Il pose des conditions de son retour au pays : Pour qui se prend Blé Goudé ?

Il enchaîne les déclarations dans la presse internationale. Depuis sa cachette, Blé Goudé donne de la voix. Convaincu que le processus de paix et de réconciliation nationale avance bien et même très bien sans lui, le fugitif a décidé de donner de la voix. Après son interview à l’AFP avant hier, il a encore parlé hier sur les ondes de la radio BBC. Pour continuer de narguer les victimes avec ses propos du genre: «Je ne fuis pas la justice... des gens me recherchent pour me tuer. Je ne suis pas un chef de milice; je n’ai jamais acheté d’armes; nous sommes descendu dans la rue à mains nues contre ceux qui portaient des armes.(…) Je ne crois pas que ma place est à la CPI, mais si ma présence là bas peut éclaircir mon rôle dans ce qui s’est passé... je suis prêt à y aller. (…) Je veux que tous les prisonniers soient libérés; je veux que les gens en exil puisse renter à la maison avec leur dignité.» On aurait pu rire des propos de Blé Goudé s’il ne s’agissait pas de déclaration insultante à l’endroit des milliers de victimes de la crise-postélectorale et même de tous ceux qui ont subi le courroux de ce dernier durant toute la période de crise qu’a traversée le pays depuis l’éclatement de l’ex-rébellion en 2002. Blé Goudé se présente blanc comme neige soutenant qu’il n’y est pour rien dans les nombreux assassinats qui ont endeuillé des familles à l’issue du refus de son mentor de reconnaitre sa défaite après la présidentielle de 2010. Comme s’il voulait réécrire l’histoire pourtant encore très récente du pays, il va jusqu’à soutenir que ses amis jeunes patriotes et lui ont marché les mains nues. Mais la cerise sur le gâteau de ses propos qui frisent la provocation, reste et demeure son appel lancé au président de la CDVR, Charles Konan Banny: «Nous devons nous rassembler comme l`a fait l’Afrique du Sud - je pense que nous pouvons le faire,» avant de donner rendez-vous au premier responsable de la CDVR: «Je propose qu`on se rencontre, Banny et moi, en Afrique du Sud pour parler de la Côte d`Ivoire,» lance-t-il pince-sans-rire. On est tenté de se poser la question de savoir pour qui se prend Blé Goudé pour poser des conditions de son retour au pays. Il feint d’ignorer que certaines personnalités et non des moindres qui avaient quitté le pays, sont rentrés sans faire grand bruit. En effet, les Gbamlan Guidan Jean Félicien (ancien maire de Yopougon), Evariste Yaké (ancien membre de la galaxie patriote), Gervais Coulibaly (ancien porte-parole de Gbagbo), Danielle Boni Claverie, Mel Eg Théodore, Henriette Lagou Adjoua, et tous les anonymes partisans de l’ancien chef de l’Etat sont rentrés au pays. Et rien ne leur est arrivé. Mieux, Konan Boniface, un des soldats qui était proche de l’ancien régime et qui avait lui aussi quitté la Côte d’Ivoire est à Abidjan. Non seulement il n’a pas été mis aux arrêts, mais mieux, il a même été promu lors du dernier conseil des ministres de Yamoussoukro. En réalité, ils sont rentrés parce qu’ils n’ont rien à se reprocher. Et si d’aventure, Blé Goudé a effectivement fait des marches les mains nues et qu’il n’a rien à se reprocher, il devrait suivre l’exemple de toutes ces personnes. Tout simplement.

Yves-M. Abiet