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Politique Publié le vendredi 13 juillet 2012 | Le Mandat

De la primature au palais présidentiel : Ouattara sur les traces d’Houphouët-Boigny

© Le Mandat Par DR
Mini-Sommet de la Cedeao à Ouagadougou (Burkina Faso): le Président Alassane Ouattara et ses pairs prennent de grandes décisions pour le Mali
Le Président de la République, S.E.M Alassane Ouattara est arrivé vendredi 6 juillet 2012, à Ouagadougou, où il a pris part à la réunion du groupe de contact sur le Mali. Il a regagné Abidjan samedi 7 Juillet 2012
De la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, (BCEAO) où il officiait en tant que gouverneur au titre de la Côte d’Ivoire, depuis octobre 1988, Dr. Alassane Ouattara a été appelé à partir de 1990 , au chevet de son pays, menacé de déstabilisation par une grave crise alimentée par de vives tensions sociales et politiques. Depuis lors, son destin l’entraine irrésistiblement dans les sillons de l’histoire, tracés par Félix Houphouët Boigny, avec à sa remorque, la Côte d’Ivoire toute entière. Arrêt et lumière sur un parcours séquencé par de riches enseignements.

En quittant la BECEAO au printemps de 1990, pour répondre à l’appel de son ‘’père’’, feu le Président Félix Houphouët-Boigny (il l’a toujours considéré et appelé ainsi), Alassane Ouattara, ignorait sans aucun doute qu’à partir de cet instant il devenait l’acteur principal qui prenait le relais du père fondateur dans la rédaction de l’histoire de son pays. Une histoire dont des épisodes vont être rédigés avec sa sueur et ses larmes. Et pourtant tout avait si bien commencé ! En effet, passées les moments d’hésitations dus à sa crainte de s’immiscer dans un monde (celui de la politique) qu’il a toujours évité par son incompatibilité avec les différentes fonctions qu’il a occupées jusque là, Dr. Alassane Ouattara accepte de rentrer au pays pour se mettre à la tâche. Ce ne fut pas un travail aisé. Mais l’homme a de la volonté et un atout indéniable. L'expérience de la gestion de haut niveau. Il est aussi et surtout adossé au président de la république dont il a le soutien tout entier. Houphouët, érudit de la politique, évite de parachuter son poulain au devant de la scène sans l’y avoir préparé. Il lui crée alors pour le préparer à sa mission, un poste de transition. Le comité inter ministériel, coordination du gouvernement.

La porte d’entrée à la primature

Le 18 Avril 1990, le désormais ex – gouverneur de la BECEAO est nommé Président d'un Comité interministériel, par le Président de la république. C’est le test, la passerelle qui conduit à la primature. Très rapidement, Ouattara prend une mesure qui facilite son adoption par le peuple. La décision de ne pas appliquer la mesure de réduction des salaires des fonctionnaires de 10 %, déjà prise par le gouvernement. C’est une décision qui fait baisser la tension sociale. Un succès en appelant un autre, il propose et obtient d’ Houphouët Boigny l’application de l'article 7 de la Constitution, plusieurs leaders d’opinion s’étant soustraits du consensus national qui favorisait le régime du Parti unique. C'est le retour au multipartisme proclamé officiellement le 30 Avril 1990. L’opposition clandestine se dévoile et prend part librement à la vie politique…dans le désordre et la violence mais l’autorité de Ouattara et sa compétence sont incontestables. Fort de ce succès, il gagne définitivement la confiance du président Houphouët qui le nomme, le 7 Novembre 1990, Premier Ministre, Chef du gouvernement et Ministre de l'Economie et des Finances. Le premier depuis l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Le gouvernement qu’il forme tranche avec les vielles habitudes. Il est composé de ‘’technocrates ‘’, tous experts dans leur département. C’est la rupture avec l’ordre ancien. La lutte contre l'abus des biens publics qu’il engage est très bien appréciée par la population et la presse qui le prennent en affection. Désormais, Alassane Dramane Ouattara devient trop long à prononcer. Il devient affectueusement et tout simplement, Ado.


Un bilan qui séduit et…divise

Dans sa mission de redressement de la situation socio politique et économique délicate que traversait le pays, Alassane D. Ouattara s'est employé durant 3 ans, ( 1990-1993 ) ,à calmer les tensions sociales par la réduction de la dette intérieure, la restructuration et la relance de l'économie. Son passage à la tête du gouvernement ivoirien a certainement sauvé la Côte d'Ivoire d'une catastrophe annoncée et évité une humiliation certaine au président Félix Houphouët Boigny.

