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Editorial Publié le vendredi 29 juin 2012 | L’Elephant Déchaîné

L’Editorial d’Assalé TIEMOKO : « Ma dette, si je mens »

L’immense nouvelle, l’information majeure de cette semaine est en aucun doute, l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative Ppte. Depuis le mardi 26 juin 2012, la Côte d’Ivoire est devenue officiellement un pays pauvre très endetté, comme trente-deux autres pays dont le Burkina Faso, le Niger, le Rwanda, le Togo, le Sénégal, la Mauritanie, la RD Congo, le Benin, l’Afghanistan, etc. Comme on pouvait l’imaginer, les autorités ont salué cette nouvelle avec des mots prudemment sélectionnés. Et pour cause... Après avoir, pendant près de 12 ans, de Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, expliqué aux Ivoiriens (travailleurs, chômeurs et autres) que la résolution de tous les problèmes sera possible avec l’obtention du Ppte, les autorités sont terrorisées à l’idée de devoir expliquer le contraire de leurs affirmations aux Ivoiriens. Comment expliquer aux fonctionnaires qu’en leur demandant d’attendre le point d’achèvement de l’Initiative Ppte pour obtenir une réponse favorable à leurs nombreuses revendications sociales, c’était juste pour gagner du temps ? Le ministre Diby Koffi qui a déjà raconté sans convaincre que «le Ppte n’est pas une valise d’argent», a essayé encore mardi de passer un autre message subliminal: «Le point d’achèvement n’est pas l’achèvement de nos difficultés. C’est une plateforme que nous devons saisir et transformer en un éléphant» («L’Expression», 27/06). Ce n’est donc plus un « éléphant » à partager. Le représentant résident du Fmi, Wayne Camard a été plus clair : « Il n’y aura pas de ressources nouvelles découlant du Ppte. Il n’y aura donc pas d’argent à distribuer, encore moins à partager». Quel assassin de joie ce Wayne Camard ! Ce n’est pas ce que les autorités ont dit aux Ivoiriens. Elles n’ont jamais parlé de réduction de la dette, elles ont toujours parlé de son annulation. D’ailleurs la Rti, dans son journal télévisé du mardi 26 juin, a parlé à plusieurs reprises d’ «annulation de la dette de la Côte d’Ivoire». Les autorités n’ont jamais expliqué aux Ivoiriens que l’atteinte du point d’achèvement correspond juste en la réduction de juste 24% de la dette qui s’élève à un peu plus de 6500 milliards FCFA (lire le communiqué à la page 8) Elles ont simplement dit que la dette sera annulée et que tous les problèmes seront résolus avec l’argent ainsi gagné. 2000 milliards FCFA. Déjà, les syndicats des travailleurs sont en train de dépoussiérer les documents contenant leurs revendications sociales depuis plus de 20 ans. «On a demandé aux travailleurs de bien vouloir accepter d’attendre le point d’achèvement de cette Initiative, pour justement permettre au pays de pouvoir obtenir ce point. Les travailleurs ont fait ce sacrifice et effectivement ce point est acquis. Que l’Etat fasse sa part à l’endroit des travailleurs», rappelle Soro Mamadou, secrétaire général de la Centrale Humanisme dans les colonnes de (Nord Sud Quotidien », 27/06). « La manne du Ppte, c’est le carburant que tout le monde attendait pour démarrer l’économie. En ce qui concerne les travailleurs, nous avons déposé sur le bureau de l’ancien gouvernement une série de revendications. Et nous avons eu des promesses liées au point d’achèvement (…) il faut que les travailleurs soient mieux payés », rappelle aussi Adé Mensah, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire, Ugtci. « Le gouvernement a toujours subordonné la résolution de nos revendications et préoccupations à l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative Ppte. Comme c’est le cas pour le paiement de la deuxième tranche du profil de carrière (…) c’est le gouvernement lui-même qui a pris la décision. Et à ce sujet, nous ne ferons pas de concessions. Il ne faudrait pas qu’il nous dise une autre chose. Ils ne nous dirons pas de patienter encore malgré le Ppte. Le temps de la patience est passé», menace de son côté, Mesmin Comoé, secrétaire général du Mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (Midd). Voici qui annonce déjà de joyeux échanges entre le gouvernement et les travailleurs. Qu’est-ce qu’il disait déjà Diby Koffi Charles ? Ah voilà : «Le Ppte n’est pas une valise d’argent». La fête du travail du 1er mai 2013 aura un goût particulier pour tout le monde, travailleurs et membres du gouvernement. On espère que Diby Koffi assistera au défilé s’il y en a. Il aura beaucoup de choses à expliquer. On espère aussi que cette fois-ci, le chef de l’Etat sera là…

A.T.
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