une plate-forme que nous devons utiliser pour que ce pays rebondisse et que nous ayons un niveau de croissance qui soit inclusif. Quand je parle de croissance inclusive, c`est la croissance qui doit toucher d`abord les plus pauvres.
Faire en sorte que dans le milieu rural, le paysan ait un revenu normal, correct, qu`il puisse scolariser ses enfants, qu`il puisse se soigner, qu`il puisse avoir accès à de l`eau potable, à de l`électricité. C`est cela la croissance inclusive, qui doit toucher les populations les plus faibles. Au niveau des dépenses pro-pauvres dans le budget, nous y inscrivons près de 850 milliards de FCFA et nous faisons en sorte que cela soit bien réalisé », indiquait le ministre lors de son interview sur la première chaîne de télévision. En clair, l`après PPTE est l`étape la plus difficile à gérer. Pour ne pas, comme la plupart des pays qui ont déjà obtenu cette Initiative, revenir à la case départ, c`est-à-dire avoir plus de difficultés que par le passé.
Bertrand GUEU
Voici les pièges à éviter
L`admission de la Côte d`Ivoire à l`initiative en faveur des PPTE va-t-elle changer quelque chose dans le vécu des Ivoiriens ? Apparemment, tout n`est pas joué d`avance. Le répit ne sera probablement que de courte durée car les économies s`échelonnent sur 20 ans. Mais il faut surtout attendre de voir comment vont être gérées les ressources qui seront mises à la disposition de l`Etat. Trois principaux pièges doivent être évités. Premièrement, il faut éviter d`allouer les ressources dans les investissements de prestige.
En effet, l’accroissement du service de la dette peut avoir un effet négatif sur la croissance en réduisant le montant des ressources publiques disponibles pour les infrastructures et la formation du capital humain. Cette idée rejoint celle soutenue par Oxfam International, pour qui la charge élevée du service de la dette est l’un des principaux obstacles à la satisfaction des besoins
humains de base dans les pays en développement. S`il est admis que
chaque pays bénéficiant de l’initiative PPTE doit déterminer l’utilisation de ces ressources dans le contexte de sa stratégie pour la réduction de la pauvreté, certaines études suggèrent toutefois qu’un moyen pour les autorités nationales d’accélérer la croissance et de combattre la pauvreté, consisterait à affecter une part substantielle de ces ressources à l’investissement public.
D`ailleurs, le plan national de développement(PND) élaboré par le gouvernement ivoirien, indique assez clairement l`usage qui
sera fait dans le secteur social, des économies réalisées. Deuxième piège à éviter, la tentation de détournement de fonds. Il s`agit ici de faire en sorte que les ressources provenant de la réduction du service de la dette soient effectivement utilisées pour accroître le budget de la santé et de l`éducation.
Mais le tout n`est pas d`accroître les dépenses consacrées au secteur social. La nécessité de la mise en place de mécanismes de suivi-évaluation s`impose pour un contrôle régulier des projets sociaux. Un troisième piège à surmonter concerne les déficits budgétaires. En effet, le la Côte d`Ivoire qui tire l`essentiel de ses ressources des recettes d`exportation du café et du cacao, est exposé aux chocs exogènes liés à la détérioration des termes de l`échange ainsi qu`aux crises financières, qui pourraient aménuiser les ressources propres de l`Etat. Dans ces conditions, le risque de réendettement et de surendettement est réel, qui peut amener la Côte d`Ivoire à se maintenir dans le cercle vicieux de la dette.
B. GUEU
international (FMI) et la Banque mondiale, la Côte d`Ivoire vient de passer le cap du point d`achèvement de l`Initiative PPTE. La première bonne nouvelle, c`est l`effacement d`une ardoise de la dette extérieure de près de 2 000 milliards de FCFA.
Des ressources qui seront désormais injectées dans les dépenses pro-pauvres, c`est-à-dire des dépenses décrites dans le Plan national de développement (PND). Au-delà de cette manne financière importante dont la Côte d`Ivoire va bénéficier pour amorcer son développement socio-économique post-crise, le pays devient désormais crédible
aux yeux des institutions internationales. C`est-à-dire que la Côte d`Ivoire peut aller emprunter encore des ressources auprès de partenaires extérieurs. Mais, il s`agira cette fois-ci d`un endettement intelligent, étant entendu que les partenaires au
développement seront désormais très regardants sur la question. En attendant que des spécialistes se prononcent sur les acquis pour la Côte d`Ivoire avec l`obtention de cette initiative, il faut noter qu`il s`agit d`une bouffée d`oxygène pour les autorités ivoiriennes.