L’économie et l’emploi comme piliers de sa politique

Dans le cadre du programme de stabilisation et de relance économique, élaboré en 1990, Ouattara met en œuvre des mesures au cours de la période 1990-1992. Ce sont entre autres, l’assainissement des finances publiques, l’assainissement de différents secteurs de l’économie par une réduction des déficits et une amélioration de l’efficacité desdits secteurs, l’ accroissement du rôle du secteur privé, par la mise en œuvre d’un programme de privatisation et de restructuration du secteur parapublic, l’amélioration du cadre réglementaire et législatif des affaires. Toutes ces mesures ont permis de rétablir fin 1992, un équilibre du solde primaire contre un déficit de 225 milliards de F CFA fin 1989. Ces progrès ont aidé à rétablir la confiance de la communauté financière dans la gestion du pays.

D’importantes opérations ont été aussi lancées dans le cadre des programmes d’investissement. Notamment, le programme routier n°3 sur financement de la Banque africaine de développement, acquis en 1993 qui prennent en compte les axes Korhogo-Boundiali, Agboville-N’douci, N’douci-Heremankono, Kanawolo-Korhogo. L’opération Bondoukou-Bouna qui fait partie de ce vaste programme a bénéficié du financement de la coopération japonaise grâce à la confiance que les autorités de ce pays plaçaient au Premier ministre ivoirien d’alors. La couverture télévisuelle du territoire national par satellite ; appelé “projet Comsat” est encore une œuvre de celui qui est aujourd’hui Président de la république.

Grâce à ce projet, dont les travaux ont démarré en 1993, des localités jusqu’alors coupées du reste du pays reçoivent aujourd’hui les programmes de la RTI (Bouna, Téhini, Taï...). La reprise des investissements dans le secteur pétrolier et gazier, les indices de découvertes de gaz naturel et de pétrole par le consortium Umic, avec lequel la Côte d’Ivoire avait signé un contrat d’exploration en 1992, ont été annoncés en novembre 1993 et en février 1994. la production d’électricité à partir de gisements existants et à venir, de gaz naturel est une idée suscitée par les découvertes de gaz et de pétrole. Celle-ci a permis la réalisation d’une centrale thermique fonctionnant au gaz naturel à Vridi et inaugurée en 1994 par le Président Bédié. La construction et la réhabilitation d'écoles primaires et secondaires sur financement de la BAD, acquis en 1992, appelée projet Bad-Éducation, la décentralisation de l’université nationale de Côte d’Ivoire, financée sur les ressources tirées de la privatisation, avec l’ouverture en 1992 des campus de Bouaké et d’Abobo-Adjamé et la reprise, en 1993, des travaux d’électrification rurale, suite à la restructuration opérée dans le secteur de l’électricité sont des réalisations du gouvernement Ouattara. Celles-ci se poursuivent dans le domaine de l’emploi et de la lutte contre le chômage avec la création d’une Agence d’Études et de Promotion de l’Emploi (AGEPE) assurant les missions d’observatoire de l’emploi, des métiers, de la formation et de promotion de l’emploi, chargée de réaliser et diffuser toute la documentation sur l’emploi et la formation? et les résultats des études et enquêtes, d’enregistrer et recenser les demandeurs d’emplois, de prospecter le marché de l’emploi auprès des entreprises, en vue du placement des demandeurs d’emplois. Il y a aussi, dans le cadre de la libéralisation du marché du placement des travailleurs, la mise en place d’un programme d’aide à l’embauche (PAE) visant trois objectifs essentiels . D’abord, adapter les demandes d’emplois aux offres non satisfaites par des stages alternés emploi-formation, familiariser les demandeurs de premier emploi avec l’environnement de l’entreprise, donner une expérience d’entreprise ultérieurement négociable à des demandeurs de premier emploi. Cette politique est accompagnée par un programme de création de micro entreprises reposant sur des cabinets retenus après un appel d’offres et ayant pour mission d'assister les promoteurs dans la création de leur entreprise, d'assister les promoteurs dans la mise en place de leur système de gestion, de suivre, conseiller, contrôler les états financiers et la gestion du personnel de l’entreprise. Toujours dans la politique de l’emploi, un Fonds de Développement de la Formation Professionnelle (FDFP) est mis en place en vue d’assurer la formation professionnelle continue destinée à adapter la formation aux emplois disponibles. Pour faciliter la création d’entreprises et par ricochet, la création d’emplois un “guichet unique”, le CEPICI est mis en place. Ce vaste programme d’insertion sociale est canalisé par l’élaboration d’un projet de code du travail visant à rendre flexible le marché de l’emploi et donc à favoriser l’embauche. Ce bilan éloquent capable de séduire n’importe quel bailleur est apprécié diversement dans le milieu politique. Des concitoyens s’en réjouissent et voient en Alassane Ouattara l’inspirateur, un nouveau guide pour le développement de la Côte d’Ivoire. D’autres par contre en sont inquiets, car craignant pour leur avenir politique.

Cette divergence de vue va susciter des crises successives au sein des enfants d’Houphouët-Boigny et projette malgré lui Ado dans une rude bataille politique dans laquelle les acteurs deviennent adversaires ou alliés, selon les circonstances.

La transition qui provoque l’implosion

Dans la famille des Houphouëtistes, cohabitent deux esprits divergents. Celui qui fait prospérer la division à travers la promotion du clanisme et celui qui œuvre pour la continuité de la politique du président fondateur du PDCI-RDA dans l’union fraternelle. Deux visions diamétralement opposées, qui réussissent à dresser Henri Konan Bédié, alors président de l’Assemblée nationale et Alassane Ouattara, premier ministre, l’un contre l’autre. Un bicéphalisme se dessine et fini tpar prendre forme dans la gestion de la succession du président Houphouët, le 07 décembre 1993. Henri Konan Bédié prend le pouvoir par la voie constitutionnelle. Ouattara retourne au Fonds monétaire international (FMI) pour y occuper le poste de directeur général adjoint, le 1er juillet 1994. Mais, le PDCI ne résiste pas au conflit entretenu par les deux blocs constitués par les partisans des deux personnalités. Le PDCI-RDA implose. Une succession de crises ne tarde pas à suivre.

Le RDR pour apporter la réplique

L’implosion du PDCI-RDA engendre le Rassemblement des républicains (RDR). Georges Djéni Kobina Kouamé, ex- membre du bureau politique du PDCI, ex- Directeur de Cabinet du Ministre des Affaires sociales 1976, ex-Directeur de Cabinet du Ministre de la Sécurité (1983), ex- Directeur de Cabinet du Ministre Auguste Séverin Miremont (1989), qui en est l’inspirateur, est accusé de fraude sur la nationalité. Ce dont était également accusé Ouattara. Le sujet domine le débat politique en Côte d’Ivoire. Aux attaques du PDCI contre Ouattara, la réplique est apportée par le RDR. Cela motive le directeur général adjoint du FMI, qui démissionne et vient prendre les rênes de ce parti le 1er août 1999, après le décès de son fondateur. En prenant cette responsabilité, Ouattara rendait hommage à Djéni et redonnait confiance aux cadres qui ont pris l’engagement de se battre pour sa cause. Ainsi, débute avec lui, l’épopée de la marche du RDR pour la conquête du pouvoir d’Etat. Une marche à travers un ‘’désert de feu’’ pour paraphraser, l’aîné Bamba Alex, témoins acteur de cette traversée périlleuse. Que de chemin parcouru!

La conquête du pouvoir avec le RHDP

Les palabres entre les frères ennemis, le PDCI-RDA et le RDR, finissent par subir l’usure du temps. Les ardeurs se calment. Juste à temps. Mais déjà, les préjudices subis par les deux parties sont incalculables. .Alassane Ouattara et ses partisans trainent un lot de frustrations et d’injustices. Et subtilement, Laurent Gbagbo, le fondateur du Front populaire ivoirien (FPI), se glisse dans la brèche pour s’emparer du pouvoir. La gestion qu’il en fait réveille la conscience des leaders du PDCI et du RDR, qui se rendent compte du pillage de l’héritage.

Ils décident systématiquement de mettre fin à la saignée. Très vite, ils réunissent les membres dispersés pour reconstituer la famille. Ainsi, nait le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dans la capitale française, le 18 mai 2005. Cinq ans plus tard, il terrasse Laurent Gbagbo dans les urnes. Et le destin s’accomplit. Alassane Ouattara est président de la république de Côte d’Ivoire. Comme Houphouët-Boigny dans son combat pour l’indépendance du pays, il se retrouve au centre d’une lutte pour l’introduire dans le cercle des pays émergents.

Ulrich Mouahet
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