En effet, la Côte d`Ivoire soufflera un peu, puisqu`elle ne sera plus amenée à apurer sa dette extérieure, du moins pendant un bon moment. Mais, comme aime à le dire le ministre de l`Economie et des finances, Charles Diby Koffi, le point d`achèvement n`est pas une fin en soi. Invité du 20 heures de la télévision première chaîne le lundi 4 juin 2012, le ministre Diby a donné un avant-goût de ce qu`est le point d`achèvement du PPTE. « L`obtention du PPTE n`est pas une valise d`argent à destination de la Côte d`Ivoire. Mais, lorsque vous consacrez le 1/3 de votre budget à payer la dette extérieure et que vous vous battez pour que cette dette soit annulée, ce que vous utilisez pour payer la dette extérieure, vous l`utiliserez désormais pour investir, pour créer le patrimoine et créer de la richesse dans le pays. Voilà pourquoi le PPTE est important. Le PPTE n`est pas le point d`achèvement de nos problèmes.
Mais, c`est une plate-forme que nous devons utiliser pour que ce pays rebondisse et que nous ayons un niveau de croissance qui soit inclusif. Quand je parle de croissance inclusive, c`est la croissance qui doit toucher d`abord les plus pauvres.
Faire en sorte que dans le milieu rural, le paysan ait un revenu normal, correct, qu`il puisse scolariser ses enfants, qu`il puisse se soigner, qu`il puisse avoir accès à de l`eau potable, à de l`électricité. C`est cela la croissance inclusive, qui doit toucher les populations les plus faibles. Au niveau des dépenses pro-pauvres dans le budget, nous y inscrivons près de 850 milliards de FCFA et nous faisons en sorte que cela soit bien réalisé », indiquait le ministre lors de son interview sur la première chaîne de télévision. En clair, l`après PPTE est l`étape la plus difficile à gérer. Pour ne pas, comme la plupart des pays qui ont déjà obtenu cette Initiative, revenir à la case départ, c`est-à-dire avoir plus de difficultés que par le passé.
Bertrand GUEU
Voici les pièges à éviter
L`admission de la Côte d`Ivoire à l`initiative en faveur des PPTE va-t-elle changer quelque chose dans le vécu des Ivoiriens ? Apparemment, tout n`est pas joué d`avance. Le répit ne sera probablement que de courte durée car les économies s`échelonnent sur 20 ans. Mais il faut surtout attendre de voir comment vont être gérées les ressources qui seront mises à la disposition de l`Etat. Trois principaux pièges doivent être évités. Premièrement, il faut éviter d`allouer les ressources dans les investissements de prestige.
En effet, l’accroissement du service de la dette peut avoir un effet négatif sur la croissance en réduisant le montant des ressources publiques disponibles pour les infrastructures et la formation du capital humain. Cette idée rejoint celle soutenue par Oxfam International, pour qui la charge élevée du service de la dette est l’un des principaux obstacles à la satisfaction des besoins
humains de base dans les pays en développement. S`il est admis que
chaque pays bénéficiant de l’initiative PPTE doit déterminer l’utilisation de ces ressources dans le contexte de sa stratégie pour la réduction de la pauvreté, certaines études suggèrent toutefois qu’un moyen pour les autorités nationales d’accélérer la croissance et de combattre la pauvreté, consisterait à affecter une part substantielle de ces ressources à l’investissement public.
D`ailleurs, le plan national de développement(PND) élaboré par le gouvernement ivoirien, indique assez clairement l`usage qui
sera fait dans le secteur social, des économies réalisées. Deuxième piège à éviter, la tentation de détournement de fonds. Il s`agit ici de faire en sorte que les ressources provenant de la réduction du service de la dette soient effectivement utilisées pour accroître le budget de la santé et de l`éducation.
Mais le tout n`est pas d`accroître les dépenses consacrées au secteur social. La nécessité de la mise en place de mécanismes de suivi-évaluation s`impose pour un contrôle régulier des projets sociaux. Un troisième piège à surmonter concerne les déficits budgétaires. En effet, le la Côte d`Ivoire qui tire l`essentiel de ses ressources des recettes d`exportation du café et du cacao, est exposé aux chocs exogènes liés à la détérioration des termes de l`échange ainsi qu`aux crises financières, qui pourraient aménuiser les ressources propres de l`Etat. Dans ces conditions, le risque de réendettement et de surendettement est réel, qui peut amener la Côte d`Ivoire à se maintenir dans le cercle vicieux de la dette.
B. GUEU